À une époque où les virus et les pandémies se propagent au-delà des frontières et des continents, les gouvernements du monde entier se tournent vers la quarantaine pour contrôler les maladies. Cette pratique, pourtant, trouve ses racines bien avant l'ère moderne, dans les enseignements de l'Islam. En effet, il y a plus de quatorze siècles, le Prophète Mohamed (paix et bénédictions sur lui) prônait déjà des mesures de quarantaine. Nombreux sont ceux qui considèrent l'Islam comme le premier à avoir instauré ce concept.
Le contexte historique du confinement, enseigné par le Prophète Mohamed
Le Prophète (paix et bénédictions soient sur lui) avait enseigné à ses compagnons, l'importance d'isoler les personnes exposées à des maladies contagieuses, afin de prévenir leur propagation et d'observer attentivement l'évolution de leur état de santé. Bien qu'aucune épidémie ne se soit produite durant sa vie, ces directives n'ont été appliquées qu'à l'époque du calife Omar ibn al-Khattab. Cela démontre qu'Allah, le TrèsHaut, révélait à son Prophète une partie de l'inconnu, comme le confirme le verset au début de la sourate An-Najm : « Il ne parle pas sous l'effet de la passion, ce n'est rien d'autre qu'une révélation inspirée. » (Sourate An-Najm, versets 3 et 4).
En effet, Oussama ibn Zayd (qu'Allah l'agrée, lui et son père) relate que le Prophète (sur lui la paix et le salut) disait : « Si vous entendez parler d'une épidémie de peste dans un pays, n'y entrez pas, mais si la peste se déclare dans un pays où vous vous trouvez, ne quittez pas ce pays. » Ces directives, considérées comme les premières formes de confinement, démontrent, s’il en était besoin, la sagesse intemporelle des enseignements islamiques en matière de gestion de crises sanitaires.
La peste a été une véritable catastrophe. À cette époque, le calife des musulmans, Omar ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui), avait prévu de visiter la région du Sham, « Bilad al-Sham », l'actuelle Syrie. Aux frontières entre le Hedjaz et le Sham, il a rencontré les notables des terres voisines qui l'ont informé de la propagation de la pandémie. Après consultation, Omar a choisi de ne pas entrer dans la région.
Par ailleurs, le noble compagnon Abu Oubayda ibn al-Jarrah, alors responsable, a refusé de quitter sa région, surtout qu’elle faisait l’objet d’attaques des byzantins. Suivant ainsi les conseils du Prophète Mohamed (paix soit sur lui) pour aider à arrêter la propagation des épidémies et réduire les infections, la quarantaine et l'hygiène personnelle ont toujours été utilisées comme moyens de combattre les maladies dans l'histoire islamique. Il avait prononcé cette phrase célèbre : « Je suis parmi les soldats musulmans et je ne trouve en moi aucun désir de m'éloigner d'eux. »
Gestion de la crise sanitaire du Calife Omar ibn al-Khattab
Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui), profondément affecté et attristé par la mort de milliers d’habitants de ses terres, à cause de la peste, a démontré une gestion exemplaire de la crise sanitaire en Syrie. Voici les étapes clés de sa stratégie.
1-Prise de conscience et consultation
Omar s'est rendu en Syrie, convaincu de la légitimité de quitter une région touchée par la peste, une pratique également soutenue par certains compagnons, comme Amr Ibn al-As et Abou Moussa al-Aachari. Il a rassemblé son conseil de consultation pour échanger des points de vue, notamment sur les questions liées aux héritages laissés par les défunts, ainsi que la situation préoccupante de la région atteinte de la pandémie. Ce qui nous conduit à penser à la cellule de crise dans la gestion de crise.
2- Différences d’interprétation
Les compagnons du Prophète ont différé dans la compréhension de l'interdiction de sortir et d'entrer dans une terre atteinte par la peste, certains l'ont pris à la lettre, tandis que d'autres l'ont interprété.
Ceux qui ont interprété l'interdiction ont permis à ceux qui se trouvent dans une terre atteinte par la peste d’en sortir. Dans les stratégies modernes de gestion de crise, il est courant de rencontrer diverses interprétations ou approches pour traiter une situation critique. Parmi les scénarios de crise typiques, deux exemples se démarquent. Cela nous amène à considérer les théories de Thierry Libaert, spécialiste de la communication de crise et de la gestion des risques, qui propose une approche intégrée et stratégique pour gérer les crises. Voici comment ses idées se relient au contexte des compagnons du Prophète et aux stratégies modernes de gestion de crise.
