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Lumière et lieux saints de l'Islam, à la découverte des mosquées du monde (n°57) - La grande mosquée du Sultan Qabous



Il est des pierres qui prient, des coupoles qui élèvent, et des jardins qui murmurent à l’oreille de l’humanité la sagesse des peuples paisibles. Au cœur de Mascate, la capitale lumineuse du Sultanat d’Oman, s’élève un joyau d’Islam et de beauté : la Grande Mosquée du Sultan Qabous. Ce n’est pas seulement un édifice, mais une halte d’éternité ; un lieu où l’esprit se prosterne autant que le corps, et où chaque détail, de la mosaïque la plus discrète à la plus haute des coupoles, témoigne d’une foi enracinée dans la paix, la raison et l’harmonie. Érigée en l’an 2001 à l’occasion du trentième anniversaire de l’accession au trône du défunt Sultan Qabous – que Dieu lui accorde Sa miséricorde –, cette mosquée fut pensée comme un centre de rayonnement spirituel, une lumière née d’Oman pour éclairer les chemins de l’humanité. Sur une superficie majestueuse de 416 000 mètres carrés, elle peut accueillir plus de 20 000 fidèles, réunis sous la coupole céleste, ou rassemblés dans les jardins qui l’enlacent, comme autant de versets vivants appelant à la contemplation.


Un langage de beauté qui parle au divin


L’architecture de la mosquée n’est pas une simple prouesse humaine : elle est prière sculptée dans la pierre, invocation silencieuse offerte à Celui qui a enseigné la plume et l’harmonie. Conçue selon un plan carré, elle est dominée par une coupole centrale s’élevant à 50 mètres, entourée de cinq minarets qui symbolisent les cinq piliers de l’islam – autant de doigts tendus vers le ciel, témoins muets et majestueux de la foi.


Le tapis de prière, tissé d’une seule pièce, est le deuxième plus grand au monde. Avec ses 1,7 milliard de nœuds, ses 21 tonnes de laine et soie, et sa confection manuelle par 600 artisanes, il embrasse le sol comme le ferait un océan de recueillement, préparant l’âme à l’intimité de la prière. Au-dessus, la grande coupole scintille d’un lustre de 14 mètres de hauteur, paré de 600 000 cristaux Swarovski et de feuilles d’or 24 carats. Lumière suspendue entre ciel et terre, il éclaire le cœur autant que la pierre.


Les mosaïques colorées, les arcs ogivaux, les plafonds en bois ciselé, les colonnes en marbre et faïence émaillée racontent l’histoire de l’Islam dans sa splendeur civilisatrice : andalouse, persane, maghrébine, moghole… Tout ici évoque l’universalité du message islamique, non comme domination, mais comme paix offerte à qui cherche la Vérité.



Un lieu où le savoir s’incline devant la sagesse


Mais cette mosquée ne se contente pas de réunir les fidèles pour la prière. Elle porte un message, elle proclame une mission. En son sein, un centre de présentation de l’islam a été fondé, destiné à accueillir chaque jour des centaines de visiteurs, croyants ou non, curieux, chercheurs de sens ou simples passants. Inspirée par le hadith prophétique « Si tu venais au peuple d’Oman, ils ne t’insulteraient point, ne te frapperaient point », la Grande Mosquée est devenue un havre de dialogue spirituel.


Ce centre, animé par des bénévoles omanais parlant plus de 17 langues, ne fait pas du prosélytisme. Il présente l’islam dans sa vérité la plus pure : comme soumission paisible à Dieu, reconnaissance de l’Unicité, continuité des messages révélés depuis Adam jusqu’au Prophète Mohamed (paix sur lui), et confirmation ultime par le Coran des Livres antérieurs. Plus de 500 personnes ont prononcé la Shahada en 2023 après leur visite, souvent dans un climat de larmes, de silence bouleversé, de redécouverte de l’âme. Et des milliers d’autres sont repartis transformés, réconciliés avec une foi qu’ils croyaient étrangère.


Une diplomatie du cœur, un islam de l’intellect


Dans un monde souvent en proie aux clameurs des extrêmes, la Grande Mosquée du Sultan Qabous chuchote. Elle ne conquiert pas, elle invite. Elle ne polémique pas, elle explique. Elle ne divise pas, elle rassemble. Par sa douceur, son savoir, sa beauté et son accueil, elle est devenue un pilier de la puissance douce d’Oman, au service d’une diplomatie enracinée dans la justice, la paix et l’authenticité.



Le Sultan Qabous – que Dieu lui fasse miséricorde – voulait que ce lieu soit l’âme d’un islam éclairé, un islam qui honore la raison, valorise l’accueil, cultive la connaissance et restaure la dignité humaine. Son vœu est exaucé chaque jour, dans les pas des milliers de visiteurs qui foulent ses allées fleuries, dans les regards levés vers la coupole, dans les mains qui se tendent sans crainte ni rancune, dans les langues qui se délient pour dire enfin : "Nous étions ignorants. Aujourd’hui, nous comprenons."


Un lieu pour le présent, un legs pour l’éternité


Celui qui entre dans la Grande Mosquée du Sultan Qabous ne visite pas un monument ; il pénètre un monde, un univers où l’art est prière, où l’accueil est acte de foi, et où chaque pierre témoigne de ce que peut l’homme quand il élève son œuvre vers Dieu. Ô toi qui passes, fais halte. Écoute le silence des mosaïques. Laisse ton cœur entendre ce que l’oreille ne perçoit pas. Car dans ce sanctuaire, l’islam ne se proclame pas : il se ressent.




*article paru dans le n°60 de notre magazine Iqra.



                         

 

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