Par la Porte de la Paix « Bab Es-salam », nous vous invitons cette fois à entrer dans la Grande Mosquée de Paris et à découvrir une facette encore méconnue. Avant d’entrer dans le vif du sujet de ce numéro, commençons par la Porte de la Paix. As-Salam est l’un des plus beaux noms d’Allah, expliqué en détail dans un article de la rubrique « Les Noms et les Attributs d’Allah » du Magazine IQRA. Comme son nom l’indique, As-Salam est la clé de la sérénité que tout individu cherche à atteindre. On rentre donc à la Mosquée en toute sérénité.
Bienvenue à la Grande Mosquée de Paris
Dès que vous approchez de la rue principale, vous êtes accueilli par le majestueux minaret de la Grande Mosquée de Paris (voir l’article consacré au minaret dans la même rubrique du magazine ainsi, que l’article sur les portes). En vous approchant davantage, vous apercevez la porte en bois de l’entrée principale, ouverte grand sur ses deux battants. Avec ses sculptures raffinées et ses arabesques élégantes, elle semble tendre des bras accueillants à tous ceux qui s’avancent, que ce soit pour une visite ou pour travailler.
En franchissant la Porte de la Paix aux premières heures d’ouverture, vous êtes accueilli par Abdel-Salam. Subhan Allah, à Beb As-Salam, c’est Abdel-Salam, portant un des noms d’Allah, qui vous reçoit. Il se distingue par son sourire radieux alors qu’il se déplace dans ce lieu magnifique. Sa mission est d’en préserver la beauté et la propreté, et il y veille avec un soin particulier. Avec son chaleureux accent marocain, AbdelSalam répond inlassablement à toutes les demandes, jamais avare d’un geste d’aide. Sa serviabilité s’étend aussi bien aux employés qu’aux visiteurs. Toujours prêt à intervenir, il incarne une présence bienveillante au sein de la Grande Mosquée.
À l’accueil, Drami, Sénégalais se tient comme un repère rassurant. Cet agent, au français teinté d’un accent africain, est accompagné d’Omar, qui partage avec lui cette même intonation venue d’ailleurs. Ensemble, ils offrent un accueil empreint d’une convivialité naturelle, reflet d’une histoire que leurs voix racontent doucement.
Une mosaïque humaine au cœur de la Grande Mosquée de Paris
Une mosquée, généralement, est un lieu où les musulmans accomplissent la prière, pilier fondamental de l’Islam. Mais la Grande Mosquée de Paris est bien plus qu’un simple espace de culte. C’est une institution où le personnel et les fidèles tissent une toile d’humanité, faite de rencontres et de diversités culturelles. Ici, le nombre du personnel importe peu. Ce qui frappe, c’est cette richesse humaine et ce climat de sérénité qui transcende les confessions.
Guillaume, le responsable de la communication, partage son quotidien professionnel avec Omar. Ensemble, ils échangent des cafés, rient, et se déplacent côte à côte pour le déjeuner. Leur complicité dépasse les cadres formels, évoquant une fraternité qui semble évidente. Parmi les guides touristiques, Aya, l’aînée, rayonne par sa sagesse et sa bienveillance. D’origine sénégalaise, elle est une figure essentielle de la Mosquée, aimée et respectée de tous. Sa douceur d’âme se ressent dans chaque geste, et l’inquiétude gagne le personnel lorsqu’elle est absente pour des raisons de santé. À la cuisine, Lynda sa camarade de service veille sur elle avec une tendresse quasi maternelle. Elle connaît ses habitudes, prend soin de respecter les recommandations médicales et ne laisse rien au hasard. Leur lien, pourtant né de chemins différents, témoigne l’harmonie d’un lieu où les cœurs se rencontrent.
Sala, un Congolais (ex Zaïre), Lynda, et le jeune Aymen, un Algérien débordant d’énergie, forment, aux côtés d’Aya, une équipe de guides touristiques profondément soudée. Leur complicité et leur coordination se manifestent dans chaque instant de leur travail, reflétant une diversité qui constitue la richesse et la force de leur collaboration. La Grande Mosquée de Paris dépasse ainsi sa fonction d’édifice religieux, elle se transforme en un véritable foyer, où la diversité culturelle s’épanouit dans un climat d’entente, de respect et de solidarité. Et comment ne pas mentionner Fatima, affectueusement surnommée « Madame Propre » ? Originaire des Comores, Fatima est une figure incontournable de la mosquée. Avec sa voix vive et chaleureuse, elle illumine chaque espace qu’elle traverse. Avant même de la voir, son éclatant Salam alaykoum emplit l’air et transmet une joie contagieuse. Son énergie semble inépuisable, et son affection pour ses collègues est réciproque. Bien intégrée au sein de l’équipe, Fatima ne cesse de surprendre. En témoignage de son engagement, elle s’est même mise à apprendre l’arabe, renforçant encore davantage les liens qui l’unissent à ce lieu et à ses occupants.
