En ce lieu béni, dans l’ombre de la citadelle imposante de Tripoli, s’élève la noble Mosquée Al-Mansouri Al-Kabir, érigée par la volonté divine sous la conduite des descendants du vaillant sultan mamelouk Al-Mansur Qalawun. Ce sanctuaire sacré, dont la première pierre fut posée en l'an 693 de l’Hégire (1294 de l'ère chrétienne), a vu le jour dans les bras de cette terre libanaise, marquant le triomphe de la foi musulmane après la libération de Tripoli des Croisés.
Une architecture émanant de la pureté de la foi
Cette mosquée, dont l’âme rayonne de piété, se distingue par son architecture sobre et majestueuse, inspirée des plus hauts principes de l’art musulman. À son entrée principale, gravées dans la pierre, des inscriptions en Naskh louent le Très-Haut et commémorent la construction ordonnée par Al-Ashraf Khalil, fils d’Al-Mansur, qui en 1294 fit ériger cette demeure du culte, témoignage vivant de la ferveur religieuse de son peuple.
Là où s'élevait autrefois une église croisée, la mosquée Al-Mansouri s’imposa, rayonnante de la lumière d'Allah, transformant ce lieu en un havre pour les croyants. Le clocher de l’ancienne église, par un acte de sagesse, fut préservé et devint le minaret de ce sanctuaire, symbole de la conversion de ces terres à l’islam. Le minaret carré, rappelant les tours clochers lombardes, s’élève aujourd’hui en un hommage silencieux à l’unité des civilisations sous l’étendard de la foi.
Un refuge spirituel
La cour intérieure, cœur battant de la mosquée, est entourée de portiques élégants, dont les arcades sont ornées de voûtes croisées, refuge de l’âme avant la prière. Une fontaine d’ablutions, couverte d’un dôme discret, invite les fidèles à purifier leur corps avant d’entrer en présence du Très-Haut. La salle de prière, située du côté de la qibla, est un espace solennel, où les croyants se tiennent en rangs serrés pour implorer la miséricorde de leur Seigneur.
L’intérieur de la salle est dominé par trois mihrabs finement décorés et un minbar en bois sculpté, témoin de l'excellence de l'artisanat musulman. Les motifs géométriques qui ornent le minbar et la porte rappellent la symétrie divine, manifestée à travers chaque détail, chaque courbe.
Un lieu d’érudition et de savoir
Mais la mosquée Al-Mansouri ne se limite pas à être un lieu de culte. Elle abrite également plusieurs madrasas, centres d'érudition où l'on enseigne la parole divine et les traditions prophétiques. Ces institutions ont formé des générations de savants, dédiés à l'étude des sciences religieuses, faisant de Tripoli un phare du savoir dans le monde musulman. Les tombeaux des bienfaiteurs de ces écoles, telles que la célèbre madrasa al-Qartawiyya, sont intégrés dans le complexe de la mosquée, symbolisant l'union de la connaissance et de la dévotion.
Une relique prophétique
Dans une salle adjacente, soigneusement conservée sous verre, repose une relique précieuse : un cheveu du noble Prophète Mohamed (paix et bénédiction d'Allah sur lui). Ce trésor, offert à la ville par le sultan ottoman Abdülhamid II en signe de gratitude, est révéré chaque année lors des cérémonies de Ramadhan. Le souffle du Prophète, par cette relique, continue de résonner dans le cœur des fidèles qui affluent vers ce sanctuaire pour honorer la mémoire de l'Envoyé d'Allah.
La Mosquée Al-Mansouri Al-Kabir est bien plus qu’un monument historique. C’est un sanctuaire où se rencontrent l’histoire, la foi et la culture musulmane, un témoignage vivant de la gloire de l’islam à Tripoli. Ses murs, élevés dans la prière et la piété, continuent d’abriter l’âme des croyants, dans un lien indéfectible avec les générations qui ont passé et celles qui viendront, toutes unies par l’amour du Divin. Que cette mosquée reste à jamais un phare de lumière, guidant les âmes vers le Très-Haut.
*Article paru dans le n°35 de notre magazine Iqra.
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