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Récits célestes (n°15) - L’eau dans le Coran : entre bénédiction et responsabilité écologique



« Ceux qui ont mécru n'ont-ils pas vu que les cieux et la terre formaient une masse compacte ? Puis Nous les avons séparés et Nous avons fait de l'eau toute chose vivante. Ne croiront-ils donc pas ? »

La sourate Al-Anbiyaa, verset 30


L'eau, source de vie, occupe une place centrale dans les programmes des sociétés. Depuis la nuit des temps, elle a façonné les civilisations, nourri les cultures et soutenu les écosystèmes. Pourtant, aujourd’hui, cette ressource vitale est confrontée à des défis sans précédent, exacerbés par le changement climatique et les pressions environnementales croissantes. La rareté de l'eau, la pollution de nos rivières et l'épuisement des nappes phréatiques sont désormais des enjeux qui exigent une attention mondiale urgente.


La gestion et la symbolique de l'eau dans la création divine


Il est fascinant de constater que, bien avant l’émergence des préoccupations environnementales modernes, le Coran avait déjà abordé la question de l'eau et de sa gestion. Depuis quatorze siècles, ce texte sacré met en avant l'importance de ce bienfait divin, comme élément dont la préservation est primordiale pour l'équilibre de la vie et de la nature. Il est à préciser que dans le Coran, le mot "ماء" (eau) apparaît 59 fois. De plus, les variations de ce mot, telles que "ماءك" (ton eau), "ماءها" (son eau), "ماؤكم" (votre eau) et "ماؤها" (son eau, au fém.), sont mentionnées 4 fois. Ainsi, le terme "eau" et ses dérivés figurent un total de 63 fois dans le Coran.


Cette sagesse ancienne, qui prône la gratitude et la responsabilité envers cette ressource, résonne aujourd'hui plus que jamais, alors que nous luttons pour préserver notre environnement et garantir l'accès à l'eau pour les générations futures. En explorant cette relation entre la vision coranique et les défis contemporains, nous découvrons une perspective intemporelle sur la gestion de l'eau et la protection de notre planète.


L’eau est souvent décrite dans toutes les croyances et dans toutes les civilisations comme un élément fondamental de la création et même comme l'origine de la vie. Pour les musulmans, ces derniers s’appuient sur la parole de Dieu, un verset clé du Coran dit : « Et c'est Lui qui a créé les cieux et la terre en six jours, alors que Son Trône était sur l'eau. » (La sourate Houd, verset 7). L'eau pourrait être l'une des premières créatures du Tout-Puissant, précédant même le Trône (Al-'Arsh).


L’eau est au cœur de la création, comme le révèle le Coran, où sa mention est souvent associée à celle du trône divin. Selon l'exégèse, notamment les commentaires d'Ibn Hajar, l'eau et le trône seraient parmi les premiers éléments créés, avant la formation des cieux et de la terre. Il est précisé que, à ce stade initial, seule l'eau existait sous le trône.


Moujahid confirme que le début de la création inclut le trône, l'eau et l'air et que la terre a été façonnée à partir de l'eau. De son côté, al-Qurtubi explique que le verset indique dans : « ...et Son trône était sur l'eau » que le trône et l'eau ont été créés avant les cieux et la terre. Il ajoute que le terme « eau » dans ce contexte ne se réfère pas nécessairement à l’eau terrestre, car la création divine dépasse notre compréhension limitée. Selon Saad ibn Jubayr, l'eau était en réalité soutenue par le vent, selon les commentaires d'Ibn Abbas.


Ces récits illustrent non seulement l’importance primordiale de l’eau dans la cosmologie islamique mais aussi sa connexion centrale avec les premières étapes de la création. Cette perspective ancienne résonne aujourd’hui dans notre compréhension contemporaine des défis environnementaux liés à l’eau.


Protection de l'environnement aquatique dans l'Islam


La protection de l'environnement aquatique est un aspect important de l'enseignement prophétique. L'eau n'est pas considérée comme une propriété privée mais comme un don divin accordé à toute l'humanité. Le Prophète Mohamed (paix et bénédictions sur lui) a clairement exprimé ce principe dans un hadith authentique : « Les gens sont partenaires dans trois choses : l'eau, la pâture et le feu. » (Sounan Ibn Majah).


Ce hadith souligne que l'eau est un bien commun, dont l'accès et l'utilisation doivent être équitables. En d'autres termes, personne ne doit se permettre de restreindre ou d’abuser des droits des autres concernant l’eau, que ce soit en termes de quantité ou de qualité. Cette approche met en avant l'importance de préserver les ressources en eau pour le bien de la communauté, et de veiller à leur gestion responsable, en harmonie avec les principes de justice et de respect des droits de chacun.


Prescription musulmane pour la préservation de l'environnement


L'Islam accorde une grande importance à la préservation d'un environnement agréable et exempt de tout ce qui pourrait nuire à sa préservation et son équilibre. Pour maintenir cet équilibre, plusieurs prescriptions ont été établies. L'Islam encourage l'aménagement et la revitalisation des terres, notamment celles du désert, insistant ainsi sur leur reboisement. Le Prophète Mohamed (paix et bénédictions sur lui) dit : « Celui qui aménage une terre qui n'appartient à personne est le plus en droit de l'occuper » (Sounan Ibn Majah). Il a également recommandé l'agriculture pour éviter que les terres ne restent en friche et a interdit la coupe des arbres, soulignant que cela non seulement affecte la beauté de l'environnement, mais prive aussi les gens et les animaux de leurs ressources. Le Prophète dit : « Ne coupez pas les arbres, car ils sont une protection pour les bétails en période de sécheresse. » De plus, il a ordonné de débarrasser les chemins de tout déchet pour garder la terre propre et agréable à voir.


