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Regard Fraternel (n°23) - Santa Cruz, ou Meryem Oum El Ma chez les Oranais

Dernière mise à jour : 22 août


Dans la rubrique « Regard Fraternel », nous avions évoqué la cathédrale de Notre Dame d’Afrique, ainsi que la coexistence religieuse en Algérie, terre d’Islam, qui a été au fil de l’histoire, le berceau de nombreuses religions monothéistes. Aujourd’hui, nous vous invitons, à travers cette rubrique, à découvrir la splendide Oran et l’Église de Santa Cruz. La beauté de son histoire, son emplacement majestueux et la tolérance des habitants d’Oran nous incitent à plonger dans son passé, afin de saisir toute la richesse de son patrimoine.


Murdjadjo, un site chargé d’histoire


La domination espagnole sur Oran a duré environ 300 ans, jusqu’en 1792. En 1791, un tremblement de terre ravage la ville d’Oran, entraînant l’évacuation des espagnols, qui l’avaient gouverné depuis 1509. Par la suite, la ville passe sous domination française, en 1831. Les espagnols, durant leur occupation, avaient établi trois fortifications au-dessus d'Oran, ville à majorité musulmane.


Le Fort de Santa Cruz, surplombant Oran, a été érigé par les espagnols entre 1577 et 1604, afin de résister aux attaques des Ottomans. Utilisé pour surveiller le port et le littoral de la ville, cet imposant bastion trône au sommet d’une montagne, offrant un panorama exceptionnel sur Oran et son port Mers El-Kébir.


Ce magnifique colosse de pierres se situe dans la chaine Montagneuse du Murdjadjo à plus de 400 mètres d'altitude. Le Fort de Santa Cruz (la Sainte Croix) doit sa préservation au fil des siècles à son emplacement stratégique. Ses remparts robustes, s'étendant sur plus de deux kilomètres et demi, entourent une kasbah centrale, autrefois le siège du gouverneur espagnol. Construit avec des matériaux tels que le fer, le bois, le sable, la chaux et l'eau, acheminés à travers des sentiers sinueux, le bastion a souvent été renforcé pour résister aux attaques répétées, ce qui a poussé les espagnols à améliorer sa construction, en y ajoutant un poste de défense du château-fort, qui se trouve au niveau de la montagne de l’Aidour.


Le Fort a été classé, par le Gouverneur Général durant le colonialisme français en 1950, comme un des nombreux sites naturels. Il faut rappeler que les habitants locaux ont voulu affirmer leur présence face à la domination espagnole symbolisée par « la croix au-dessus du croissant », et ont construit une zaouïa maraboutique sur un point encore plus élevé, ornée d'un croissant sur une coupole blanche. Les Espagnols, déterminés à fortifier leur position, érigèrent le Fort sur le mont Aïdour, renforçant ses fondations. L'architecture du Fort est caractérisée par des souterrains reliant les divers bastions, et des tunnels permettant l'accès aux différentes collines. À l'époque coloniale, l'exploration de ces passages nécessitait une autorisation spéciale du colonel des ingénieurs, de l’occupant français.


Une chapelle emblématique


Près du Fort se trouve une petite église, la chapelle de Santa Cruz, rénovée, avec un clocher abritant une statue imposante de la Vierge Marie. Située sur le flanc de la colline, cette chapelle est un lieu de pèlerinage catholique important. Elle offre une vue imprenable sur la ville d’Oran du côté Est et la baie de Mers El Kébir du côté ouest. La célèbre cathédrale se distingue par son emplacement stratégique surplombant le magnifique golfe Oranais. Elle éblouit les visiteurs par la beauté de son architecture et sa haute tour de pierre, couronnée par une majestueuse statue de la Vierge Marie, érigée fièrement vers le ciel.


« Notre dame du Salut » appelée également la vierge de l’Oranie, Notre-Dame de Santa Cruz, Gardienne de la ville, ou encore la Sainte des exilés et d'autres appellations encore ont été attribuées à ce magnifique monument historique et religieux en Algérie. Elle attire jusqu’à l’heure actuelle des milliers de fidèles, venus de différents pays pour prier Dieu et demander la réalisation de leurs vœux. Cette chapelle est depuis 2008 classée monument national.


