
Depuis sa fondation, la Grande Mosquée de Paris entretient des liens mémoriels profonds avec l'Égypte, dont le rayonnement spirituel et intellectuel au sein du monde musulman est incontesté. Dès ses premières décennies, cette illustre institution a bénéficié du soutien constant des autorités égyptiennes, désireuses de consolider les relations entre l'Égypte et la communauté musulmane de France.
Le roi Fouad Ier est l'un des artisans de cette relation privilégiée. En octobre 1927, à l'occasion d'un voyage officiel à Paris, le souverain égyptien a été reçu par le président de la République, Gaston Doumergue. Au cours de cette visite, il s'est rendu à la Grande Mosquée de Paris, a accompli la prière du vendredi (salât al-joumouaâ), témoignant ainsi de l'importance accordée par l'Égypte à cette institution.
Nous n’avons trouvé aucune preuve archivée de cette visite, si ce n’est quelques photographies d’archives où l’on voit le roi Fouad Ier aux côtés du recteur de la Grande Mosquée de Paris, Si Kaddour Benghabrit, qui l’avait accueilli. Le témoignage le plus tangible de cette relation est le minbar de la mosquée, toujours présent dans la salle de prière, offert par le roi Fouad Ier en 1929, soit deux ans après sa visite. Gravé de son nom et de l’année de ce don, ce minbar est resté, jusqu’à ce jour, un symbole fort du lien qui unissait la mosquée et l’Égypte. Depuis près d’un siècle, les imams de la mosquée s’y succèdent, perpétuant ainsi cette relation qui dépasse le simple geste protocolaire pour s’inscrire dans une continuité historique et spirituelle.

Cet épisode marquant, témoigne de la volonté de renforcer les liens entre la Grande Mosquée de Paris et l’Égypte, et plus particulièrement avec El-Azhar Al-Sharif, afin de bénéficier de son expertise religieuse et académique reconnue. Aujourd’hui encore, cette relation se poursuit, notamment avec le projet porté par le recteur de la mosquée et président de l’Association AMMALE, visant à organiser un grand événement rassemblant chrétiens et musulmans à Paris.
L’objectif de cette initiative est de promouvoir la fraternité entre chrétiens et musulmans en Europe. Dans ce cadre, le recteur de la Grande Mosquée de Paris aura l’honneur de rencontrer le cheikh Ahmed Al-Tayeb, grand imam d’AlAzhar, un événement d’autant plus significatif qu’il fait écho à la rencontre historique entre Sa Sainteté le Pape François et le grand imam d’AlAzhar en 2019 à Abou Dhabi. Il est donc légitime de penser que le recteur cherchera à renforcer la coopération entre Al-Azhar et la Grande Mosquée de Paris, cette dernière étant un symbole religieux majeur en France.
Aujourd’hui plus que jamais, la Grande Mosquée de Paris illustre ce lien vivant et profond, véritable pont spirituel surpassant les époques et les frontières. L’Égypte, par son modèle exemplaire de coexistence entre musulmans et coptes, offre une précieuse illustration du vivre-ensemble, un idéal que la mosquée s’attache à promouvoir. Face aux défis contemporains qui appellent au dialogue interreligieux, cet héritage historique, enrichi par des initiatives actuelles, souligne avec force que la fraternité entre toutes les communautés est essentielle pour bâtir un avenir commun fondé sur la paix, la tolérance et la compréhension mutuelle.
*Article paru dans le n°53 de notre magazine Iqra.
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