La haine, ce sentiment parmi les plus redoutables de l'humanité, a le pouvoir de plonger le cœur dans une obscurité profonde, altérant sa pureté et l'éloignant du pardon et de la paix, piliers fondamentaux de la foi musulmane. Elle constitue un fardeau qui alourdit l'âme, semant la discorde au sein de la société et entravant l'individu dans sa quête de perfection morale. Depuis ses débuts, l'Islam a combattu la haine, considérant son abandon comme une condition essentielle à l'élévation spirituelle. Ainsi, le cœur du croyant, purifié et empli d'amour pour autrui, reflète les enseignements célestes et leur clémence.
L'appel du Saint Coran à renoncer à la haine : fondements de la coexistence et de l'amour
Les versets coraniques exhortent explicitement à se libérer de la haine, car elle mène à la division et affaiblit les valeurs d'amour et de fraternité que l'Islam aspire à instaurer. Allah dit : « Repousse le mal par ce qui est meilleur, et voilà que celui avec qui tu avais une inimitié devient tel un ami chaleureux » (Sourate Fusillât, verset 34). Ce verset énonce un principe fondamental pour bâtir des relations humaines positives, fondées sur le rejet de la méchanceté par la bienveillance. L'Islam ne considère pas la haine comme une réaction légitime à une offense, mais invite plutôt le croyant à emprunter le chemin de la clémence et de la patience. Il enseigne que la tolérance et l'ouverture à l'autre peuvent transformer l'hostilité en amitié et la division en unité.
Ainsi, l'Islam place le croyant face à un défi moral majeur : surmonter l'instinct de vengeance ou de haine, et traiter les autres avec bienveillance, même ceux qui lui causent du tort. Le Coran enseigne que l'amour et la bonté sont les réponses les plus appropriées à la haine, car ils permettent une véritable victoire sur les sentiments négatifs et conduisent la société vers la cohésion et l'unité.
La Sunna et le rejet de la haine : pureté du cœur et élévation de la foi
La Sunna insiste sur la nécessité de vivre dans un climat d'amour et de fraternité, en rejetant la haine et l'inimitié qui peuvent parfois naître même entre musulmans. Le Prophète Mohamed (paix et salut sur lui) a dit : « Ne vous détestez pas, ne soyez pas jaloux les uns des autres, ne vous tournez pas le dos, et soyez des serviteurs d'Allah, frères les uns envers les autres » (rapporté par Al-Boukhari et Mouslim). Ce hadith du Prophète (paix et salut sur lui) est clair : les croyants doivent fonder leurs relations sur l'amour émanant de la sincérité et de la pureté du cœur, en s'abstenant de toute forme d'hostilité ou de jalousie. Ce hadith est une invitation explicite à la purification de l'âme et au dépassement de la haine, qui constitue un obstacle à l'établissement d'une communauté musulmane unie et solide.
De plus, s'abstenir de la haine est un critère de la foi véritable. Le véritable croyant est celui dont le cœur est empli de miséricorde pour les autres, qui pardonne leurs fautes et s'éloigne de tout sentiment susceptible de semer la discorde. Le Prophète (paix et salut sur lui), par ses enseignements et sa sagesse, a tracé un modèle de vie en Islam, basé sur la tolérance, capable de transformer la société en un havre d'entente et de solidarité.
La haine et son impact sur la paix intérieure : atteindre la quiétude par la pureté de l'âme
L'Islam envisage l'être humain dans sa globalité, ne se limitant pas à sa relation avec autrui, mais incluant également sa relation avec lui-même. En effet, la rancune engendre une existence tourmentée, éloignant la sérénité et plongeant l'individu dans un tourbillon de sentiments négatifs qui mènent à des troubles intérieurs. L'imam Ali ibn Abi Talib (qu'Allah soit satisfait de lui) disait : « Celui qui nourrit de la rancœur est tourmenté, son esprit est troublé ». La haine prive l'homme de sa tranquillité et le condamne à une souffrance permanente.
Le salut du cœur réside dans sa pureté, dans l'éloignement des ressentiments et de la rancune, par la purification de l'âme. C'est pourquoi l'Islam encourage à prier pour le bien des autres, même pour ses ennemis, comme le faisait le Prophète (paix et salut sur lui) lorsqu'il priait pour son peuple malgré les souffrances qu'ils lui infligeaient, disant : « Ô Allah, pardonne à mon peuple, car ils ne savent pas ».
