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Sabil al-Iman, éclats spirituels de la semaine (n°36) - Souffles d’octobre, le vent du destin



Le 17 octobre 1961, la capitale française, habituellement synonyme de lumière et d’élégance, a été le théâtre d’une tragédie oubliée, un épisode sanglant de répression contre des manifestants pacifiques. Ce soir-là, dans une France encore ébranlée par la guerre d’Algérie, des milliers d’Algériens, hommes et femmes, se sont levés pour revendiquer leur dignité, leur droit à l’égalité, à la liberté. Armés uniquement de leur courage et de leur foi, ils ont marché sous les étoiles parisiennes, mais ont été accueillis par la brutalité aveugle des forces de l’ordre.


Un cri étouffé dans la nuit : l’écho de la justice


L’islam, au cœur des croyances de ces manifestants, est une religion qui fait de la justice un principe fondamental. Le Coran appelle les croyants à toujours défendre les opprimés et à ne jamais succomber à l’injustice, quel qu’en soit le prix.


“Ô vous qui croyez ! Soyez stricts dans vos devoirs envers Allah, et témoignez avec justice. Que la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injustes. Soyez justes, cela est plus proche de la piété.” 

Sourate Al-Ma’ida, 5 : 8


Le 17 octobre 1961, ces paroles sacrées prenaient une résonance particulière dans le cœur des Algériens qui, tout en réclamant pacifiquement leurs droits, subissaient une répression sans pitié. Ce jour-là, des manifestants, portés par leur foi, luttant pour leur dignité, ont vu leur appel pour la justice étouffé dans un déchaînement de violence. Battus, jetés dans les eaux glacées de la Seine, ou torturés dans l’ombre, ils ont été victimes d’une brutalité qui, longtemps, est restée cachée aux yeux du monde.


La foi comme rempart face à l’adversité


L’histoire des immigrés algériens en France dans les années 60 est marquée par les difficultés économiques, la marginalisation et la violence. Mais au cœur de ces épreuves, leur foi musulmane était un refuge. Elle leur permettait de puiser la force nécessaire pour endurer les humiliations quotidiennes, les conditions de vie précaires et les injustices systémiques.


“Et cherchez secours dans l’endurance et la prière : certes, la prière est une lourde obligation, sauf pour les humbles.”

Sourate Al-Baqara, 2 : 45


Dans les foyers surpeuplés, les banlieues oubliées, les mosquées discrètes, l’islam unissait ces hommes et femmes dans une quête commune : celle d’un avenir plus juste, d’une reconnaissance de leur humanité. Leur lutte n’était pas seulement matérielle, elle était aussi spirituelle. Leur patience dans l’épreuve, leur endurance face à l’injustice étaient des vertus inspirées par les enseignements du Prophète Mohamed (paix et bénédictions sur lui), qui avait lui-même encouragé les croyants à rester fermes face aux difficultés de ce monde.


“Le croyant qui se mêle aux gens et endure patiemment leurs nuisances est meilleur que celui qui ne se mêle pas aux gens et n’endure pas patiemment leurs nuisances.”

Hadith rapporté par Ahmad


Une plaie cachée, un souvenir indélébile 


Cette nuit du 17 octobre reste une plaie profonde dans la mémoire collective des musulmans en France. L’histoire officielle a longtemps tenté de la faire disparaître, mais les souvenirs des martyrs sont vivants, gravés dans la conscience de ceux qui l’ont vécue, et plus encore, dans l’éternité divine.


“Ne dites pas de ceux qui sont tués dans le sentier d’Allah qu’ils sont morts. Au contraire, ils sont vivants, mais vous en êtes inconscients.”

Sourate Al-Baqara, 2 :154


Ces âmes qui ont péri ce soir-là, noyées dans la Seine ou étouffées sous les coups, ne sont pas oubliées. Leur sacrifice est le symbole d’une quête de justice qui dépasse les frontières de l’espace et du temps. Elles nous rappellent que la lutte pour la dignité et les droits fondamentaux est une bataille qui, malgré la répression, ne cesse jamais.

 

Une nuit noire, une lumière éternelle


Le massacre du 17 octobre 1961 n’est pas seulement un fait historique ; il est un témoignage. Un témoignage de la cruauté humaine, mais aussi de la persévérance et du courage de ceux qui, malgré tout, se sont dressés contre l’injustice. Dans l’obscurité de cette nuit sanglante, une lumière a brillé : celle de la foi et de la dignité.


Les musulmans algériens qui ont manifesté ce jour-là ne cherchaient qu’à marcher dans la voie de la justice, comme le leur dictaient leurs principes religieux et leur humanité. Leur mémoire est un rappel puissant : la justice triomphe toujours de la peur, et les voix des opprimés, même réduites au silence, résonnent à travers les générations.


De cette nuit noire, les âmes sont montées,

Martyrs d’une cause juste, leur foi illuminée.

Leur souvenir demeure, à jamais dans nos cœurs,

Un rappel que la justice survit à la peur.




*Article paru dans le n°36 de notre magazine Iqra



 

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