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Notre mosquée (n°21) - La Grande Mosquée de Paris : berceau de la Fraternité d'Abraham

Dernière mise à jour : 17 déc. 2024



La Fraternité d'Abraham est une association française créée en 1967, dédiée à la promotion du dialogue interreligieux et la paix entre les croyants des traditions juives, chrétiennes et musulmanes. À travers l'organisation de rencontres, de conférences et la publication d'études, elle œuvre pour favoriser la compréhension mutuelle, l'échange et la coopération entre ces trois grandes religions abrahamiques, dans le respect de leurs différences et la recherche de valeurs communes.


Naissance d’une alliance spirituelle universelle


Avant la publication de « Nostra Aetate en 1965 », ce document phare du « Concile Vatican II » qui redéfinissait les relations de l'Église avec les autres traditions religieuses, le dialogue interreligieux restait largement inexistant.


C'est dans ce contexte qu'est née la Fraternité d'Abraham, portée par l'initiative conjointe d'André Chouraqui, écrivain et penseur juif, et du père Jean Daniélou, figure éminente de l'Église catholique. Leur rencontre au cours du Concile Vatican II était un moment décisif. De retour en France, ils réunissent autour d'eux des personnalités tout aussi engagées, telles que l'écrivain Jacques Nantet, le père Michel Riquet, et le Recteur Hamza Boubakeur, alors recteur de la Grande Mosquée de Paris.


Pour rappel, André Chouraqui, cofondateur de la Fraternité, reste à ce jour le seul homme à avoir traduit et commenté intégralement les textes fondamentaux des trois grandes religions monothéistes : la Bible, le Nouveau Testament et le Coran. Le Père Jean Daniélou, prêtre jésuite français et théologien renommé, était également membre de l'Académie française. Consacré évêque le 19 avril 1969, il accède au cardinalat sous Paul VI quelques jours plus tard.


Dès ses premiers pas, l’association de Fraternité d'Abraham bénéficie du soutien de figures religieuses éminentes. Jacob Kaplan, Grand Rabbin de France, Jean Courvoisier, président de la Fédération protestante de France, le cardinal Maurice Feltin, archevêque de Paris, et Chérif Lakhdari, président de la Cultuelle musulmane, rejoignent le comité de parrainage, renforçant ainsi la portée interconfessionnelle de l'association.


Le nom choisi pour cette association fait référence à Abraham, personnage rassembleur de grandes croyances et patriarche commun au judaïsme, au christianisme et à l’islam. Inspirée par son message, la Fraternité œuvre pour créer des ponts d’amitié entre croyants et promouvoir la paix et le dialogue.


Qu'ils soient descendants d’Ismaël ou de Jakob par tradition, ou héritiers spirituels comme les chrétiens, tous se reconnaissent comme fils d’Abraham.

Ainsi, comme l'affirme Saint Paul : « Ceux qui se réclament de la foi, ce sont eux les fils d’Abraham. » (L’Épître aux Galates 3 :7).


La Grande Mosquée de Paris 1967 : une "Agora" du dialogue interreligieux


En 1967, dans un contexte mondial marqué par des tensions géopolitiques, notamment la guerre des Six Jours au Proche-Orient, La Grande Mosquée de Paris est devenue le théâtre d’une initiative inédite de dialogue et de rapprochement interreligieux. C’est en son sein qu’est officiellement fondée la Fraternité d’Abraham, une association novatrice visant à tisser des liens entre les fidèles des trois grandes traditions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l’islam.


Chargée d’histoire et empreinte de spiritualité, la Grande Mosquée de Paris n’était pas choisie au hasard pour accueillir les pionniers de ce projet. Ce prestigieux lieu représentait à la fois l’héritage spirituel de l’islam en France et un espace ouvert au dialogue. Sous la direction du recteur Hamza Boubakeur, la mosquée s’est affirmée comme une Agora moderne où croyants et intellectuels des trois religions pouvaient se rencontrer, échanger et poser les bases d’un futur commun, fondé sur la compréhension mutuelle et la paix.


La création de la Fraternité d’Abraham à la Grande Mosquée de Paris ne se limitait pas à un symbole, mais elle exprimait une réponse concrète aux divisions et aux incompréhensions exacerbées par les événements mondiaux. Les initiateurs ont voulu dépasser les barrières confessionnelles pour se concentrer sur ce qui unit les croyants.


Cet esprit de collaboration et de fraternité a trouvé, plus tard, un écho dans les mots de Chems-eddine Hafiz, actuel recteur de la Grande Mosquée de Paris, qui rappelait dans son message adressé au pape François en octobre 2022 l’importance de cette initiative historique :


« En 1967, cependant que la guerre des Six Jours touchait le Proche-Orient, mon prédécesseur, le Recteur Hamza Boubakeur, aux côtés de dignes représentants catholiques et juifs, se rassemblèrent à la Grande Mosquée de Paris dans le sillage du concile afin de créer l’association “la Fraternité d’Abraham” et de préconiser l’union, la justice sociale et les valeurs de paix et de liberté. »


Ces mots traduisent l’ambition des fondateurs, qui, dans une démarche spirituelle et humaniste, se sont engagés à clarifier ce qui divise pour mieux célébrer ce qui unit :


« …en refaisant, chacun, l’étude de ce qui est la trace de la Révélation abrahamique jusqu’à nous, nous clarifierons ce qui est écorce et qui sépare, de ce qui est réel, authentique et qui doit s’effacer pour laisser la place à la Révélation de Dieu Lui- même, annonçant l’entrée dans le monde à venir. »


Aujourd’hui encore et après plus d’un demi-siècle, la Fraternité d’Abraham et la Grande Mosquée de Paris resterons des témoins vivants de cet esprit d’ouverture et de fraternité. Ce fait historique continue d’invoquer des initiatives de dialogue interreligieux à travers le monde, rappelant que la paix et l’unité sont des valeurs universelles, qui sont portées par une volonté commune pour dépasser les différences et construire un avenir planétaire paisible pour tous.



*Article paru dans le n°43 de notre magazine Iqra.



 

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