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Sabil al-Imam, éclats spirituels de la semaine (n°28) - Achoura

Dernière mise à jour : 29 juil.



Le terme Achoura tire son origine du mot arabe « عاشر » (Achir), qui signifie « dixième ». Ce mot est chargé de connotations de grandeur et d'exagération. Initialement, il servait d'adjectif pour qualifier la nuit du dixième jour, auquel on ajoutait ensuite la notion de jour pour parler du « jour de Achoura », autrement dit, le jour correspondant à la dixième nuit. Cependant, l'usage de l'adjectif s'est modifié pour que « Achoura » désigne spécifiquement le dixième jour, et non la nuit.


Les érudits de l'islam ont émis diverses hypothèses concernant l'origine de ce nom. Certains soutiennent qu'il fait référence au dixième jour du mois de Muharram. D'autres affirment qu'il s'agit du jour où Allah a gratifié dix prophètes de dix miracles exceptionnels. Une autre interprétation suggère qu'il représente la dixième bénédiction divine accordée à cette communauté. La version la plus largement acceptée, et appuyée par la majorité des érudits, repose sur la première interprétation, qui se fonde sur des hadiths explicites et sur la signification littérale du terme. Ce dernier est illustré par les paroles du Prophète - que la paix soit sur lui - « Si je reste en vie jusqu'à l'année prochaine, je jeûnerai assurément le neuvième jour. », mettant ainsi en lumière sa pratique de jeûner le dixième jour de Muharram et son désir d'ajouter le jeûne du neuvième jour, l'année suivante.


Le jour de Achoura est profondément ancré dans le cœur des croyants. Comme l'un des jours sacrés d'Allah, Ils y célèbrent l'assistance divine accordée par Allah le Très-Haut à Ses prophètes. Considérant ce jour comme un jour béni. Ils se rappellent spécifiquement de ce jour, où Allah - gloire à Lui - a sauvé Moïse - paix sur lui - et ses fidèles de Pharaon et de ses armées en les engloutissant, mettant fin à leur persécution. Cette scène est un rappel poignant du triomphe de la foi sur l'adversité. Des récits, bien que considérés comme faibles, racontent que l'arche de Noé s'est posée sur le mont Judi au bout d'un mois. Ils sont sortis de l'arche le jour de Achoura du mois de Muharram, et Noé et ses compagnons ont jeûné en signe de gratitude envers Allah. De là vient la tradition de jeûner le jour d'Achoura.


Moïse, que la paix soit sur lui, observait le jeûne de ce jour en guise de gratitude pour les Grâces et les Bénédictions d'Allah. Les Gens du Livre valorisaient également ce jour en jeûnant. Avant l'avènement de l'Islam, la tribu de Quraysh pratiquait le jeûne de ce jour et profitait de l'occasion pour renouveler les draperies de la Kaaba, montrant ainsi comment les diverses lois religieuses ont adopté le jeûne de ce jour au fil du temps.


Le Prophète, que la paix et les bénédictions soient sur lui, jeûnait également le jour de Achoura et encourageait ses compagnons à faire de même, avant que le jeûne de Ramadhan ne devienne une obligation. Selon un récit rapporté par Aïcha, qu’Allah soit satisfait d'elle : « Le jour de Achoura était jeûné par Quraysh avant l’Islam, et le Messager d'Allah, SAWS, le jeûnait également. Lorsqu'il s'établit à Médine, il continua de le jeûner et ordonna à ses compagnons d’en faire autant. Après l'institution du jeûne de Ramadhan, il laissa à chacun le choix de jeûner le jour de Achoura, ou non. »


Le Prophète, que la paix et les bénédictions soient sur lui, pratiquait donc ce jeûne avant sa migration avec sa communauté, et après son installation à Médine, il continua de jeûner et imposa ce jeûne à ses compagnons, après avoir découvert que les Juifs le pratiquaient en célébration de la libération de Moïse des mains de Pharaon. Cependant, après la prescription du jeûne du mois de Ramadhan, le jeûne de Achoura est devenu recommandé plutôt qu'obligatoire.