Les imams de la mosquée occupent une place importante, tissant un lien humain et fraternel entre le personnel et les fidèles. En véritables guides spirituels et sociaux, ils consacrent un temps dédié à accueillir, écouter et répondre aux interrogations des fidèles, avec une approche empreinte de sagesse et de compassion. Lors des prêches du vendredi, leur discours, élaboré avec soin, est prononcé en arabe et en français, permettant ainsi de toucher une communauté multiculturelle et multilingue. Ces prêches ne se limitent pas à l’aspect religieux, ils abordent également des thèmes civiques et sociétaux, incitant les musulmans à être des citoyens exemplaires. Les imams rappellent avec force que le respect des lois de la République et l’amour pour la patrie sont des manifestations profondes de la foi, ancrées dans les enseignements de l’Islam. Par leur action, ils insufflent une vision harmonieuse d’une foi en dialogue constant avec les valeurs universelles de solidarité, de responsabilité et de cohabitation.
La Grande Mosquée de Paris est dirigée par une équipe de responsables compétents, parmi lesquels Hocine, responsable des ressources humaines. En lien direct avec les membres du personnel, il adopte une communication fluide et respectueuse. Sa délicatesse dans les interactions, comme lorsqu’il s’adresse à Aya avec un profond respect, témoigne de sa bienveillance naturelle. En parlant d’elle, il mentionne souvent qu’elle a l’âge de sa mère, reflétant ainsi une conduite empreinte des valeurs morales de l’Islam.
Quant au Directeur Général, bien que son sérieux et sa rareté à sourire puissent impressionner, il est en réalité d’un humanisme sincère. Son comportement avec le personnel se distingue par une écoute attentive et une équité exemplaire, accordant à chacun une attention égale, sans distinction. Lors des événements, il mobilise tous les membres de l’équipe, témoignant d’un esprit d’équité et de justice rare. Cette gestion, fondée sur des valeurs humaines et religieuses, fait de la Grande Mosquée de Paris un espace où respect et solidarité se conjuguent au quotidien.
Le Recteur de la Grande Mosquée de Paris mériterait sans doute un article à lui seul, tant ses activités et sa relation avec le personnel illustrent une gestion humaine et attentive. Mais laissez-moi vous confier un exemple marquant de son engagement, à chaque rentrée sociale, après le retour des congés de chacun, il organise un déjeuner convivial rassemblant tout le personnel. Ce moment privilégié permet d’échanger, de partager et d’évoquer ensemble les préoccupations de chacun dans une atmosphère chaleureuse.
Vous vous demandez peut-être, cher lecteur, comment ces liens peuvent se tisser alors que tout le monde est habituellement dispersé dans son bureau. Eh bien, à 13 h, l’heure de la pause nous réunit autour d’une table familiale dans la cuisine. Ce lieu devient alors un espace de partage, magnifié par les talents culinaires du chef Adel. Entre mets algériens et spécialités occidentales, Adel maîtrise l’art de réunir et de régaler dans une ambiance de convivialité et de bonne humeur.
Je vous ai mentionné que nous ne sommes pas très nombreux, et c’est précisément cette petite taille qui permet de cultiver une harmonie authentique au sein de notre communauté. Cet espace intime devient le creuset d’une véritable fraternité, où les relations professionnelles se transforment en relations humaines profondément sincères.
Qu’il s’agisse des bureaux remplis d’échos d’accents venus d’horizons divers, des échanges complices entre collègues, des éclats de rire, ou des efforts communs pour embellir ce joyau architectural, la Grande Mosquée de Paris exprime une harmonie profondément humaine. Ici, Congolais, Comoriens, Algériens, Marocains, Sénégalais et Français travaillent et chaque jour pour eux offre une preuve tangible que l’unité peut fleurir dans la diversité, faisant de ce lieu bien plus qu’un édifice : un véritable symbole de fraternité et de respect mutuel.
*Article paru dans le n°40 de notre magazine Iqra.
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