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Notre mosquée (n°27) - École nationale Ibn Badis : un nouveau chapitre pour la formation des cadres religieux en France



Dans une atmosphère solennelle et empreinte de célébration, Chems-eddine Hafiz, Recteur de la Grande Mosquée de Paris, a inauguré, ce mardi 25 février 2025 en début d'après-midi, à Vitry-sur-Seine, en proche banlieue parisienne, l'École Nationale Ibn Badis. Ce nouvel établissement ambitionne de devenir un pôle d'excellence éducative, alliant enseignement académique et transmission des valeurs de tolérance.


Lors de son allocution, le Recteur a souligné l'importance de cette inauguration, en déclarant : « C'est avec fierté et un profond sentiment de responsabilité que nous inaugurons aujourd'hui l'École Nationale Ibn Badis ». Ce projet incarne l’engagement en faveur d'une éducation de qualité, ouverte et ancrée dans les principes du vivre-ensemble.


Cet événement d’envergure a réuni de nombreuses personnalités, parmi lesquelles M. Pierre Bell-Lloch, maire de Vitry-sur-Seine, Mme Pavine Lacombe, cheffe du Bureau central des cultes au ministère de l’Intérieur, le représentant du Quai d’Orsay, M. Houssam Eddine Hamimid, Chargé d’affaires de l’Ambassade d’Algérie, M. Houssam Eddine Touahria, Consul d’Algérie à Créteil, les représentants des Ambassades d’Égypte et de Tunisie en France.


Une nouvelle ère pour l’École nationale Ibn Badis


Les couloirs résonnent d’un nouvel écho, et les salles de classe s’apprêtent à accueillir une génération d’étudiants animés par la quête du savoir. Symbole d’un engagement en faveur de l’éducation et de la transmission des connaissances, cette institution s’est donnée pour mission de former les cadres religieux appelés à exercer dans toute la France. Un rôle d’autant plus crucial que les attentes de la société évolue, exigeant de ces cadres une compréhension fine des enjeux contemporains. S'exprimant devant l'assemblée, le Recteur a souligné : « Nous franchissons désormais une nouvelle étape. À compter de ce jour, l’École nationale Ibn Badis devient le pôle central des activités de formation et d’éducation de la Grande Mosquée de Paris, comprenant l’enseignement de la langue arabe et de la calligraphie arabe aux enfants. Cet établissement offrira des conditions optimales aux étudiants et nous permettra d’augmenter leur nombre. »


Après la traditionnelle coupure du ruban, Le recteur a conduit ses invités à travers les différentes installations de l’école. Ce moment privilégié a permis aux visiteurs de mesurer l’ampleur du projet et d’apprécier le soin apporté à chaque détail. À travers une visite des salles de classe et de la bibliothèque, les hôtes ont pu constater l’engagement des responsables exécutifs du projet, sous la direction attentive de Mohamed Louanoughi, Directeur Général de la Grande Mosquée de Paris, à offrir un environnement propice à l’apprentissage et à la réflexion.


Mais au-delà de la qualité des infrastructures, c’est une véritable philosophie qui imprègne ces lieux. L’école a été pensée pour être accessible à tous, comme en témoigne l’installation d’un ascenseur dédié aux personnes à mobilité réduite. Ce souci d’inclusivité traduit une ambition plus large : faire de ce nouveau siège un espace où tradition et modernité se rejoignent harmonieusement, au service du savoir et de la transmission.


Une école au service de la formation des cadres religieux


L’École nationale Ibn Badis regroupe l’ensemble des activités d’enseignement et de formation de la Grande Mosquée de Paris. Depuis la création de l’Institut Al-Ghazali en 1993, elle s’est imposée comme un pôle incontournable pour la formation des imams et du personnel religieux.


Le programme, dispensé sur trois années et réparti en trimestres, alterne cours théoriques et enseignement pratique. L’objectif est de permettre aux diplômés d’exercer dans les mosquées de France et, pour ceux qui le souhaitent, d’accéder à des fonctions d’aumônier en milieu hospitalier, militaire ou pénitentiaire.