Haine et hostilité : un appel à la miséricorde entre les hommes
L'Islam ne se contente pas de mettre en garde le croyant contre la haine, il l'encourage à adopter la miséricorde comme principe fondamental. Dans un hadith, Abdullah ibn Amr (qu'Allah soit satisfait de lui) rapporte qu'on demanda au Messager d'Allah (paix et salut sur lui) : « Qui est la meilleure des personnes ? ». Le Prophète répondit : « Celui dont le cœur est pur et sincère ». Un cœur pur, sans mauvaises intentions, sans haine ni jalousie, rapproche son possesseur d'Allah, mais aussi des autres êtres humains. Un cœur dépourvu de haine est un cœur pieux, capable d'accepter tout le monde et de pardonner leurs erreurs, ce qui renforce les liens sociaux et écarte la discorde. Les compagnons, qu'Allah les agrée, demandèrent au Prophète (paix et salut sur lui) : « Nous savons ce qu'est un cœur pur, mais qu'est-ce qu'un cœur purifié ? » Il répondit : « C'est celui qui craint Allah en secret comme en public, et qui veille sur chacune de ses actions. » Ainsi, un tel cœur est pur et sain, exempt de tout péché. Dans une autre narration, il est dit : « Il n'y a pas de péché en lui », ce qui signifie qu'aucune malice, haine ou jalousie ne réside dans son cœur. Il est protégé par la sauvegarde d'Allah et sous Sa bienveillance.
En somme, le croyant au cœur purifié est celui qui se rapproche le plus d'Allah, car la miséricorde et la sincérité le lient à son Créateur, ainsi qu'à ses frères parmi les êtres humains. Un cœur dépourvu de haine est un cœur pieux, capable d'accueillir chacun et de pardonner leurs erreurs, renforçant ainsi les liens sociaux et écartant la discorde et l'hostilité.
Quelques moyens pratiques pour se débarrasser de la haine selon les enseignements de l'Islam
Les enseignements de l'Islam visent à construire une société cohérente, fondée sur le respect mutuel. La haine n'est pas simplement un sentiment négatif passager, c'est une déviation dangereuse qui corrompt le cœur du musulman et entrave son rôle positif au sein de la société. Parmi les moyens enseignés par l'Islam pour aider le croyant à préserver la pureté de son cœur de la haine, on trouve :
Prier pour le bien des autres
Prier pour le bien des autres est une arme puissante qui aide le musulman à se libérer du ressentiment et de la haine. En priant pour autrui, le croyant évite de se concentrer sur leurs fautes, éloignant ainsi de lui les émotions négatives, même en cas de conflits. Cette pratique renforce le lien avec Allah et procure un sentiment de paix intérieure.
Sur le plan psychologique, la prière procure au musulman un apaisement intérieur et reconditionne son cœur pour être plus accueillant envers autrui. En tant que pilier fondamental de l'adoration, la prière renforce le lien avec Allah, rappelant au croyant qu'Allah est le Gardien de toutes choses. Ainsi, en priant pour les autres, l'individu manifeste implicitement sa confiance en Allah, qui régit les affaires de Ses créatures. Cela lui permet de se libérer des sentiments de haine ou de vengeance, acquérant une sérénité qui emplit son cœur et dissipe les rancunes.
S'abstenir des soupçons négatifs
S'abstenir de penser du mal des autres est une base essentielle des relations humaines saines. Le Coran nous met en garde : « Ô vous qui avez cru ! Évitez de trop conjecturer [sur autrui], car une partie des conjectures est péché » (Sourate Al-Houjourat, verset 12). En effet, juger les autres sur la base de soupçons non fondés peut conduire à de fausses perceptions, alimentant ainsi la rancœur.
En effet, l'être humain a souvent tendance à interpréter les actions d'autrui à travers le prisme de sa propre perception, ce qui peut mener à des malentendus sur les intentions réelles des autres. Cela engendre de la rancœur et renforce les soupçons injustifiés. C'est ici que l'importance des enseignements de l'Islam se manifeste, car ils interdisent les mauvaises suppositions envers autrui. En suivant ces préceptes, le croyant peut vivre en harmonie avec son entourage, purifier son cœur et contribuer à la construction d'une société plus unie.
