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Sabil al-Imam, éclats spirituels de la semaine (n°25) - La vision de la liberté en islam



L'Islam est venu pour rehausser la dignité de l'être humain, le considérant comme un sujet de l'attention divine, Il a honoré l'homme et l'a élevé au-dessus des autres créatures, lui octroyant des biens purs. Le Très-Haut dit : « Nous avons effectivement honoré les Fils d'Adam, nous les avons transportés sur la terre et sur la mer, nous leur avons accordé des biens purs, et nous les avons privilégiés par rapport à beaucoup de nos créatures. » (Sourate 17, verset 70).


Grâce à cet immense honneur, l'homme a reçu les moyens nécessaires pour assumer sa succession et son développement, afin de réaliser sa mission sur Terre. Parmi les dons les plus significatifs, la liberté de l'homme est reconnue comme une nécessité fondamentale, une condition naturelle et un principe légitime. Ainsi, la fonction humaine et le principe de la liberté se sont intégrés pour engendrer un être humain responsable et un dirigeant considéré, chargé de superviser pour gérer les affaires du monde, lui assurant ce qui lui vaut une grande reconnaissance et un profond respect.


La liberté est l'essence et le cœur de notre religion islamique et est perçue comme un bien inestimable, juste après la vie elle-même. Sans liberté, les espoirs s'écroulent, les gestes perdent leur sens, les lois et les réglementations deviennent inopérantes, menant ainsi au déclin et à la passivité. La révélation divine nous informe que, l'homme est créé libre, doté du libre arbitre pour se guider, réfléchir, agir, et pour tout ce qui touche à son humanité et à sa dignité. Une existence dépourvue de liberté se révèle dénuée de sens et oppressante, et le choix divin, ainsi que l'honneur accordé aux enfants d'Adam, ne se manifestent pas.


Abd al-Hamid Ibn Badis a dit : « Le droit de l'homme à la liberté est comme son droit à la vie : tant qu'il est en vie, il a droit à la liberté ».


L'Islam, en prônant une soumission exclusive à Allah, ouvre la voie vers une véritable libération, refusant toute autre forme d'asservissement et de soumission, hormis celle à Allah. Ainsi, l'homme demeure libre de tout lien et de toute contrainte qui pourraient entraver sa volonté, sa pensée, son intellect et sa nature.


Rabi' ibn Amir dit : « Allah nous a envoyés pour libérer ceux qu'Il souhaite, de l'adoration des serviteurs à l'adoration d'Allah, de l'étroitesse du monde à son immensité, et de l'injustice des religions à la justice de l'Islam. »


 Ce qui rend la liberté individuelle sacrée en Islam, c'est qu’elle constitue le fondement du développement humain, avec son authenticité dans l'honneur et sa responsabilité dans la direction du monde, tout en restant alignée avec les grands principes qui fondent une société unie. Cela implique que la liberté de chacun s'arrête là où commence celle des autres, garantissant ainsi une libération collective, sans oppression ni conflits.


La liberté confère à chacun un sentiment de responsabilité partagée, incitant ainsi les individus à œuvrer pour eux-mêmes, pour leur communauté, pour leur présent et leur avenir, et cela aussi bien dans ce monde que pour l'au-delà.


Au sein d'un cadre civilisationnel nourri par la pensée et régulé par la foi en Allah, les domaines d'engagement sont vastes, englobant les activités scientifiques, économiques, politiques, et bien d'autres encore. La question de la liberté humaine dans la perspective islamique est si essentielle qu'elle imprègne tous les aspects de la formulation intellectuelle des lois islamiques, et elle est fondamentale pour chaque initiative positive entreprise par les musulmans pour faire progresser leur communauté et mériter la récompense divine.


Pour saisir pleinement cette dimension, il est nécessaire de clarifier les notions associées au concept de liberté et de comprendre ce que l'Islam envisage par cette exigence capitale, ainsi que ce que signifie être un musulman libre, tenu également de respecter les obligations de sa religion.

Pour apporter une réponse rationnelle et pragmatique aux notions de liberté en Islam et en détailler les bases, nous commençons par explorer sa définition étendue chez les penseurs occidentaux et analyser leurs perspectives. Ensuite, nous abordons les opinions des penseurs islamiques et les divers courants de pensée sur la conception de la liberté en Islam.


L'exploration de ces thèmes intellectuels d'envergure humaine requiert une approche scientifique qui inclut la description, l'analyse et la critique. Ces sujets ont largement occupé la réflexion de philosophes, penseurs et créateurs de toutes nations et confessions, chacun suivant sa propre orientation, ses références et son interprétation. À titre illustratif, l'ouvrage de Franz Rosenthal, « Concept de liberté en Islam », examine les notions de liberté dans la pensée islamique traditionnelle, les positions des juristes, des philosophes et des mystiques, et les met en parallèle avec la pensée philosophique grecque.