Vous savez que cette cathédrale, n'est pas seulement un site de grande importance religieuse, mais aussi un symbole de protection et d'espoir pour les habitants d'Oran. Elle n'est donc pas seulement sacrée pour la minorité chrétienne, mais elle est également vénérée par les musulmans qui la considèrent comme une sainte. Les Oranais transmettent de génération en génération son miracle survenu il y a plus de 170 ans. Ce monument incarne l'histoire riche et complexe de la ville, marquée par diverses dominations et influences culturelles.


La statue de la Vierge Marie, située au sommet de la tour, est une réplique de celle de la basilique Notre-Dame de la Garde à Marseille. Elle symbolise la protection et la bienveillance, veillant sur la ville et ses habitants. La cathédrale, avec son histoire et son emplacement impressionnant, reste un lieu important.


En résumé, Notre-Dame de Santa Cruz est un joyau architectural et spirituel d'Oran, un témoignage de l'histoire et de la foi de ses habitants, et un site de grande beauté qui continue de captiver les cœurs et les esprits de tous ceux qui la visitent.



Quand la Vierge Marie devient le dernier espoir d'Oran contre le choléra


Historiquement la chapelle est beaucoup plus récente que le Fort, car elle a été érigée durant la période coloniale Française, plus exactement en 1850 sur les hauteurs du Mont Murdjadjo. La décision de construire cette chapelle a été prise à la suite de l’apparition de l’épidémie du Choléra, qui avait fait des milliers de morts dans la ville d’Oran. C’est la raison pour laquelle le Gouverneur général avait jugé qu’il était préférable de construire un lieu Saint pour la prière, afin de se rapprocher de Dieu.


Des historiens et romanciers reviennent souvent, dans leurs écrits, sur l’origine de l’idée de construire cette chapelle. Oran a été frappée à plusieurs reprises par des épidémies de choléra, la plus grave ayant eu lieu en octobre 1849. Une vague de chaleur intense a provoqué une propagation effrayante de la maladie, entraînant la mort de 2 472 personnes, dont 1 512 Arabes et 882 soldats français, sans compter les personnes infectées. Les médecins étaient impuissants face à la situation, comme l'attestent plusieurs ouvrages, notamment Le célèbre roman « La Peste » de l'écrivain francoalgérien Albert Camus, dont l'intrigue se déroule en 1947.


« Le Choléra en Algérie » du Dr Émile-Louis Bertherand, publié en 1852, et « L'Algérie, regard écrit » de Pauline de Noirefontaine, publié en 1857.

chemin, les gens priaient, élevant leurs voix en supplications, pour ésperer la guérison. Selon de nombreuses sources historiques, des pluies torrentielles se sont abattues cette soirée-là, nettoyant les égouts des eaux stagnantes et des flaques d'eau croupissantes, ce qui a entraîné une disparition progressive de l'épidémie de choléra. Les Oranais, toutes confessions confondues, ont vu en ce phénomène un véritable miracle, d'où le nom affectueux et reconnaissant donné à la statue : « Meryem Oum El Ma ».


Santa Cruz : première béatification des moines en terre arabe et musulmane


Le 8 décembre 2018, ce monument était le théâtre de la première béatification de moines en terre arabe et musulmane. Le Vatican, en collaboration avec le Ministère Algérien des Affaires religieuses, a organisé une messe solennelle pour honorer dix-neuf catholiques, dont l'évêque et les sept moines de Tibhirine. La cérémonie a également rendu hommage à des Algériens musulmans tués aux cotés des chrétiens lors de la décennie noir.


Le Pape François, par la voix de son envoyé spécial, le cardinal Giovanni Angelo, a déclaré : « Que cette béatification soit une incitation pour tous, à bâtir un monde de fraternité et de solidarité partagée. »


À la veille de cette célébration religieuse, les autorités algériennes, accompagnées d'imams et d'une délégation du Vatican, ont inauguré l'église, après trois ans de travaux de restauration, financés par des dons de diverses associations et entreprises ainsi que les autorités algériennes. Ces rénovations ont été réalisées avec la participation d'étudiants en architecture, en bâtiment, sculpture et arts, provenant d'Algérie et de pays européens, sous la supervision de l'évêque d'Oran, Jean-Paul Vesco.


Ainsi le Fort de Santa Cruz, avec sa chapelle et ses fortifications impressionnantes, demeure un témoignage précieux de l’histoire d’Oran et de la coexistence et de tolérance, en Algérie. Il continue d'attirer les visiteurs, fascinés par son histoire riche et son architecture remarquable.



 

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