Abraham avait deux caractéristiques : le monothéisme pur (hanifiyya) et la soumission à Dieu (Mouslim). Il existe un lien entre les deux, car le monothéisme mène à la soumission. Les érudits font référence à une filiation par influence plus que par descendance, c'est-à-dire que toutes les religions se revendiquent d'Abraham et le vénèrent. En même temps, ces croyances se sont influencées mutuellement, soit par une influence naturelle des idées, soit par une évolution des prophéties, en fonction du contexte spatio-temporel.
« Nous souhaitons mettre en lumière la signification du sacrifice pour chaque foi qui honore le prophète Abraham (paix d’Allah soit sur lui). »
Promouvoir la compréhension à travers les croyances abrahamiques
Dans cet article, notre objectif est d'enrichir notre perspective journalistique par une vision fraternelle, comme l'indique le nom de la rubrique « Regard Fraternel ». Nous souhaitons mettre en lumière la signification du sacrifice pour chaque foi qui honore le prophète Abraham (paix sur lui). Pour les musulmans, il est connu sous le nom de « Khalil Allah » ou « Ibrahim Al-Khalil ». Toutes ces croyances le voient comme un modèle de monothéisme, de dévotion et de foi pure, le Hanif, Mouslim, tel que décrit dans le Noble Coran.
En explorant les diverses traditions religieuses partageant cet héritage commun, notre objectif est de promouvoir une meilleure compréhension mutuelle et de souligner l'importance de la tolérance. Chaque croyance apporte sa propre interprétation et valeur au geste d'Abraham, et c'est dans cette diversité que nous trouvons une richesse culturelle et spirituelle à respecter.
« Cette fête fait référence au Prophète Abraham (paix d’Allah soit sur lui),
les adeptes du judaïsme et du christianisme célèbrent-ils également cette commémoration et pratiquent-ils le rituel du sacrifice ? »
Construire des Ponts de Respect et de Coexistence Pacifique
En ouvrant nos esprits et nos cœurs, nous pouvons construire des ponts de respect et de coexistence pacifique. Il est essentiel de reconnaître et de célébrer nos points communs tout en respectant nos différences. Cette démarche vise non seulement à informer, mais aussi à encourager un dialogue empreint de respect et de solidarité entre les diverses communautés de foi.
De nombreux érudits classent le judaïsme et le christianisme comme croyances abrahamiques. Nous, musulmans, nous croyons en tous les prophètes et en tous les livres saints cités dans le Noble Coran.
L'Aïd al-Adha, fête du sacrifice chez les musulmans, aura lieu le dimanche 16 juin 2024. Dans certains pays musulmans, on l'appelle l'Aïd El-Kébir, « le Grand Aïd », car la substitution du sacrifice dans la religion musulmane revêt une importance symbolique centrale. Étant donné que cette fête fait référence au Prophète Abraham (paix d’Allah soit sur lui), les adeptes du judaïsme et du christianisme célèbrent-ils également cette commémoration et pratiquent-ils le rituel du sacrifice ?
Dans les deux cas, les récits de sacrifices offrent des leçons sur la confiance en Dieu, la soumission à sa volonté et la conviction que le sacrifice peut conduire à la rédemption et à la grâce divine.
« Dans les deux cas, les récits de sacrifices offrent des leçons sur la confiance en Dieu, la soumission à sa volonté et la conviction que le sacrifice peut conduire à la rédemption et à la grâce divine. »
Pratique du sacrifice dans les rituels des autres cultes
Dans le Judaïsme, Rosh Hashana, le Nouvel An juif, est célébré à la fin du mois de septembre du calendrier hébraïque. Cette fête commémore le moment où Dieu demanda à Abraham de sacrifier son fils Isaac. Selon la Genèse, Abraham se préparait à offrir Isaac en sacrifice lorsque Dieu, satisfait de sa foi, lui offrit un bélier en remplacement. Ainsi, le son du shofar, la corne de bélier, lors de Rosh Hashana, symbolise ce moment marquant de l'histoire juive.