Approche intégrée et adaptative : Libaert met l'accent sur la nécessité d'une gestion de crise qui intègre différents aspects : technique, organisationnel, communicationnel. Cette approche intégrée correspond à l'idée que les compagnons du Prophète, en interprétant l'interdiction de déplacement face à la peste, ont pris en compte les réalités spécifiques et les besoins des individus, tout en visant à limiter la propagation de la maladie.
Communication proactive et transparente : Libaert souligne l'importance d'une communication claire et transparente pendant une crise. De même, ceux qui ont interprété l'interdiction dans le contexte des compagnons du Prophète ont pu adopter une approche de communication explicative pour obtenir l'adhésion des personnes affectées, tout en expliquant les raisons à l’origine de ces mesures prises.
Gestion adaptative des risques : Libaert préconise une gestion proactive des risques (anticipation de gestion de crise), adaptée aux spécificités de chaque crise. Cela correspond à l'approche interprétative des compagnons du Prophète, qui ont ajusté leurs mesures en fonction de l'évolution de la situation et des besoins de la communauté. Thierry Libaert offre un cadre théorique qui s'aligne avec la nécessité de comprendre, d'adapter et de communiquer efficacement lors de la gestion des crises. Dans ce cas d’étude, nous tirons les leçons des diverses interprétations des compagnons du Prophète, face à la peste, et le choix du Calife. Le choix entre ces deux approches dépend souvent de la nature de la crise, des données disponibles sur la situation, ainsi que des valeurs et des priorités spécifiques des décideurs et des communautés concernées.
3- Actions immédiates
Soucieux de la santé de la population, Omar a demandé à Abu Oubayda de déplacer les musulmans d'une terre humide avec beaucoup d'eau et de marécages, vers une terre élevée et saine, ce qui fut fait.
La correspondance entre Omar et Abu Oubayda a eu lieu après qu'ils se soient rencontrés à Sargh et entendu le hadith d'Abd al-Rahman ibn Awf. Cette mesure historique prise par Omar et Abu Oubayda reste pertinente et adaptée aux stratégies modernes, selon les spécialistes contemporains, nous pouvons en souligner plusieurs points clés :
Prévention des risques sanitaires : mesure de déplacer les populations d'une zone humide à risque, vers une zone plus saine, illustre une approche préventive qui reste fondamentale dans la gestion moderne des risques sanitaires. Les spécialistes contemporains insistent toujours sur la prévention comme étant essentielle pour réduire les impacts des maladies infectieuses et des autres risques environnementaux.
Adaptabilité aux nouvelles menaces : que l'exemple historique concerne une épidémie spécifique (la peste), les principes sous-jacents de déplacement vers des zones moins exposées, sont applicables à une gamme plus large de menaces contemporaines, telles que les pandémies virales ou les risques environnementaux accrus, dus aux changements climatiques.
Planification basée sur des données : la correspondance entre Omar et Abu Oubayda montre une prise de décision basée sur l'information disponible à l'époque. Aujourd'hui, les spécialistes recommandent également une approche basée sur des données scientifiques solides et des évaluations des risques, pour guider les interventions et minimiser les impacts négatifs sur la santé publique.
Communication et engagement communautaire : la nécessité de communiquer efficacement avec les populations affectées et d'obtenir leur coopération reste cruciale. Les spécialistes modernes insistent sur l'importance d'une communication transparente et culturellement adaptée pour assurer une adhésion aux mesures de gestion de crise.
Ces principes, sous-jacents à la mesure historique d’Omar Ibn Al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui, sont toujours valides et applicables dans la gestion moderne des crises sanitaires et environnementales, cette approche reste pertinente malgré les différences temporelles et contextuelles. Cela souligne également l'importance de tirer des leçons de l'histoire pour guider les stratégies contemporaines de gestion de crise.
4- Gestion de la mobilité
Omar Ibn Al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) est retourné à Médine, après avoir pris des mesures initiales et reçu des nouvelles d'une forte mortalité due à la peste.
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