Située majestueusement au pied des monts Taka, dans le village éponyme collé à la cité de Kassala, la Mosquée de la Confrérie Khatmiyah est bien plus qu'un simple lieu de culte. Elle incarne l'essence même de l'identité spirituelle des Soudanais de l'Est, et elle est le joyau architectural qui témoigne de l'héritage profondément enraciné de la confrérie dans la région.
Le berceau d'une confrérie
Fondée par Mohammed Osman Al-Khatm, né à La Mecque et exilé un temps au Soudan, cette confrérie soufie, aussi appelée la Mirghaniyya, est l'une des deux plus importantes du pays. Son histoire remonte au XVIIIe siècle, lorsque Al-Khatm introduisit ses enseignements au Soudan, inspiré par sa quête spirituelle en terres arabes. La mosquée, bâtie à cette époque, reste un symbole intemporel de cette connexion spirituelle.
Le dôme de Seyyid Hassan Al-Mirghani, fils du fondateur de l'ordre, dont la notoriété dépassa celle de son père, surplombe avec majesté le bâtiment.
Ce dôme abrite l’une des caractéristiques fascinantes de la mosquée : la tombe de Sheikh Hassan Al-Mirghani, réputée pour être imperméable aux eaux de pluie malgré un trou béant au plafond.
Cette particularité, qui défie toute explication rationnelle, renforce le caractère sacré et mystique de ce lieu situé entre des monts aux formes mystérieuses et la grande vallée de la rivière Gash, dont les eaux s’écoulent jusqu’au Nil.
D’autres particularités imprègnent le lieu et ceux qui viennent y chercher bénédiction : le principal espace de prière est situé à l’extérieur, sur un carré de sable rendu immaculé, encerclé de pierres, où le fidèle doit marcher et prier pieds nus.
Une architecture reflet de son terroir
L'architecture de la mosquée est à la fois simple et élégante, avec ses colonnades et son unique minaret octogonal en briques sèches.
Construite en terre crue avec des briques de banco, la mosquée reflète non seulement les traditions locales, mais aussi l'ingéniosité des artisans qui ont façonné cet édifice. Les pilastres, les piliers de renforcement et les éléments décoratifs tels que les œufs d'autruche ajoutent une dimension unique à la structure, symbolisant la fusion harmonieuse entre l'art et la spiritualité.
Tous ces éléments témoignent non seulement de la beauté esthétique de l'édifice, mais aussi de sa robustesse et de sa résilience face aux éléments.
Un havre face aux turpitudes anciennes et contemporaines
Malgré les défis rencontrés au fil des siècles, notamment les destructions causées par les conflits, la Mosquée de la Confrérie Khatmiyah persiste comme un phare de dévotion et de résilience. Sa survie témoigne de la force de la foi et de l'engagement inébranlable de la communauté envers ses traditions spirituelles.
Aujourd’hui encore, elle n’est pas épargnée par les crises que le peuple soudanais affronte.
Elle fut jadis un point de passage des pèlerins des régions sahéliennes, sur le chemin de La Mecque. Elle se dresse désormais sur une terre qui accueille de nombreux réfugiés des différents conflits d’Afrique de l’Est.
Et pourtant, en visitant cette mosquée, les visiteurs resteront immergés dans une atmosphère de paix et de sérénité, où le sacré et le profane se rejoignent harmonieusement. Que l'on soit musulman ou non, la beauté et la spiritualité de ce lieu sacré transcendent les frontières de la croyance, invitant chacun à contempler la grandeur de l'âme humaine dans sa quête de connexion avec le divin.
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