top of page

Lumière et lieux de saints l'Islam, à la découverte des mosquées du monde (n°25) - Muhyieddin Ibn Arabi



Au pied du mont Qasioun, dans le quartier historique d'Al-Salihiya à Damas, s'élève un sanctuaire d'une splendeur inégalée : la mosquée Muhyieddin Ibn Arabi. Ce joyau de l'architecture ottomane, érigé sur les rives du fleuve Yezid, incarne la grandeur et la beauté de la civilisation musulmane de l'époque.


Un Sanctuaire de Sérénité et de Spiritualité


Lorsque le sultan Selim Ier conquit Damas, il entreprit de restaurer cette mosquée en hommage au grand mystique Ibn Arabi, dont le mausolée repose en ces lieux. Jadis modeste édifice avec une simple chaire et un mihrab, la mosquée fut transformée en un sanctuaire somptueux où l'âme trouve paix et recueillement. Selim nomma quatre muezzins et trente lecteurs pour réciter le Coran quotidiennement, faisant de ce lieu un centre spirituel d'une importance exceptionnelle.


Un Chef-d'œuvre Architectural


La mosquée Muhyieddin Ibn Arabi est un véritable chef-d'œuvre de l'architecture ottomane, conçu par le talentueux architecte Shihabeddin Ibn al-Attar. La cour spacieuse, pavée de marbre coloré et de pierres blanches et jaunes, invite à la contemplation. Une fontaine gracieuse trône en son centre, apportant une fraîcheur bienvenue aux fidèles et visiteurs.


À l'ouest, une galerie majestueuse repose sur quatre arches imposantes, offrant un refuge ombragé. Au sud, la salle de prière, soutenue par cinq arches et quatre colonnes, se distingue par son mihrab en bois simple mais élégant, son plafond en bois et ses murs ornés de céramiques et de marbres finement gravés.


Le Minaret et les Inscriptions


La mosquée est dotée d'un minaret exceptionnel, considéré comme le modèle de l'époque ottomane. Construit par le sultan Selim Ier en 929 de l'Hégire, ce minaret se distingue par son art ornemental exquis, faisant de lui l'un des plus beaux de Damas. À l'entrée principale, une porte massive en pierre porte une inscription commémorative : « Louange à Dieu, ce noble édifice a été ordonné par l'Imam suprême, roi des Arabes et des non-Arabes, le noble Sultan Selim, fils du Sultan Bayezid. »


Le Mausolée d'Ibn Arabi


Un escalier en pierre dans le coin sud-est mène au mausolée d'Ibn Arabi. Cette salle rectangulaire, magnifiquement décorée de céramiques et d'ornements, abrite les tombes du grand cheikh et de ses deux fils, Imad al-Din et Saad al-Din. Les tombes, entourées d'une grille en argent finement travaillée, reposent sous un dôme lisse et pointu, percé de douze fenêtres cintrées, laissant filtrer une lumière douce et apaisante.



La Tekke et le Quartier


En face de la mosquée, une tekke (hospice) accueillait autrefois les pauvres, offrant un refuge aux hommes et aux femmes dans le besoin, ainsi qu'un grand réfectoire et une boulangerie pour subvenir aux besoins des fidèles, particulièrement durant le mois sacré de Ramadhan. Le quartier environnant, animé et populaire, abrite également un marché vibrant où les habitants se rassemblent chaque vendredi.


Ibn Arabi : Le Soufi Érudit


Ibn Arabi, de son nom complet Abou Bakr Muhammad Ibn Ali al-Tai, surnommé Muhyieddin, est né à Murcie, en Andalousie, en 560 de l'Hégire. Descendant de la noble lignée de Hatim al-Tai, il a voyagé à travers le monde musulman, partageant son savoir et ses enseignements spirituels. Ses œuvres, dont les célèbres "Futuhat al-Makkiyya" (Les Illuminations de La Mecque) et "Fusus al-Hikam" (Les Gemmes de la Sagesse), ont marqué l'histoire de la pensée soufie et continuent d'inspirer des générations de chercheurs et de mystiques.


Enfin, la mosquée Muhyieddin Ibn Arabi n'est pas seulement un lieu de culte, mais un symbole de l'héritage spirituel et architectural de Damas. Elle rappelle la richesse de la tradition musulmane et l'influence durable d'Ibn Arabi, dont les enseignements transcendent les siècles. En visitant ce sanctuaire, on plonge dans une atmosphère de dévotion et de beauté, où chaque pierre raconte une histoire de foi et de dévotion éternelle.



*Article paru dans le n°25 de notre magazine Iqra.



 

À LIRE AUSSI : 

bottom of page