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Récits célestes (n°24) - La fraternité humaine, une feuille de route universelle



La fraternité, ce lien universel qui transcende les frontières des religions, des politiques, des préjugés raciaux et des divisions de classe. Elle s'élève au-dessus des guerres et des conflits, qu'ils soient internationaux ou régionaux, pour rappeler à chacun son appartenance à une humanité commune. En tant qu'êtres humains, nous partageons la même essence, la même dignité et ce besoin universel de solidarité, de justice, d’égalité, de sécurité et de bonheur. Autant d'aspirations qui unissent les cœurs et les esprits.


Instant de contemplation


La fraternité est sans doute l'un des liens sociaux les plus précieux entre les individus. Lorsque l'être humain se trouve dans le besoin, son premier réflexe est souvent de se tourner vers ses frères, qu'ils soient de sang ou de vie. Lorsque ces liens fraternels sont solides et authentiques, ils donnent naissance à une société forte et unie.


La fraternité humaine, quant à elle, est le trésor le plus noble de l'humanité, un héritage commun offert par Dieu qui a créé les hommes d'une même essence et avec des caractéristiques universelles. Elle repose sur des valeurs profondément humaines et sociales telles que le respect, la bienveillance et la miséricorde. Ce n'est que par la gratitude envers le Créateur et les bonnes actions que l'individu se distingue.


Être frère en humanité, c'est aussi reconnaître à chacun le droit de vivre avec dignité, liberté et sécurité, loin des extrêmes de l'intolérance, du terrorisme, de la faim et de l'exclusion. C'est promouvoir une citoyenneté pleine et entière, une justice globale, et des principes qui rejettent le racisme et la marginalisation sous toutes leurs formes.


La Fraternité humaine au service de la paix


Dans un monde marqué par des tensions croissantes et des défis globaux, le message de la Journée mondiale de la fraternité humaine, célébrée le 4 février, prend une résonance particulière. À cette occasion, António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, a invité à renouveler l’engagement international en faveur de l’unité et de la coopération. Il a rappelé :


« Renouvelons donc notre engagement à surmonter les divisions,

à promouvoir la compréhension religieuse et la coopération entre

les peuples, quelles que soient leurs cultures et leurs croyances.

Ensemble, traçons la voie vers un monde plus pacifique,

plus juste et plus harmonieux, au bénéfice de tous. »


La fraternité humaine surpasse les différences culturelles et religieuses, établissant un pont entre les peuples. Elle met en lumière le rôle des traditions spirituelles et des croyances dans la construction d’une société basée sur la paix, le respect et la justice. À travers l’éducation, les dialogues interreligieux et interculturels, la société humanitaire à la possibilité de transformer les défis en opportunités pour construire un monde durable.


La culture de la paix repose sur des principes universels, tels que le respect des droits humains, la non-violence, et la justice sociale. Ces valeurs, affirmées dans les résolutions des Nations Unies et les initiatives telles que la Semaine mondiale de l’harmonie interconfessionnelle, visent à renforcer la cohésion sociale et à combattre les discriminations.


Face aux défis contemporains, la fraternité humaine constitue un phare d’espoir. Elle rappelle que, malgré nos différences, nous partageons une destinée commune. En cultivant le respect, le dialogue et l’unité, nous pouvons bâtir un monde où la paix et l’harmonie deviennent des réalités tangibles.


Aujourd’hui, plus que jamais, les acteurs de toutes les confessions doivent s’unir pour éradiquer l’intolérance et promouvoir des valeurs partagées. L’éducation doit jouer son véritable rôle en enseignant la tolérance, en valorisant la diversité et en éradiquant les préjugés. C’est dans l’esprit de chaque individu que doivent s’élever les fondations de la paix.


