Dans de nombreuses villes européennes, il est courant de croiser une église, une rue ou une institution portant le nom de Saint Augustin. Son nom est parfois gravé sur un mur d’un bâtiment, comme c’est le cas dans certains quartiers antiques de Barcelone, un détail souvent évoqué par les guides touristiques. En tant que l’un des penseurs les plus influents du christianisme, il paraît pertinent d’explorer sa pensée. En creusant, nous avons constaté l’importance qu’il accordait à sa mère, qu’il vénérait et considérait comme essentielle dans la formation de sa personnalité et dans son succès. C’est ainsi que nous avons décidé de nous intéresser à cette figure maternelle, une femme dont l’influence mérite pleinement d’être reconnue.
Qui était réellement la mère de Saint Augustin ?
Il s’agit de Monique d’Hippone, née en 332 après J.C. dans le village de Thaghaste, l’actuelle Souk Ahras, en Algérie. Elle a grandi dans un environnement chrétien profondément sincère. Dès son enfance, elle abandonnait parfois ses amies et ses jeux pour se retirer derrière un arbre, s’agenouillant pour prier. À mesure qu’elle grandissait, sa foi chrétienne fleurissait davantage dans son cœur. Sa beauté était remarquable, sa silhouette élancée, son esprit clair, sa sagesse profonde, son âme vaste et ses émotions intenses.
Le destin voulait qu’elle épouse Patricius, un notable de Thaghaste, de religion polythéiste qu’elle servit avec dévouement. Malgré ses colères et ses infidélités, elle supportait tout avec patience, gagnant ainsi le respect et l’amour de son mari. Par sa douceur, elle apaisait également les tensions avec sa bellemère, et jouait un rôle de pacificatrice.
Monique donne naissance à trois enfants, dont Augustin, qu’elle élève avec une grande piété chrétienne. Elle ne souhaitait cependant le faire baptiser que plus tard, à sa demande, même lorsqu’il se trouvait en danger de mort. Elle n’exécute pas ce projet, craignant que les tentations de l’adolescence, notamment son désir de conquêtes amoureuses, ne le détournent de sa foi. Tout en espérant qu’il fasse carrière, elle ne le poussait pas vers le mariage, de peur que cela ne compromette ses ambitions académiques et professionnelles, préférant attendre qu’il soit pleinement accompli et prêt à faire des choix mûrement réfléchis.
Ce qui caractérise le plus cette sainte, c’est sa foi profonde dans le pouvoir de la prière. Comme le disent les pères de l’Église : « Bienheureux celui qui se tient à la porte de la prière. » Grâce à ses prières ferventes, issues d’un cœur rempli de foi, elle réussit à ramener son mari. Elle avait fermement décidé de gagner l’âme de son mari, et sa foi inébranlable la poussait à conseiller les autres femmes en détresse, leur disant que la prière est la clé du salut. La première réponse à ses prières était la conversion de son mari Patricius, ce qui la réjouit profondément et lui fait oublier ses souffrances. Mais, il mourut peu après, la laissant veuve alors qu’elle était encore jeune. Après la mort de son mari, elle se consacre entièrement à ses enfants, à l’aide aux proches, et aux œuvres de charité. Elle se rendait à l’église chaque jour, et passait de longues heures à visiter les malades, à servir les pauvres, à consoler les veuves et à relever le moral des mères dont les enfants s’étaient égarés.
Les larmes d’une mère exaucées par la miséricorde divine
Augustin achève ses études à l’école de Madoure, une ville intellectuelle célèbre située à 30 km de Thagaste, où il surpassait même ses professeurs grâce à son talent et son intelligence. Son père, avant sa mort, souhaitait l’envoyer à Carthage pour poursuivre ses études, mais le manque d’argent l’oblige à passer une année chez lui, sans occupation, en compagnie de mauvaises fréquentations. Pendant cette période, il s’adonnait à des actes inconsidérés, comme voler des poires dans les jardins des voisins, non par nécessité, mais par goût pour la domination.
Une année plus tard, à Carthage, il excelle dans ses études et développe une passion pour la sagesse. Sa mère espérait que ses connaissances le mèneraient à la foi en Dieu. À l’aube de sa jeunesse, il s’écartait du droit chemin, séduit par une femme plus âgée. Malgré les exhortations incessantes de sa mère, il demeure sourd à ses paroles, qu’il considérait comme de simples propos féminins, alors que pour elle, elles reflétaient la voix de Dieu.
Elle intensifie ses prières, ses jeûnes et ses larmes pour implorer le retour de son fils. Après sa conversion, Augustin écrit: « Devant toi, ta fidèle servante, ma mère, me pleurait avec plus de larmes que d’autres mères n’en répandent sur un cercueil. » Dans ce même esprit de confiance et d’espérance, le pape François évoque : « Nous en venons à la dernière inquiétude, l’inquiétude de l’amour. Ici, je ne peux manquer de m’arrêter sur la mère, Monique. Que de larmes a versées cette sainte femme pour la conversion de son fils. Et combien de mères versent aujourd’hui encore des larmes pour que leurs enfants retournent au Christ ! Ne perdez pas l’espérance dans la grâce de Dieu. Dans les Confessions, nous lisons cette phrase qu’un évêque dit à sainte Monique, qui lui demandait d’aider son fils à retrouver le chemin de la foi : “Il est impossible que l’enfant de telles larmes périsse”. » (Paroles du pape François, Basilique Saint-Augustin à Campo Marzio, Rome, Mercredi 28 août 2013)
Le retour d’Augustin à la foi
En 382, Augustin quitte sa mère, Monique, pour poursuivre gloire et richesse à Rome. Malgré ses larmes et prières, il s’éloigne d’elle et de Dieu. Refusant de renoncer, Monique le rejoignit à Milan, où elle reçut l’assurance de Saint Ambroise : « Le fils de tes larmes ne périra pas. » Ses prières exaucées, Augustin se convertit et reçu le baptême en 387.
Peu après, Monique, apaisée et comblée, déclare : « Tout ce que j’ai désiré est accompli. » Elle décède cette même année, laissant un héritage de foi et d’amour maternel. La sainte Monique aurait pu rester une femme oubliée de l’histoire, comme tant d’autres de son époque. Mais en donnant naissance à Augustin, l’une des plus grandes figures de l’Église, elle a laissé une empreinte indélébile.
Par sa foi inébranlable, ses prières incessantes et son amour infini, elle a contribué à façonner non seulement le destin de son fils, mais aussi celui de la chrétienté.
*Article paru dans le n°45 de notre magazine Iqra.
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