La préservation de l'eau est également importante, comme il est mentionné ci-dessous, Allah dit dans le Coran : « C'est Lui qui fait descendre du ciel de l'eau par laquelle vous vous abreuvez et par laquelle vous faites pousser des arbres pour votre pâturage, il fait croître pour vous la culture, l'huile d'olive, les palmiers, les vignes et tous les fruits. Il y a en cela un signe pour des gens qui réfléchissent » (Sourate An-Nahl, verset 11). L'eau est aussi un moyen de purification, comme mentionné dans le verset : « Il fait descendre sur vous du ciel de l'eau pour vous purifier et pour enlever la souillure du diable » (Sourate Al-Anfål, verset 11).


Ainsi, l'Islam encourage la préservation de la propreté de l'eau et condamne son pollueur, interdisant même d'uriner dans l'eau stagnante. Il insiste également sur la nécessité de ne pas gaspiller l'eau, même pour les ablutions et les purifications. En ce qui concerne la protection des animaux rares et des réserves naturelles, l'Islam interdit la chasse dans certaines conditions et lieux pour permettre aux animaux et aux oiseaux de se reproduire et prospérer.


L'Islam condamne la pollution. Le Prophète (paix et bénédictions sur lui) a dit : « Si vous devez rester sur le chemin, donnez-lui ses droits. Ils ont demandé : Quels sont les droits du chemin, Ô Messager d'Allah ? Il a répondu : Baisser le regard, répondre au salut, et enlever les salissures du chemin. » Il a aussi maudit ceux qui urinent à l'ombre des arbres ou en pleine rue.


L'Islam encourage le développement de l'environnement. Mohamed , SAWS, a dit : « Il n'y a pas de musulman qui plante un arbre ou cultive une terre, dont les fruits sont consommés par un oiseau, un être humain ou un animal, sans que cela ne soit considéré comme une aumône pour lui. » Même en temps de guerre, il a interdit la coupe des arbres et l'abattage des animaux sauf pour la nourriture nécessaire. Il a aussi encouragé la plantation, car les plantes sont notre principal moyen de purifier l'air de la pollution.


Aujourd'hui, la situation est bien plus grave, avec des déchets nucléaires et chimiques jetés dans les mers ou enfouis sous terre, entraînant la destruction des cultures, des sols et de la vie. La pollution de l'air que nous respirons est également un problème majeur.



Enjeux et recommandations environnementales


Dans son rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau, publié en 2021, l’UNESCO met l’accent sur la relation entre l’eau et l’environnement et note que : « L'environnement est au cœur du cycle de l'eau et fait partie intégrante de tous les aspects de la gestion de l'eau. Toute eau prend sa source dans l'environnement et y retourne, charriant avec elle les impuretés provenant des activités humaines. »


L'importance de l'environnement se manifeste à travers les avantages qu'il apporte aux populations, tels que l'approvisionnement en eau potable, l'irrigation agricole, l'utilisation industrielle de l'eau, la gestion des phénomènes extrêmes comme les inondations, ainsi que la contribution à la réduction de la pollution.


La relation entre l'environnement et l'eau peut être gérée de manière proactive pour faire face aux défis hydriques, en adoptant des solutions basées sur la nature. Mais de nos jours, la gestion de l’eau est devenue un enjeu fondamental pour assurer un développement durable. Elle représente non seulement la source de toute forme de vie et de santé, mais elle est également essentielle au bien-être des populations et au bon fonctionnement des écosystèmes. L’accès à l’eau est un facteur clé du développement économique et social. Cependant, à travers le monde, cette ressource est de plus en plus surexploitée, gaspillée et contaminée à un rythme sans précédent, posant ainsi des défis majeurs pour sa préservation durable.


Malgré l’existence de mécanismes sophistiqués pour répartir cette ressource, les activités humaines et industrielles continuent de dégrader la qualité de l'eau, au point de la rendre souvent impropre à la consommation et à l’agriculture, tout en étant nuisible à l’environnement. Le changement climatique perturbe le cycle de l’eau à l’échelle mondiale, provoquant une diminution des précipitations dans certaines régions, ce qui intensifie les sécheresses, tandis que dans d’autres régions, l’augmentation des précipitations favorise les inondations.


Les menaces qui pèsent sur cette ressource vitale, ainsi que les risques liés à sa gestion, pourraient compromettre gravement les objectifs de développement durable définis par les Nations unies, notamment pour les pays les plus vulnérables du Sud. Parmi ces objectifs figure l’accès universel à une eau salubre d’ici à 2030. Selon les estimations récentes des Nations unies, en 2020, deux milliards de personnes n'avaient toujours pas accès à une eau potable à domicile. Plus inquiétant encore, plus de cent millions de personnes consomment encore de l'eau non traitée. Face à cette réalité, les États se trouvent confrontés à une urgence mondiale : gérer plus efficacement cette ressource précieuse pour limiter la crise de l’eau, qui est exacerbée par l’augmentation de la population mondiale et les bouleversements climatiques en cours.


Enfin, on conclut que le Noble Coran accorde une importance particulière à la préservation de l’eau, décrite comme une source de vie pour toutes les créatures. Il appelle à une gestion responsable et à éviter le gaspillage, rappelant que l’eau est un don précieux d'Allah. Aujourd'hui, cette sagesse trouve un écho dans les recommandations environnementales modernes, qui alertent sur la raréfaction des ressources en eau et les conséquences du changement climatique. Les experts ainsi que les instances internationales appellent à une gestion durable de cette ressource vitale, en lien direct avec les enseignements coraniques sur la protection de l'environnement et des biens communs.


 

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