Dans la majestueuse cité de Kairouan, première métropole de l’islam dans le Maghreb, s’élève la mosquée Oqba Ibn Nafi, sanctuaire historique et joyau de l’architecture musulmane. Ce monument, fondé par le général Oqba Ibn Nafi en l’an 670 (50 de l’Hégire), incarne l’essor spirituel, scientifique et culturel de l’islam en Afrique du Nord. Kairouan, surnommée la « Quatrième des trois saintes » après La Mecque, Médine et Jérusalem, doit son éclat à cette mosquée, berceau de savoir et de piété.
Un centre de foi et de savoir
La Grande Mosquée de Kairouan a été au cœur de la diffusion de l’islam vers l’Afrique subsaharienne et l’Andalousie. C’est ici que fut fondée l’école juridique de Kairouan, qui donna naissance à la prestigieuse Université Zitouna à Tunis, la plus ancienne institution universitaire au monde à l’enseignement ininterrompu. Ce foyer de connaissances inspira également la fondation de l’Université Al-Qarawiyyin à Fès par Fatima Al-Fihriya, originaire de Kairouan. Au fil des siècles, la mosquée a accueilli de nombreux érudits, poètes, juristes, médecins et astronomes. Elle est souvent comparée à la Maison de la Sagesse de Baghdad à l’époque abbasside, tant son influence rayonna dans le monde musulman.
Une mosquée-musée : chef-d’œuvre d’art et d’histoire
La mosquée Oqba Ibn Nafi est un véritable musée vivant, où chaque pierre raconte l’histoire d’une civilisation. Ses caractéristiques architecturales uniques en font l’une des plus impressionnantes mosquées du monde islamique. Avec ses six dômes, ses colonnes en marbre et son vaste espace de prière, elle se distingue par une esthétique raffinée et une grandeur imposante. Le minbar de la mosquée, fabriqué en bois sculpté, au IIIᵉ siècle de l’Hégire, est le plus ancien du monde islamique. Il s’agit d’une œuvre d’art unique, témoignant du savoir-faire artisanal de l’époque. La maqsura, datant du Vᵉ siècle de l’Hégire, conserve ses ornements d’origine et figure parmi les plus anciennes structures de ce type.
Le minaret de la mosquée, construit sous les Aghlabides, est une prouesse architecturale qui domine l’horizon de Kairouan. Avec ses 31,5 mètres de hauteur, il est le plus ancien du monde islamique et un symbole de la ville. Sa forme carrée, s’affinant vers le sommet, et son dôme élégant en font une icône incontournable. Des répliques miniatures, prisées par les touristes, rappellent l’importance de ce monument dans l’identité tunisienne.
L’architecture de la mosquée reflète une synthèse unique d’influences carthaginoises, romaines et islamiques. Les colonnes et chapiteaux récupérés des ruines antiques s’harmonisent avec des arcs majestueux et des motifs géométriques, témoignant de la transition d’une culture visuelle figurative vers une ornementation purement abstraite. Les murs, ornés de calligraphies arabes, confèrent à la mosquée une beauté intemporelle.
L’héritage des Aghlabides : un Âge d’Or
Sous les Aghlabides, Kairouan devint la capitale d’un État indépendant du califat abbasside, et la Grande Mosquée en fut le cœur spirituel. Les dômes, les portiques et les ornements qui datent de cette époque reflètent la prospérité et la sophistication de cette dynastie. C’est également à cette époque que la mosquée acquit son apparence actuelle, qui inspire encore l’émerveillement des visiteurs du monde entier.
la Grande Mosquée en fut le cœur spirituel. Les dômes, les portiques et les ornements qui datent de cette époque reflètent la prospérité et la sophistication de cette dynastie. C’est également à cette époque que la mosquée acquit son apparence actuelle, qui inspire encore l’émerveillement des visiteurs du monde entier.
La mosquée Oqba Ibn Nafi est bien plus qu’un lieu de culte. Elle est une forteresse spirituelle, une œuvre d’art incomparable où chaque détail
– les portes sculptées, les carreaux du sol, les ornements des murs et même l’horloge solaire.
– illustre le génie architectural et la dévotion des bâtisseurs. Avec ses dimensions impressionnantes et son harmonie parfaite, elle incarne la grandeur de l’islam à son apogée.
La Grande Mosquée de Kairouan est le témoin vivant de l’histoire glorieuse du Maghreb islamique. Sanctuaire sacré, centre de savoir et joyau architectural, elle continue d’attirer les fidèles et les visiteurs, fascinés par son aura spirituelle et son raffinement esthétique. Que ce phare de lumière et de connaissance continue de briller pour les générations à venir, rappelant à tous la richesse d’un patrimoine ancré dans la foi et la culture.
*Article paru dans le n°44 de notre magazine Iqra.
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