Ils sont les éclats d’innocence d’un monde qui vacille, les promesses d’un avenir trop souvent brisé avant même d’avoir pris forme. Aujourd’hui, à Ghaza, des enfants tombent sous les bombes, le cœur encore empli des jeux interrompus. D’autres, transis de froid dans des tentes, serrent contre eux des rêves trop maigres pour les réchauffer, tandis que la faim creuse des silences plus profonds que les cris. Ailleurs, les flots en furie, les incendies ou les tremblements de terre et les inondations effacent en un instant ce que de petites mains tentaient de bâtir. À chaque instant, la guerre, la pauvreté et les catastrophes naturelles étouffent des rires qui n’ont jamais eu le temps d’éclore. Ces visages, que la vie aurait dû caresser, deviennent les cicatrices silencieuses d’une humanité en dérive.
Protéger l’enfance au-delà des promesses internationales
Malgré la tempête qui balaie le monde, une lueur d’espoir persiste. Chaque sourire retrouvé, chaque geste de solidarité, chaque combat pour la justice et la dignité esquissent un avenir plus humain. Nous avons le devoir de protéger ces espoirs fragiles. À travers leurs yeux, c’est le monde lui-même qui attend un avenir meilleur.
Par ailleurs, si la communauté internationale oublie ses enfants, elle trahit aussi les engagements pris dans les textes internationaux. De la Déclaration des droits de l’enfant de 1959 à la Convention des droits de l’enfant de 1989, ratifiée par 196 États, l’humanité a proclamé sa volonté de protéger les plus vulnérables. Mais chaque enfant affamé, privé d’éducation ou orphelin à cause des guerres et des catastrophes, nous rappelle que ces promesses restent souvent non tenues.
L’évolution des droits de l’enfant au XXe siècle a débuté avec la déclaration de Genève en 1924, qui a posé les fondations pour répondre aux besoins vitaux des enfants. Après la Première Guerre mondiale, des organisations telles que la « International Save the Children Union » ont été efficaces dans la protection des enfants. Cette reconnaissance s’est consolidée en 1946 et a culminé en 1959 avec l’adoption par l’ONU de la Déclaration des Droits de l’Enfant, élargissant les droits des enfants à l'éducation et à l'épanouissement.
En 1989, la Convention des Droits de l’Enfant a marqué un tournant en insistant sur la protection et l’émancipation des enfants, en affirmant leur droit à l’expression, à l’opinion et à l’association. Ce texte contraignant, entré en vigueur en 1990, est suivi par le Comité des droits de l’enfant, avec des protocoles additionnels renforçant la protection contre l'exploitation et l’implication dans des conflits armés.
Augmentation des violations des droits des enfants en 2023
Lors de la 9669e séance du 26 juin 2024, le Conseil de sécurité de l'ONU a discuté de l'augmentation des violations graves des droits des enfants en 2023, avec une hausse de 21 % des violations par rapport à l'année précédente. Ces violations ont atteint 32 990 cas, contre 22 557 en 2022, marquant un pic en près de dix ans. Les violations les plus fréquentes étaient les meurtres et mutilations d'enfants, leur recrutement, les refus d'accès humanitaire et les enlèvements. Les viols et autres violences sexuelles ont augmenté de 25%, en particulier à l'encontre des filles.
Les situations les plus touchées incluaient Israël et les territoires palestiniens, la RDC, le Myanmar, la Somalie, le Nigéria et le Soudan, avec des violations graves également signalées en Éthiopie, Haïti, au Mozambique et dans le Sahel.
Le rapport annuel du Secrétaire général mentionne désormais 75 parties responsables de violations, dont 10 acteurs étatiques et 65 groupes armés.
Journée mondiale des orphelins de guerre
Le 6 janvier, bien qu’on n’ait pas trouvé cette journée mondiale des orphelins de guerre, officiellement reconnue, elle est souvent commémorée par des organisations non gouvernementales qui attirent l'attention sur la situation tragique des enfants victimes de conflits armés à travers le monde. Alors qu’en cherchant à confirmer cette date, nous avons découvert une réalité encore plus amère. En plus de la souffrance des enfants orphelins, il existe une autre journée importante, établie par l'UNICEF, il s’agit du 12 février, qui est célébrée comme la Journée internationale des enfants soldats. Il s’avère que des milliers d’enfants sont forcés à rejoindre des groupes armés, parfois comme soldats, mais aussi comme cuisiniers ou porteurs. Depuis l'an 2000, l'UNICEF, à travers son programme CAAC (Children and Armed Conflict), travaille sans relâche pour libérer ces enfants et les réintégrer dans la société, ayant ainsi réussi à libérer 180 000 enfants, jusqu'à ce jour.
Le pape François appelle à la protection des mineur
Le 21 décembre 2024, le pape François a dénoncé la « cruauté » de la frappe aérienne israélienne qui a tué sept enfants d'une même famille à Ghaza. Il a exprimé sa douleur en appelant à la paix, soulignant que ces attaques ne relevaient pas de la guerre mais d'une violence insensée. Le porte-parole de la Défense civile a rapporté que dix membres de la famille Khalla, dont sept enfants âgés de six ans et moins, ont perdu la vie lors de cette frappe. Dans sa lettre pour la fête des Saint-Innocents, le Pape François a exhorté les évêques à agir avec courage pour protéger les enfants contre les dangers actuels, tels que la guerre, l'esclavage, et l'exploitation. Il a dénoncé la perte de l'innocence enfantine, détruite par les abus, la guerre, et l'émigration forcée. Le Pape a également abordé la lutte contre l'abus sexuel, condamnant les actes pédophiles et appelant à une tolérance zéro envers les prêtres coupables. Il a exprimé ses regrets et présenté des excuses au nom de l’Église pour la souffrance infligée aux enfants.
Il est à rappeler que dans l’islam, l’importance de la protection des enfants est aussi soulignée avec force. Le Prophète Mohamed (paix et bénédictions sur lui) a dit : « N’est pas des nôtres celui qui ne fait pas preuve de miséricorde envers nos jeunes et n’honore pas nos anciens. » (Rapporté par At-Tirmidhi, par Abû Daoud et par Ahmad). C’est un appel à la compassion universelle, nous rappelant que chaque enfant, quelle que soit sa situation, mérite d’être protégé et entouré d’amour, un principe que nous devons tous défendre face à la violence et à l'injustice.
*Article paru dans le n°47 de notre magazine Iqra.
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