Le livre « L'Homme et sa liberté en Islam » de Mahmoud Mohamed Boubli présente le concept de liberté en Islam et ses types, comme la liberté personnelle, la liberté de pensée, la liberté de croyance, la liberté politique, la liberté économique, et la liberté de la femme. Le livre « Les libertés dans la charia islamique comparées à la Déclaration universelle des droits de l'homme » de Khaled Salim Abdel Fatah aborde le concept de liberté dans la perspective islamique et le compare à la pensée occidentale, discutant de la liberté en tant que principe islamique et comment l'Islam a œuvré pour libérer l'homme.


Pour aborder et examiner le concept de liberté en Islam, en s'appuyant sur des sources variées telles que les livres, le Coran et les hadiths, il est essentiel de commencer par le sens linguistique du terme. Selon le dictionnaire d'Ibn Mansur, le mot « libre » est défini comme étant « l'antonyme de l'esclave ». Dans son usage terminologique, selon Abou Hamid al-Ghazali, « libre » désigne « celui qui agit selon sa volonté et son choix, en toute connaissance de cause ». Le cheikh Abou Zahra, un érudit contemporain, définit la véritable liberté comme la capacité d'une personne à manifester des qualités humaines supérieures, à transcender les trivialités, à aspirer à des idéaux nobles et à exercer un contrôle sur soi-même. Mohamed Amara a quant à lui souligné que le terme « choix » est fréquemment employé pour exprimer la notion de liberté dans la pensée islamique.


Lorsqu'on explore la conception  occidentale de la liberté, on constate que les idées répandues parmi les défenseurs du libéralisme s'ancrent dans le concept de loi naturelle, une notion européenne avec des origines dans la philosophie grecque. Selon cette vision, la liberté implique que l'homme, en tant qu'être rationnel, est capable de bien agir et détient un droit inaliénable à mener une existence indépendante des autres. Cette approche trouve un écho dans certains aspects de la pensée islamique sur la liberté, notamment en ce qui concerne la rationalité, la responsabilité et le droit à la propriété.


Henri Bergson argue que l'accomplissement de la liberté requiert un affranchissement des contraintes quotidiennes, menant ainsi à une forme de liberté positive caractérisée par la continuité et la stabilité. Pour lui, nos actions sont le reflet de notre personnalité et participent à son développement, engendrant confiance, paix intérieure et optimisme. Cette conception de la liberté influe significativement sur le bien-être psychologique de l'individu, exerçant un impact positif sur sa vie. Cette perspective n'est pas sans rappeler les dimensions et les finalités du concept de liberté telles qu'elles sont envisagées dans l'islam.


Jean-Paul Sartre offre une perspective captivante sur la liberté, la concevant comme commençant par une rupture avec le passé et nécessitant initiative et détermination. Selon lui, la liberté exige des engagements précis et est perçue comme une nécessité inévitable, voire un destin. Cette notion est cruciale dans notre relation avec Allah, où la foi en Lui est le fruit d'un choix conscient, et l'approche vers Lui est également une décision volontaire. La recherche d'Allah et la reconnaissance de Ses signes dans l'univers impliquent de se libérer des entraves de l'ignorance et du paganisme. De même, le repentir, qui vise à rectifier notre chemin, nécessite la libération des fautes et des erreurs passées.


Dans la pensée et la philosophie islamiques, le concept de liberté a évolué significativement en réponse aux conflits sociaux, politiques et religieux. La question la plus emblématique liée à la libération de l'homme découle du débat entre le libre arbitre et la prédestination, interrogeant si l'homme est libre ou contraint et quel rôle le destin joue dans notre vie. Ce questionnement a stimulé de nombreuses réflexions sur la liberté, tant sous des angles juridiques, philosophiques que théologiques. Toutefois, ces considérations demeurent ancrées dans une vision globale qui perçoit la liberté comme une essence cosmique et voit l'homme comme le représentant d'Allah dans l'aménagement de l'existence, sa liberté étant ainsi celle accordée à un « représentant ».


La pensée philosophique, influencée par ces débats, considère que l'homme est véritablement libre lorsqu'il atteint un état où il n'est soumis à aucune contrainte externe. Du point de vue juridique, la liberté signifie la permission et l'absence de contrainte permettant à l'individu de choisir d'agir ou de s'abstenir.


Ainsi, le concept de liberté imprègne toutes les facettes de l'Islam et est devenu un moteur de positivité dans la vie, tant au niveau individuel que communautaire. L'Islam reconnaît la liberté comme un droit naturel de l'homme. Sans liberté, il est impossible pour l'homme d'accomplir ses devoirs ou de remplir ses obligations religieuses et séculières.