Fermer les yeux sur les erreurs
Ignorer les erreurs d'autrui est une vertu sage recommandée en Islam. Les sages d'hier et d'aujourd'hui s'accordent à dire que l'ignorance, dans ses diverses acceptions, est une qualité indispensable sans laquelle la vie devient difficile et se transforme en un fardeau insupportable. En effet, l'absence de cette aptitude pousse l'individu à traquer les moindres erreurs et à s'engager dans des querelles interminables, au point qu'il ne réalise pas qu'il pousse les choses à l'extrême. Cela rappelle l'adage populaire transmis par nos ancêtres : « N'atteins pas les choses jusqu'à leurs extrêmes ». Il est donc essentiel de maîtriser l'art de l'ignorance. Celui qui refuse de pratiquer l'ignorance se retrouve entraîné dans la chasse aux erreurs, s'enlise dans des détails insignifiants et se noie dans une mer de futilités. Il ne trouve ni repos ni tranquillité, ajoutant du sel à ses blessures, sans que sa minutie ne le sauve ni que son empressement ne lui soit d'aucune aide. Il est rapporté qu'Ahmad ibn Hanbal a entendu ‘Uthman ibn Zaydah dire : « La santé se compose de dix parts, dont neuf résident dans l'ignorance ». Ahmad acquiesça et ajouta : « La santé se compose de dix parts, toutes dans l'ignorance ». C'est pourquoi al-Hasan al-Basri a affirmé : « L'ignorance a toujours été une caractéristique des nobles ». Il a également déclaré : « Aucun noble n’a jamais recherché la minutie. Comme le dit Allah تعالى : Il en a reconnu certains et s’en est détourné de certains ». En effet, la minutie est l'opposé de l'ignorance ; il s'agit ici de faire abstraction de certains détails, comme le mentionne ce verset. Parmi les exemples remarquables de la noblesse de l'ignorance, on trouve le récit d'Abu Ali al-Daqqaq (mort en 406 H) : « Une femme vint poser une question à Hatem, et il advint qu'un bruit échappa de sa bouche à ce moment-là, ce qui la gêna. Il feignit d'être sourd, ce qui la rassura, et elle se dit : "Il n’a pas entendu le bruit". C'est ainsi qu'il fut surnommé Hatem le Sourd (mort en 237 H). Quant à Ja'far ibn Muhammad al-Sadiq, il considérait l'ignorance comme un signe de grandeur : « Élevez vos rangs par l'ignorance ». Il est crucial pour le lecteur de comprendre que le prétendu ignorant, tout comme l'ignorant véritable, est conscient des choses, mais donne l'impression aux autres qu'il ne sait pas. Ce dernier feint d’être simple d'esprit, alors qu'il est en réalité intelligent, conscient de ce qui se passe autour de lui, et s’en détourne avec noblesse, générosité et dignité. Cela signifie qu'il ne reste pas silencieux face à l'erreur, mais qu'il choisit ses batailles avec sagesse, permettant ainsi au musulman de passer outre les petites choses et de ne pas en faire des raisons de discorde. L'ignorance, qui conduit à une plus grande flexibilité dans les interactions et à l'acceptation des erreurs d'autrui, rend celui qui le pratique plus enclin à entretenir des relations sociales harmonieuses et augmente les opportunités de coexistence pacifique.
Faire preuve de patience et pardonner
La patience et le pardon sont des qualités qui rapprochent le croyant de l'amour et de la satisfaction d'Allah. Comme mentionné dans le Coran : « Pardonnez et laissez passer. N'aimez-vous pas qu'Allah vous pardonne ? » (Sourate An-Nour, verset 22). Le pardon non seulement renforce la position de celui qui pardonne aux yeux des autres, mais lui procure également une tranquillité d'esprit. Celui qui pardonne manifeste sa force intérieure et sa grande dignité, devenant ainsi un modèle à suivre au sein de sa communauté.
En conclusion, l'Islam propose une voie complète pour former un être humain libéré de la haine, capable d'interagir positivement avec les autres et en communion spirituelle avec son Créateur. Le croyant sincère s'efforce de s'éloigner de la haine, car celle-ci l'éloigne d'Allah et des autres, tandis que la paix et l'amour, inspirés par les enseignements du Coran et la conduite du Prophète (paix et salut sur lui), conduisent la société vers un avenir plus serein et compatissant.
*Article paru dans le n°37 de notre magazine Iqra
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