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Sabil al-Imam, éclats spirituels de la semaine (n°24) - La coexistence avec autrui, en islam

Dernière mise à jour : 29 juil.



Les valeurs humaines constituent un pilier fondamental dans l’orientation du comportement humain dans toute société, ancienne ou moderne. Ces valeurs contribuent à la stabilité et à la cohésion sociale. Parmi les valeurs actuelles les plus importantes auxquelles les sociétés modernes accordent une attention particulière, figure celle de la cohabitation avec autrui. Ce terme est devenu courant dans le langage du grand public et a été adopté dans les discours de nombreux intellectuels, politiques, prédicateurs et penseurs.


Les nombreuses preuves historiques montrent que les peuples du monde ont connu la cohabitation comme une valeur humaine et une philosophie de vie depuis longtemps, bien que le terme soit apparu tardivement. L’archéologue et zoologiste « Peter van Beneden » est le premier à avoir forgé le terme « coexistence » en 1876. C’est un terme biologique à l'origine, utilisé pour décrire certaines formes d'association chez les organismes vivants. Ce terme est ensuite passé de la biologie à la politique, apparaissant clairement après la Seconde Guerre mondiale, où ‘’Nikita Khrouchtchev’’, ancien président de l'Union soviétique, l’a utilisé sur la scène internationale pour sortir de la crise de guerre et trouver des solutions pacifiques garantissant la stabilité politique et économique des peuples.


Les chercheurs en linguistique et en sociologie divisent le sens du terme « coexistence » en trois catégories :


1.    Signification politique : réduire les conflits et construire des relations pacifiques entre les nations.


2.    Signification économique : coopération continue dans la construction de relations économiques.


3.    Signification religieuse : vivre ensemble avec ceux de différentes religions et croyances, en organisant des rencontres pour œuvrer à la paix, reconnaître le droit à la différence d’opinion et de religion, rejeter la violence et le fanatisme, et respecter les cultures diverses.


La civilisation islamique a toujours privilégié la coexistence et une philosophie pacifique. Depuis l'époque du Prophète Mohamed, paix et bénédictions sur lui, cette communauté s'est distinguée par sa capacité à vivre en harmonie avec ceux qui ont des croyances et des points de vue différents, que ce soit sur le plan doctrinal ou celui intellectuel. Cela se manifeste clairement à travers le Pacte de Médine, régissant une société multiethnique et multi religieuse, avec musulmans et non-musulmans, gens du Livre aux croyances diverses, et polythéistes des Aws et Khazraj. Le Prophète (SAWS) a fondé un tissu social unifié, basé sur la culture de la coexistence et du dialogue, Ainsi, il s'est attaché à identifier les points communs parmi les habitants de Médine, tout en travaillant à les renforcer. Le premier slogan adopté par le Prophète était celui d'une nation unique basée sur la religion et la citoyenneté. L’article 2 de la Constitution de Médine stipule : « Ils forment une seule nation », indiquant clairement la diversité de leurs appartenances religieuses. En rassemblant les émigrants (Mouhadjirines), les Ansars, ainsi que ceux qui ont rejoint leur communauté parmi d'autres religions, tous acceptant les règles de vivre ensemble en harmonie.


Le Prophète ‘’paix et bénédictions sur lui’’ a ainsi opéré une transformation dans la pensée humaine, passant d'un esprit tribal à un concept d'État avec une dimension politique et nationale, visant à promouvoir la coexistence parmi des citoyens de croyances et identités diverses. La souveraineté appartenait à l'État unifié et non à des tribus divisées, ce qui constituait le fondement d'une société unie.


La Constitution de Médine montre clairement une volonté sincère d'établir la culture de la coexistence au sein de la nation islamique, comme en atteste son article 16 : « Les Juifs de Banu Awf sont une communauté avec les croyants. Les Juifs ont leur religion et les musulmans la leur », posant ainsi les bases de la cohabitation avec l’autre : paix, solidarité, compassion et harmonie. Cela montre que la diversité doctrinale et intellectuelle est inévitable et doit être gérée par un dialogue raffiné et une éthique élevée. Le Prophète (paix et bénédictions sur lui) a illustré cela en participant à leurs fêtes, en s’asseyant avec eux, en les réconfortant dans leurs moments difficiles, en engageant avec eux toutes sortes de transactions qui unissent les membres d'une même communauté. Ainsi, il leur empruntait de l'argent et déposait ses biens, en gage, chez eux, tout en respectant leurs livres sacrés.


L'Islam, par le principe de coexistence, cherchait à promouvoir des valeurs humaines fondamentales, notamment :


- La tolérance : une valeur cardinale que le Prophète (paix et bénédictions sur lui) a concrètement mise en œuvre au sein de la société civile, en transformant ce principe théorique en une pratique quotidienne dans ses rapports avec les gens du Livre.


- La liberté de croyance : une valeur essentielle en Islam, soutenue par des versets coraniques comme « Nulle contrainte en religion » et « Quiconque le veut, qu'il croie, et quiconque le veut, qu'il mécroie » Le Prophète a permis aux non-musulmans de conserver leur religion, à condition qu'ils respectent les principes de la coexistence et les lois de l’État. Cela est illustré par le traité du Prophète avec les juifs de Najran, leur garantissant la protection de leurs biens et croyances.


- Le dialogue : considéré par les sociologues comme un échange entre groupes ou individus pour parvenir à une compréhension mutuelle. Le Coran relate des dialogues entre Allah et Satan, mettant en évidence l'importance de dialoguer avec ceux qui sont différents, un pilier essentiel pour la coexistence et la stabilité. Le Prophète a également élaboré les articles de la Constitution de Médine après avoir consulté et dialogué avec les notables de la ville.


- La reconnaissance de l'autre : Une valeur promue par l'Islam, essentielle au succès de l'État de Médine, était la reconnaissance de l'existence et des droits des autres groupes. Dès sa fondation, l'État de Médine accordait une reconnaissance à toutes les communautés religieuses et ethniques.


En conclusion, la coexistence avec autrui est une nécessité humaine que l'Islam a cherché à instaurer, en l'inculquant profondément dans les cœurs et en en faisant une de ses valeurs clés. Cette démarche est illustrée par l'invitation universelle de Sourate Al-Imran : « Dis : Ô gens du Livre, venez à une parole commune entre nous et vous ». Le Prophète, paix et bénédictions sur lui, a respecté les croyances des autres et ne les a jamais forcés à se convertir à l'Islam.


Il est aussi évident que le désir de coexistence est naturel et non forcé, comme le montre l'engagement des différentes communautés autour du Prophète en faveur d'un pacte global de coexistence. La mise en œuvre de cette philosophie s'appuie également sur des objectifs partagés visant le bien-être de l'humanité, tels que la paix et la sécurité mondiales.



*Article paru dans le n°24 de notre magazine Iqra.



 

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