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Regard fraternel (n°27) - Le cardinal Jean-Louis Tauran : portrait d’un acteur du dialogue interreligieux



« Ce qui nous menace tous n’est pas le choc des civilisations,

mais plutôt le choc de l’ignorance et du radicalisme »

Le cardinal Jean-Louis Tauran : Arabie Saoudite-le 14 avril 2018

 

Le 6 juillet 2018, une vague de tristesse a déferlé sur l’Europe, notamment en France, à l’annonce du décès de Jean-Louis Tauran, une éminente figure religieuse, au rayonnement international. Les médias, tant européens que français, ont unanimement souligné l’importance de sa disparition. Plus qu’un simple hommage réservé au monde chrétien, sa mort a suscité une émotion collective, touchant des personnes de toutes confessions et horizons. Comment expliquer cette tristesse universelle, qui dépasse largement le cadre du catholicisme et résonne si profondément dans le cœur de tous ?

 

Un pont reliant les religions


Le cardinal Jean-Louis Tauran, artisan de la diplomatie vaticane, a marqué l’histoire contemporaine de l’Église catholique par son engagement inébranlable pour la paix et le dialogue entre les religions. Né le 5 avril 1943 à Bordeaux, il a consacré sa vie à rapprocher les croyances, faisant de la compréhension interreligieuse un pilier monumental de son engagement.

Jean-Louis Tauran a connu une carrière remarquable au sein de l'Église catholique, malgré des racines dans une famille laïque. Très tôt, il a exprimé son désir de devenir prêtre et a poursuivi des études à Rome, où il s'est spécialisé en philosophie, théologie et droit canonique. Il est ordonné prêtre en 1969. 

 

Ses talents de diplomate et sa profonde compréhension des enjeux internationaux le mènent rapidement à intégrer le service diplomatique du Vatican. En 1991, il est nommé secrétaire pour les Relations avec les États, une position où il devient un acteur clé dans la promotion de la paix au Moyen-Orient et dans la défense des droits humains.

 

Il est nommé à la tête du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux par Benoît XVI, avec pour mission de rétablir des liens avec les musulmans, un an après le discours controversé du pape à Ratisbonne. Poste qu’il occupa de 2007 à 2014. Le cardinal Tauran laisse une empreinte indélébile. Convaincu que le dialogue entre les croyants est la voie vers la coexistence pacifique, il s’emploie à créer des ponts entre chrétiens et musulmans, notamment après les tensions post-11 septembre. Sa visite historique en Arabie Saoudite en 2018, où il rencontre de nombreux notables et responsables du royaume, il a rappelé que les lieux saints chrétiens, quels qu’ils soient « … sont toujours ouverts pour nos frères et sœurs musulmans, pour les croyants des autres religions et aussi pour toute personne de bonne volonté qui ne professe pas de religion ». (Source Vatican News)

Il a également noté que les mosquées sont ouvertes aux visiteurs « ceci est le type d’hospitalité spirituelle qui aide à promouvoir la connaissance mutuelle et l’amitié, en surmontant les préjugés ». (Source Vatican News)

 

Un homme discret et de sagesse


Le Cardinal Tauran s'est toujours distingué par son calme, sa détermination et sa capacité à tisser des liens entre les différentes communautés religieuses, malgré les tensions internationales.

Il est souvent décrit comme un homme discret, mais d’une grande sagesse. Son humilité et sa capacité à écouter ont forgé sa réputation, tant au sein du Vatican que dans les milieux diplomatiques internationaux. En 2013, il est choisi pour annoncer au monde l’élection du pape François, une tâche symbolique qui illustre la confiance placée en lui, par ses pairs.

 

Jean-Louis Tauran s’éteint le 5 juillet 2018 à l’âge de 75 ans, laissant derrière lui un héritage empreint de respect, de dialogue et d’unité. Son action en faveur du rapprochement des religions et de la paix restera un exemple pour les générations futures. À travers son engagement pour l’harmonie interreligieuse, il aura démontré que les différences ne sont pas des obstacles, mais des opportunités de compréhension et de collaboration.



*Article paru dans le n°32 de notre magazine Iqra.



 

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