Cette conception représente la véritable essence de la liberté, basée sur la volonté et la conviction personnelles. Aucun esprit sensé ne peut nier qu'Allah AWJ a établi la foi en Lui comme une affaire de conviction personnelle et a défini la mission des prophètes comme une mission d'explication, exempte de toute contrainte. Allah déclare : « Nous connaissons certes ce qu'ils disent et tu n'es pas là pour les contraindre. Rappelle donc, grâce au Coran, ceux qui craignent Ma menace » (Sourate 50, verset 45).


Ainsi, la réponse à ce bienfait est intrinsèquement liée à la liberté humaine de choisir. Allah déclare : « Dis : La vérité vient de votre Seigneur. Quiconque le veut, qu'il croie ; et quiconque le veut, qu'il mécroie » (Sourate 18, verset 29). Cela illustre la justice divine qui tient compte de la volonté et de la pensée des créatures, manifestant la grandeur de notre Créateur.


Le Coran incite régulièrement l'homme à méditer sur les signes d'Allah afin de saisir le miracle divin et de cultiver la sagesse. Allah interpelle l'homme en disant : « Que l'homme considère donc de quoi il a été créé » (Sourate 86, verset 5).


Le Coran révèle que la liberté est fondamentalement liée aux principes de création et d'existence, ainsi qu'à la mission de clarification et de guidance. Allah Dit : « Nous avions proposé aux cieux, à la terre et aux montagnes d'endosser la responsabilité, mais ils refusèrent de la porter et en eurent peur. Mais l'homme s'en est chargé ; car il est très injuste (envers lui-même) et très ignorant » (Sourate 33, verset 72). Cet engagement de l'homme est un choix, où il exerce pleinement sa volonté de suivre ou non les commandements d'Allah.


Le Coran met en lumière cette vérité afin que nous saisissions la position de l'homme, sa liberté et sa dignité auprès d'Allah. Il dit : « Dis : "Vraiment, vous reniez Celui qui a créé la terre en deux jours et Lui attribuez des égaux ? Tel est le Seigneur de l'Univers. C'est Lui qui, en quatre jours, a fermement implanté des montagnes au-dessus d'elle, y a répandu des bénédictions, et y a assigné ses ressources alimentaires, pour ceux qui cherchent à se nourrir. Puis Il S'est adressé au ciel qui était alors fumée, et à la terre : « Venez tous deux, bon gré, mal gré ». Ils dirent : « Nous venons obéissants. » (Sourate 41, versets 9-11). Cela illustre que les grandes créations ont opté pour une obéissance totale sans alternative, tandis que l'homme a embrassé la faculté du choix, offrant ainsi à chacun la liberté de croire ou de mécroire. L'Islam consacre cette liberté parmi ses principes fondamentaux, comme en témoignent les versets : « Nulle contrainte en religion » (Sourate 2, verset 256) et « Si ton Seigneur l'avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les gens à devenir croyants ? » (Sourate 10, verset 99).


Ce principe se reflète également dans la liberté générale de l'homme à choisir entre les plaisirs de ce monde et les promesses de l'au-delà. Chaque individu est libre de faire ce choix. Allah AWJ dit : « Mais vous préférez plutôt la vie présente » (Sourate 87, verset 16). La volonté humaine est directement liée aux conséquences de ses choix, en termes de récompense ou de châtiment. Allah précise : « Quiconque désire [la vie] immédiate, Nous nous hâtons de donner ce que Nous voulons, à qui Nous voulons. Puis, Nous lui assignons l'Enfer où il brûlera, méprisé et repoussé. Et ceux qui veulent l'au-delà et fournissent les efforts qui y mènent, tout en étant croyants, alors l'effort de ceux-là sera reconnu. Nous  pourvoyons, Chacun,   de dons de ton Seigneur. Et les dons de ton Seigneur ne sont refusés [à personne] » (Sourate 17, versets 18-20).


Nous concluons donc que la conception de la liberté prônée par l'Islam est plus profonde et plus ancienne que les concepts philosophiques occidentaux. Elle est intrinsèquement liée au principe de la création, à l'intégrité de la nature humaine, à l'exercice de l'intellect et à la liberté de pensée, et elle se manifeste pleinement lors du Jour du Jugement. Allah SWT exprime cela en disant : « Quiconque désire [la récompense] immédiate, Nous nous hâtons de donner ce que Nous voulons, à qui Nous voulons. Puis, Nous lui assignons l'Enfer où il brûlera, méprisé et repoussé. Et ceux qui veulent l'au-delà et fournissent les efforts qui y mènent, tout en étant croyants, alors l'effort de ceux-là sera reconnu » (Sourate 42, versets 20-21).



*Article paru dans le n°25 de notre magazine Iqra.



 

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