Le jeûne du jour de Achoura est hautement estimé pour sa capacité à expier les péchés de l'année précédente, tel que souligné par le Prophète (paix et bénédictions d'Allah sur lui) : « Je nourris l'espoir qu'Allah accepte le jeûne du jour de Achoura comme expiation pour les péchés de l'année précédente. »


Pour renforcer cette pratique, il est vivement recommandé de jeûner un jour supplémentaire, soit avant, soit après Achoura. Le Prophète (SAWS) a manifesté son désir en déclarant : « Si je vis jusqu'à l'année prochaine, je jeûnerai aussi le neuvième jour », et il a également conseillé : « ...et jeûnez un jour avant ou un jour après. »


En compilant ces narrations, les savants ont établi que le jeûne du jour de Achoura peut se décliner en quatre niveaux différents :


1.    Premier niveau : Jeûner les neuvième, dixième et onzième jour de Muharram.

2.    Deuxième niveau : Jeûner les neuvième et dixième jour.

3.    Troisième niveau : Jeûner les dixième et onzième jour.

4.    Quatrième niveau : Jeûner uniquement le dixième jour, sans que cela ne soit sujet à critique.


Chaque individu devrait jeûner selon ses possibilités, en tenant compte de sa situation personnelle, de ses engagements et de sa résistance physique, car la religion prône la facilité ; Allah n'impose à ses fidèles que ce qu'ils peuvent endurer. Toutefois, il est important de préciser qu'imaginer que jeûner uniquement le neuvième jour de Muharram procure les mêmes bénéfices que le jeûne de Achoura est une erreur d'interprétation juridique. En effet, jeûner ce jour spécifique est plutôt vu comme le jeûne d'un des jours recommandés du mois sacré de Muharram.

 

Nous devrions toujours garder à l'esprit que notre jeûne lors de Achoura ne vise pas uniquement à obtenir des récompenses, mais il représente également une expression de joie, de contentement et de gratitude envers Allah le Très-Haut, pour avoir sauvé nos prédécesseurs dans la foi, de la cruauté des oppresseurs.


Imaginez comment Allah le Très-Haut a ordonné au ciel de cesser de pleuvoir et à la terre d'absorber l'eau, permettant ainsi à l'arche de Noé de se stabiliser sur le mont Judi, et offrant à Noé et à ceux qui partageaient sa foi, une véritable échappatoire.


Imaginez également comment Allah a commandé à la mer de se fendre en vagues hautes comme des montagnes pour créer un chemin sec, permettant ainsi à Moïse et aux croyants qui le suivaient, de trouver la délivrance.


Imaginez un ciel déversant des pluies ininterrompues, une terre refusant d’absorber ces eaux, puis une arche qui trouve son équilibre sur un sommet, et des vagues hautes se dressant comme des montagnes... Ces phénomènes, sortant de l'ordinaire, sont des miracles qui témoignent du soutien divin accordé aux messagers d'Allah. Ces interventions miraculeuses de la puissance divine visent à protéger et délivrer ceux qui croient, qui œuvrent pour le bien, qui restent fidèles et patientent avec sincérité. De même, des miracles similaires ont été accordés au dernier de ces prophètes, qui fut préservé par la grâce suprême d'Allah des persécutions de son peuple, alors qu'il s'enfuyait avec son fidèle compagnon, Abou Bakr al-Siddiq.


En ce jour d'Achoura, il est crucial de se souvenir des sacrifices des prophètes, des messagers et de leurs fidèles, pour renforcer notre résolution et consolider notre attachement à la foi et à nos convictions profondes. Cette commémoration revêt une importance particulière dans le contexte actuel de la crise à Ghaza/Palestine, où la population manifeste une foi, une patience et un courage exemplaires, en espérant qu'Allah le Très-Haut leur accorde soulagement et victoire, et soutienne tous ceux qui œuvrent à mettre fin à l'agression et aux hostilités.


Achoura est une journée de réflexion profonde, un moment pour puiser des leçons et des enseignements, nous encourageant à contempler ses implications spirituelles et à réfléchir à ses apports historiques. En jeûnant ce jour, comme nous l'avons mentionné, nous exprimons notre foi que la piété et l'obéissance sont les clés du salut et de la réussite, tant dans cette vie que celle dans l'au-delà.


Ainsi, il est impératif de préserver cette grande tradition religieuse et de travailler à la renforcer en nous-mêmes et dans nos générations futures, en soulignant que célébrer Achoura par le jeûne n'est pas simplement une coutume, mais un acte de dévotion qui reflète notre appréciation et notre engagement envers les enseignements de notre religion et l'héritage de notre identité.



*Article à paraître dans le n°28 de notre magazine Iqra.



 

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