Un document pour une fraternité humaine : une vision pour le monde de demain


L’appel à la fraternité humaine, mis en avant dans une déclaration conjointe d’Al-Azhar et de l’Église catholique, représente une vision de l’unité humaine qui dépasse les frontières religieuses et culturelles. Ce texte signé le 4 février 2019 à Abu Dhabi, est un exemple indiscutable de la manière dont les grandes institutions religieuses peuvent se réunir pour porter un message commun, celui de la fraternité, de la justice sociale et de la responsabilité collective. Alors que le monde fait face à des crises profondes, telles que les inégalités économiques, les conflits armés et les crises migratoires, ce document semble plus pertinent que jamais, il représente une feuille de route pour l’humanité et s’articule sur :


La fraternité humaine : un concept universel


Au cœur de ce texte se trouve l’idée fondamentale de la fraternité humaine. Celle-ci repose sur l’égalité et la dignité de chaque individu, quelles que soient ses origines ou ses croyances. En explorant ce principe, il est possible de constater qu’il n’est pas propre à une seule tradition religieuse ou philosophique. L’islam, comme le christianisme et d’autres croyances, met en avant la nécessité de considérer l’humanité comme une grande famille, où chaque membre mérite respect et solidarité. Cette vision rejoint également celle des mouvements laïques qui, tout en étant indépendants des religions, prônent la solidarité universelle. Il est nécessaire de comprendre comment cette fraternité peut se traduire concrètement dans nos sociétés contemporaines.


Les droits humains et la justice sociale


Le texte met un accent particulier sur les groupes vulnérables, on précise ici, les pauvres, les orphelins, les réfugiés et ceux qui sont marginalisés par la société. C’est dans ce contexte que les institutions religieuses sont appelées à jouer un rôle essentiel. Le texte souligne que la lutte pour la justice sociale ne peut être menée sans l’engagement de tous, y compris des leaders religieux.


Ce rôle actif dans la défense des droits des plus démunis trouve des parallèles dans l’histoire, avec des exemples comme « l’encyclique Rerum Novarum de l’Église catholique », qui appelle à la justice sociale.


Un appel au dialogue interreligieux


Le texte va au-delà d’un simple appel à la fraternité. Il propose également un modèle de dialogue interreligieux entre des institutions qui, à première vue, pourraient sembler opposées. La collaboration entre Al-Azhar, une grande autorité de l’Islam sunnite, et l’Église catholique, est un exemple rare et significatif. Ce dialogue montre que, malgré les différences théologiques, il est possible de s’unir autour des valeurs humaines communes.


L’histoire a montré que des initiatives comme les rencontres d’Assise, ou encore les travaux interreligieux dans des régions de conflit, peuvent avoir des impacts positifs durables. En confrontant les points de vue tout en respectant les convictions de chacun, ces dialogues peuvent jouer un rôle essentiel dans la construction d’une paix durable.


Responsabilité collective pour la paix


Les deux leaders appellent également, via leur texte, à une responsabilité collective pour instaurer une culture de paix. Ils suggèrent que cette tâche incombe à tous, leaders politiques, intellectuels, artistes, mais aussi citoyens. Dans un monde marqué par les conflits et les injustices, chaque acteur de la société a un rôle à jouer. Le texte invite à une responsabilité partagée, insistant sur l’idée que la paix n’est pas un but que l’on peut atteindre seul, mais bien un effort commun.


Un message universel ancré dans la foi


Bien que ce texte soit empreint de références religieuses profondes, son message est universel. Il dépasse les frontières de la foi et appelle chaque être humain, quel que soit son appartenance religieuse ou culturelle, à contribuer à un monde plus juste et pacifique. L’idée que la fraternité humaine repose sur des valeurs communes de respect, d’égalité et de solidarité est un appel ouvert à tous. Le défi consiste à dépasser les clivages religieux et idéologiques pour construire des ponts entre les peuples, dans un esprit de compréhension mutuelle.


Il s’agit donc d’un texte de collaboration entre Al-Azhar et l’Église catholique, il nous offre une réflexion profonde sur la fraternité humaine, les droits fondamentaux des plus vulnérables et la responsabilité collective pour la paix. Il invite chaque individu, qu’il soit croyant ou non, à s’engager pour un monde meilleur. Il rappelle que, face aux défis mondiaux contemporains, l’unité humaine est non seulement un idéal, mais une nécessité. En transformant ces valeurs en actions concrètes, nous pouvons, ensemble, œuvrer pour un avenir de paix et de justice pour tous.


