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Notre mosquée (n°28) - Bienfaits et précautions du jeûne : le regard du Professeur Sadek Beloucif



Le vendredi 28 février, la veille du mois sacré de Ramadhan, la Grande Mosquée de Paris a accueilli le Professeur Sadek Beloucif, chef de service d'anesthésie-réanimation à l'Université Paris 13 et au CHU Avicenne de Bobigny (AP-HP). Invité à donner le dars d’El-Djoumouâ, où il a abordé les bienfaits du jeûne et les précautions à prendre pour les personnes souffrant de pathologies particulières.


Un équilibre entre spiritualité et santé


Le Professeur Beloucif a tout d'abord rappelé l'importance spirituelle du jeûne : « un temps de purification, de partage et de rappel ». Mais au-delà de cette dimension, il a souligné les effets physiologiques et psychologiques du jeûne sur le corps humain.


« Le jeûne contribue à la santé mentale en procurant un sentiment de paix. La santé est la clé du bonheur », a-t-il affirmé en citant un hadith prophétique : « Dieu a des droits sur vous, mais votre corps aussi a des droits sur vous ».


Il a insisté sur la nécessité de pratiquer le jeûne de manière saine et raisonnable, en rappelant un verset du Coran : « Allah veut pour vous la facilité et ne veut pas pour vous la difficulté » (Baqara, verset 185).


Les effets du jeûne sur le corps


Sur le plan médical, le Professeur Beloucif a expliqué comment le jeûne agit sur l'organisme. Il favorise notamment la mobilisation des graisses pour fournir de l’énergie, sans affecter la masse musculaire lors de périodes de jeûne raisonnables (8 à 10 heures).


« Au bout de quelques jours, une hormone particulière s’élève dans l’organisme, contribuant à un état général de bien-être », a-t-il précisé. De plus, le jeûne permet de réduire le cholestérol et d’améliorer la discipline personnelle, favorisant ainsi un meilleur contrôle de soi.


Il a également souligné que le mois de Ramadhan peut être une occasion pour certains de stopper des habitudes néfastes, comme le tabagisme. « Des études menées par des chercheurs anglais ont montré qu’une cigarette fumée réduit l’espérance de vie de 20 minutes. Un paquet par jour représente une perte conséquente ! », a-t-il mis en garde.


Une alimentation équilibrée pour un jeûne sain


Concernant l’alimentation, il a insisté sur l'importance de ne pas surconsommer après la rupture du jeûne et de respecter un équilibre alimentaire :


  • 1/3 de glucides complexes (pain, céréales, pâtes, riz, pommes de terre) pour fournir de l’énergie sur la durée.

  • 1/3 de fruits et légumes pour les vitamines et les minéraux.

  • 1/3 de protéines et lipides (viande, poisson, produits laitiers, huiles) pour l’apport en acides aminés essentiels et en bonnes graisses.


« Il est important de ne pas consommer plus que d’habitude et de maintenir une alimentation équilibrée », a-t-il recommandé.


Le jeûne et les maladies chroniques : vigilance pour les diabétiques


Le Professeur Beloucif a alerté sur les risques pour les personnes atteintes de maladies chroniques, en particulier les diabétiques. Il a rappelé que ces patients doivent surveiller leur glycémie plusieurs fois par jour.


« En cas d’hypoglycémie, il faut impérativement rompre le jeûne pour éviter un coma. De même, une hyperglycémie prolongée nécessite une bonne hydratation et un ajustement du traitement », a-t-il indiqué.


Il a fermement mis en garde contre l’arrêt de l’insuline chez les diabétiques insulino-dépendants, précisant que cela peut conduire à un coma acidosique, une complication potentiellement mortelle. « Certains patients présentent des complications graves (atteintes cardiaques, rénales ou nerveuses) qui rendent le jeûne extrêmement dangereux. Dans ces cas, il est interdit médicalement de jeûner, et cela est unanimement reconnu par les médecins, musulmans ou non. »


Un message de responsabilité


Le Professeur Beloucif a conclu en rappelant que la santé prime sur toute autre considération et que la religion elle-même prône la facilité et non la souffrance. « Il est essentiel de consulter son médecin avant de jeûner en cas de maladie chronique et de suivre les recommandations médicales. »


Par ailleurs, pour ceux qui souffrent de maux de tête liés au manque de caféine, il a conseillé de prendre du Doliprane au moment du Sohor avec un grand verre d'eau. Ces maux de tête, fréquents en début de jeûne, durent généralement du premier jour jusqu’à une semaine avant de disparaître progressivement.


Son intervention a été accueillie avec beaucoup d’intérêt par les fidèles, mettant en lumière l’importance d’un jeûne équilibré, aussi bien sur le plan spirituel que médical.



*Article paru dans le n°55 de notre magazine Iqra.



 

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