Le cheikh Mohamed Amine, responsable pédagogique, a affirmé : « Le programme, dans tous ses aspects, prend en compte les spécificités culturelles et sociales en France, permettant ainsi aux imams d’interagir non seulement avec les musulmans, mais aussi avec les non-musulmans et es personnes sans religion. Cela se traduit par une mise à jour des enseignements, avec des matières comme la jurisprudence, matière essentielle pour développer l’esprit critique. » Il ajoute : « En plus des matières juridiques, des cours non religieux, tels que les systèmes et les droits civiques sont également proposés pour enrichir la formation des étudiants



Une présence renforcée sur le territoire français


Au fil des années, l’école s’est développée bien au-delà de Paris. Aujourd’hui, elle compte : « Cinq annexes qui ont d’ores et déjà vu le jour à travers le pays : aux Mureaux, à Lille, à Marseille, à Rive-de-Gier, au plus près des hommes et des femmes désireux d’apprendre et de mettre leur foi au service de leurs coreligionnaires » (extrait du discours du Recteur). Cette extension permet à un plus grand nombre d’étudiants d’accéder à une formation adaptée aux réalités locales. Dans ce cadre, la coordination entre les différents sites est essentielle pour garantir une formation homogène et de qualité.


Cheikh Rachid Benchikh, formateur et responsable de la coordination, souligne l’importance d’un suivi rigoureux : «Le coordinateur des annexes veille à l’harmonisation des programmes pour garantir une formation unifiée. Il supervise leur mise en œuvre et assure le bon déroulement du travail collectif. Par ailleurs, nous finalisons la mise en place d’une formation à distance afin d’offrir cette opportunité à ceux n’ayant pu rejoindre l’institut en présentiel.»


Une cérémonie marquée par une sortie de promotion


L’inauguration qui vient consacrer une vision tournée vers l’avenir, alliant excellence académique et adaptation aux défis du temps, coïncide avec la sortie d’une promotion d’étudiants ayant suivi la formation. Entre fierté et émotion, ces nouveaux diplômés s’apprêtent à entamer une nouvelle étape de leur parcours. Mohamed Ben Dali, imam diplômé, a évoqué son parcours de formation de trois ans, qui lui permet d’exercer ses fonctions avec aisance. Il a souligné que l’apprentissage dans le domaine religieux est un processus continu et a exprimé sa pleine conscience des responsabilités qui incombent à un imam, particulièrement dans le contexte de la société française.


Pour sa part, Nassima Zadi, également diplômée, a fait part de sa passion pour le travail en faveur des femmes détenues, soulignant leur besoin d’accompagnement et exprimant sa volonté de les soutenir. Elle a également mis en avant la richesse du contenu de sa formation, qui lui a été d’une grande utilité dans son engagement en tant qu’aumônière.


Un cadre juridique en évolution


En parallèle de cette inauguration, une réunion s’est tenue le jeudi dernier pour la mise en œuvre du nouveau régime juridique des imams officiant sous l’égide de la Grande Mosquée de Paris. Ce cadre vise à renforcer l’encadrement de leur formation et leur reconnaissance institutionnelle.


Pour rappel, la France a décidé de mettre fin aux « imams détachés ». Et, depuis le 1er janvier, elle n’accepte plus sur son territoire des imams envoyés et rémunérés par d’autres pays. Cette mesure, annoncée par le Président Emmanuel Macron lors de son discours à Mulhouse (Haut-Rhin) en février 2020, vise à renforcer l’autonomie et l’intégration des pratiques religieuses dans la société française. Dans ce cadre, la Grande Mosquée de Paris a anticipé cette décision en investissant dans la formation des imams sur le sol français, au sein d’une école nationale dédiée. Cette initiative permettra d’appliquer la directive présidentielle avec sérénité, en s’appuyant sur une formation adéquate qui prépare les imams à répondre aux attentes de la République.


« Comptant sur les qualités des imams de la Grande Mosquée de Paris, à l’œuvre sur tout le territoire national, j’ai cependant constaté le manque d’imams correctement formés en France et j’ai agi en conséquence. Ces dernières années, la Grande Mosquée de Paris a insufflé une nouvelle dynamique à notre formation… » a précisé le Recteur.



Un regard vers l’avenir


Avec ce nouveau siège, l’École nationale Ibn Badis ouvre une nouvelle page de son histoire. Son développement témoigne d’un engagement constant en faveur d’une formation rigoureuse, adaptée aux réalités françaises et aux attentes des fidèles.


Alors que les diplômés s’apprêtent à rejoindre leurs futures missions, une question demeure : comment cette formation pourra-t-elle encore évoluer pour répondre aux défis de demain ? A ce sujet, le Recteur a indiqué qu’au cours de sa récente visite en Egypte, il a discuté avec les responsables d’Al-Azhar, de la possibilité d’une collaboration entre les deux institutions, notamment dans le domaine de la formation. Il a également mentionné son intention de se rendre prochainement à l’Université Zitouna, en Tunisie, pour échanger sur plusieurs thématiques, y compris les opportunités de coopération en matière de formation.



*Article paru dans le n°54 de notre magazine Iqra.



 

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