Les coutumes de Rosh Hashana sont riches en symboles et significations. Les membres de la communauté juive récitent des prières spéciales et participent à des repas festifs. Un rituel populaire consiste à manger des tranches de pomme trempées dans du miel, symbolisant l'espoir d'une année douce et remplie de bénédictions. De plus, une tradition appelée Tashlikh implique de jeter des morceaux de pain dans une source d'eau, symbolisant le rejet des péchés de l'année écoulée.
Dans le Christianisme, le sacrifice n'est pas considéré comme une pratique centrale dans le culte quotidien, mais il revêt une importance particulière dans le contexte des vœux. Ces sacrifices peuvent être accomplis pour exprimer la gratitude ou solliciter une intervention divine dans des situations spécifiques telles que la guérison de maladies, la résolution de crises financières ou la protection contre des menaces extérieures.
Dans la foi chrétienne, Jésus-Christ (Issa) est perçu comme portant les péchés de l'humanité et les rachetant par sa crucifixion et sa résurrection. Ainsi, l'idée du sacrifice rituel devient moins nécessaire, car la rédemption des péchés est considérée comme accomplie par l'œuvre salvatrice de Christ. Cette compréhension est soutenue par les enseignements du Nouveau Testament, considéré comme une continuation de l'Ancien Testament, où les chrétiens croient que l'œuvre salvatrice de Christ achève le plan divin initié dans l'Ancien Testament.
Les récits de sacrifices, celui d'Isaac dans la tradition juive et celui de Jésus-Christ dans la tradition chrétienne, offrent des perspectives riches sur la foi, la dévotion et la relation entre Dieu et l'humanité.
Dans la tradition juive, le sacrifice d'Isaac enseigne la confiance absolue en la volonté divine. Abraham démontre sa foi en étant prêt à sacrifier son fils, un acte finalement empêché par l'intervention divine. Cette histoire souligne l'importance de l'obéissance et de la soumission à la volonté de Dieu, ainsi que la confiance en sa providence et en sa bonté.
Dans la tradition chrétienne, le sacrifice de Jésus (Issa) est interprété comme l'ultime acte d'amour et de rédemption. Jésus se sacrifie volontairement pour expier les péchés de l'humanité. Cette leçon explique l'idée du pardon divin, de l'amour inconditionnel et de la possibilité de la rédemption à travers la foi en Christ.
Dans les deux cas, les récits de sacrifices offrent des leçons sur la confiance en Dieu, la soumission à sa volonté et la conviction que le sacrifice peut conduire à la rédemption et à la grâce divine. Ils illustrent également l'idée que la relation entre Dieu et l'humanité est profonde et complexe, impliquant des actes de foi, de dévotion et de grâce.
« Bien que l'histoire d'Abraham et d'Ismaël implique le sacrifice d'un mouton, elle met également en évidence le respect de la vie humaine. Le fait que Dieu ait épargné la vie d'Ismaël et ait fourni un substitut souligne l'importance de préserver la vie humaine. »
Aïd Al-Adha
Les musulmans célèbrent l'Aïd al-Adha, l'une des deux fêtes importantes de l'islam (l'autre étant l'Aïd al-Fitr). Elle coïncide avec le 10 du mois de Dhu al-Hijjah, après la fin de la station à Arafat, où les pèlerins musulmans accomplissent l'un des rites les plus importants de l'islam, le Hajj.