Il convient de souligner que le document de fraternité humaine résulte d'un travail considérable. Le 23 mai 2016, une rencontre historique a eu lieu au Vatican entre les deux autorités les plus respectées de l'islam sunnite et du christianisme catholique, à savoir Ahmed el-Tayeb et le pape François. En réponse à cette visite, le pape s'est rendu à l'université al-Azhar le 28 avril 2017.


La lettre encyclique « Fratelli Tutti » du Pape François sur la fraternité et l’amitié sociale


L’encyclique « Fratelli Tutti » en italien ou «Tous frères », du pape François, a été signée le 3 octobre 2020 à Assise. On peut considérer qu’elle s’inscrit dans la continuité de son engagement pour la fraternité humaine. Ce texte majeur, troisième encyclique du pape après Lumen Fidei en 2013 et Laudato Si’ en 2015, traite de la fraternité et de l’amitié sociale dans un contexte mondial bouleversé, notamment par la pandémie de la Covid-19. À travers ses 216 pages, le pape François propose une réflexion sur la manière dont « la fraternité ouverte qui permet de reconnaitre, de valoriser et d’aimer chaque personne … » et qui peut servir de réponse aux crises actuelles et aux divisions profondes qui traversent le monde.


Un rêve de fraternité universelle


Le titre même de l’encyclique, Fratelli Tutti, emprunte une expression à Saint François d’Assise, qui s’adressait à tous ses frères et sœurs pour leur proposer un mode de vie inspiré de l’Évangile. Le pape François, dans son introduction, livre son propre rêve lié à un monde fondé sur la fraternité, où chacun pourrait reconnaître et valoriser la dignité de l’autre. En formulant ce vœu, il rappelle que ce rêve ne doit pas se limiter à des mots, mais se traduire par des actes. Le Pape invite ainsi à dépasser les frontières religieuses et culturelles pour bâtir une société plus humaine.


La pandémie comme révélateur des fractures sociales


Dans un contexte marqué par la pandémie de Covid-19, le pape François alerte sur les fragilités du monde moderne. La crise sanitaire a mis en évidence « nos fausses certitudes » et l’incapacité des sociétés à agir ensemble face aux défis mondiaux. Selon lui, la pandémie a révélé une fragmentation sociale et politique, rendant plus difficile la résolution des problèmes qui affectent tous les peuples. Le Pape insiste sur le fait que, pour répondre aux crises actuelles, il ne suffit pas d’améliorer les systèmes existants, mais il faut une refonte des modèles, guidée par la solidarité et la fraternité.


Un appel à l’action collective et solidaire


« Fratelli Tutti » n’est pas seulement une réflexion théorique, mais un appel à l’action. Le pape François rappelle que chacun a un rôle à jouer pour instaurer une culture de paix et de solidarité. Que ce soit les gouvernants, les intellectuels, les artistes ou les religieux, tous sont invités à contribuer à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel. Pour le pape, la fraternité ne doit pas rester une simple idée, mais doit se concrétiser dans des actions urgentes, notamment en faveur des plus vulnérables.


La dignité humaine


Le vœu du pape François est celui d’un monde qui reconnaît la dignité de chaque être humain, sans distinction de race, de religion ou de culture. Cette fraternité universelle repose sur un principe fondamental qui est la dignité humaine. Dans ses dernières lignes, le Pape invite à rêver ensemble d’une humanité partagée, d’un monde où nous serions tous « des voyageurs partageant la même chair humaine ». Un tel rêve, selon lui, est possible si tout le monde s’unissait autour de ce principe fondamental.


Face aux fractures mondiales, la fraternité humaine s’impose comme un phare d’espoir, surpassant les divisions et appelant chaque individu à s’engager pour un monde plus juste et solidaire. En cultivant la compréhension, la coopération et le respect mutuel, nous pouvons œuvrer ensemble à la construction d’un avenir de paix, où la dignité et la justice prévalent pour tous. La fraternité, loin d’être un idéal lointain, est une réalité que nous pouvons façonner dès aujourd’hui, avec chaque geste et chaque parole. Tous pour une famille humaine.



*Article paru dans le n°43 de notre magazine Iqra.



 

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