Cette fête commémore, selon les textes coraniques, l'événement où Abraham, Ibrahim (paix d’Allah soit sur lui), a envisagé de sacrifier son fils Ismaël conformément au commandement divin. Cet événement est basé sur le récit coranique : « Et il dit : "Moi, je pars vers mon Seigneur et Il me guidera. Seigneur, fais-moi don d'une ‘progéniture’ d'entre les vertueux". Nous lui fîmes donc la bonne annonce d'un garçon (Ismaïl) longanime.Puis quand celui-ci fut en âge de l'accompagner, Abraham dit : « Ô mon fils, je me vois en songe en train de t'immoler. Vois donc ce que tu en penses ». (Ismaël) dit : « Ô mon cher père, fais ce qui t'es commandé : tu me trouveras, s'il plaît à Allah, du nombre des endurants ». Puis quand tous deux se furent soumis (à l'ordre d'Allah) et qu'il l'eut jeté sur le front, voilà que Nous l'appelâmes « Abraham ! Tu as confirmé la vision. C'est ainsi que Nous récompensons les bienfaisants ». C'était là, certes, l'épreuve manifeste. Et Nous le rançonnâmes d'une immolation généreuse. Et Nous perpétuâmes son renom dans la postérité : "Paix sur Abraham".Ainsi récompensons-Nous les bienfaisants, car il était de Nos serviteurs croyants. » (Sourate As-Saffat : 99-111).
L'une des manifestations de cette fête, pour les musulmans, est le sacrifice d’un mouton, d’une vache ou d’un chameau et la distribution de la viande aux proches, aux nécessiteux et à sa propre famille. Ceci a lieu après la prière de l'Aïd, qui se déroule après la prière de l'aube du dixième jour du mois de Dhu al-Hijjah, conformément au verset coranique : « Nous t'avons certes accordé l'abondance. Accomplis donc la Salat pour ton Seigneur et sacrifie. » (Sourate Al-Kawthar :1-2).
Les dix premiers jours de Dhu al-Hijjah sont également spéciaux pour les musulmans, au point qu'ils jeûnent les neuf premiers jours, pour ceux qui ont la capacité, conformément à une tradition prophétique. Le prophète, (SAWS) a dit : « Il n’est pas de jours où les actions de bien soient plus aimées de Dieu qu’en ces jours-là. » Ainsi, profitez de cette période pour intensifier vos invocations, vos prières et vos œuvres de charité. (Hadith authentique rapporté par At-Tirmidhi et Ibn Majah).
L'Aïd al-Adha et le récit abrahamique, tel qu'il est mentionné dans le Coran, nous offre plusieurs leçons importantes, en plus de mettre en valeur la sacralité de la vie humaine :
L'histoire d'Abraham ou Seydina Ibrahim (paix d’Allah soit sur lui) et de son fils Ismaël, dans le Coran, met en évidence l'importance de l'obéissance totale à la volonté de Dieu. Abraham était prêt à sacrifier son fils en réponse à l'ordre divin, démontrant ainsi sa foi et sa soumission absolues.
·Lorsque Dieu a épargné Ismaël et a fourni un bélier en sacrifice à la place, cela souligne la confiance en la providence divine. Cela enseigne aux croyants qu'ils peuvent compter sur la sagesse et la bonté de Dieu dans toutes les situations, la vie humaine est chère.
L'Aïd al-Adha enseigne également la valeur de la générosité et du partage. Après le sacrifice, une partie (trois tiers) de la viande de l'animal est donnée aux pauvres et aux nécessiteux, renforçant ainsi les liens communautaires et la solidarité. Bien que l'histoire d'Abraham et d'Ismaël implique le sacrifice d'un mouton, elle met également en évidence le respect de la vie humaine. Le fait que Dieu ait épargné la vie d'Ismaël et ait fourni un substitut souligne l'importance de préserver la vie humaine.
En méditant sur l'histoire d'Abraham et d'Ismaël, les fidèles sont invités à réfléchir au concept de sacrifice personnel. Cela implique parfois de se séparer de quelque chose de précieux en signe d'obéissance à la volonté divine ou dans le but d'assister autrui, tout en préservant un respect profond pour la vie humaine.
L'Aïd al-Adha et le récit d'Abraham apportent des enseignements essentiels sur la foi, la soumission à la volonté divine, la générosité et le respect de la vie humaine, des principes fondamentaux des traditions islamiques. Il est également crucial de souligner que l'abattage rituel en Islam est encadré par des normes religieuses, éthiques et humanitaires, qui préconisent la compassion envers l'animal sacrifié. Nous avons déjà exploré ce thème, dans un précédent numéro d’IQRA.
*Article paru dans le n°23 de notre magazine Iqra.
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