La majestueuse mosquée omeyyade d’Alep, aussi connue sous les noms de « Mosquée des Omeyyades » ou « Grande Mosquée d’Alep », se dresse fièrement comme l'un des édifices religieux les plus anciens de la Syrie musulmane. Fondée en l'an 706 sous le règne du calife omeyyade Sulaiman ibn Abd al-Malik, elle a traversé les épreuves du temps, des invasions mongoles aux guerres contemporaines. Les murs de cette mosquée, empreints de piété et de savoir, se dressent aujourd'hui dans le quartier historique d’Al-Jalloum, au cœur de la vieille ville d’Alep.
Sa place dans le patrimoine mondial est incontestable, tant et si bien que, depuis 1986, la mosquée omeyyade est inscrite sur la liste des sites du patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce lieu saint renferme un trésor d'une immense valeur spirituelle : une relique du prophète Zakariya, paix sur lui, le père de Jean le Baptiste, dans la tradition chrétienne. Cette relique, soigneusement gardée, attire à elle les cœurs des croyants, emplis d'admiration et de ferveur.
Une histoire millénaire
Construite à l'origine sur des terres qui étaient autrefois une cathédrale chrétienne, la première mosquée fut érigée sous le calife omeyyade al-Walid ibn Abd al-Malik en 715 et achevée sous son frère Sulaiman en 717. Sa conception s’inspire fortement de la grande mosquée omeyyade de Damas, témoignant d'un style architectural musulman précoce et sophistiqué. Bien que son édification remonte au VIIIe siècle, la mosquée actuelle doit en grande partie son apparence aux restaurations et transformations des XIe et XIVe siècles.
La structure de la mosquée s'étend aujourd'hui sur 105 mètres de long et 77,75 mètres de large, abritant un vaste espace de prière, des portiques, des galeries et un grand minaret, hélas détruit en 2013 lors des combats qui ont ravagé la ville. Ce minaret, construit en 1090, était une merveille architecturale, élevé à environ quarante-cinq mètres, orné de délicates inscriptions coufiques et de motifs finement ciselés, rappelant le riche héritage méditerranéen.
La Cour et les Portails
L'enceinte sacrée de la mosquée s'ouvre sur une cour spacieuse, bordée de trois portiques. Le sol de cette cour est recouvert de marbre aux motifs géométriques, noirs et jaunes, héritage de l’ère ottomane. Les fidèles et visiteurs peuvent y accéder par quatre portes distinctes : la porte nord près du minaret, la porte ouest donnant sur la rue alMassamiriyya, la porte Est s’ouvrant sur le marché des mouchoirs, et la porte sud menant au marché des chaudronniers.
De la destruction à la restauration
La mosquée a subi de nombreux assauts au fil des siècles. Elle a été brûlée en 1159 puis restaurée par le sultan Nour ad-Dîn Zengi. Cependant, en 1260, l'armée mongole la démolit à nouveau, laissant les souverains mamelouks la reconstruire et l'embellir, ajoutant des gravures coufiques et ornant son minaret de riches décorations.
Le sultan mamelouk al-Mansur Qala’un remplaça le minbar incendié en 1285, mais c’est le minbar actuel qui fut placé sous le règne du sultan al-Nasir Mohamed ibn Qala’un. Ce dernier, fait de bois finement sculpté, témoigne d’une maîtrise artisanale et d'une esthétique raffinée, constituant un jumeau du célèbre minbar de la mosquée al-Aqsa à Jérusalem. Lorsque la guerre éclata en Syrie en 2011, la mosquée et ses environs furent une nouvelle fois touchés. La destruction, hélas, n'épargna ni les marchés couverts alentour, ni l'enceinte sacrée elle-même. En 2013, le minaret s'effondra sous l'impact des combats, emportant avec lui une part inestimable du patrimoine architectural musulman.
Les efforts de restauration
Dans l'effort de restaurer ce joyau d’Alep, plusieurs organismes se sont mobilisés. L'institution Aga Khan, en partenariat avec des experts locaux et internationaux, supervise actuellement la reconstruction de la mosquée et des marchés alentour. Des historiens, ingénieurs et érudits locaux travaillent ensemble pour restaurer le monument dans sa splendeur d'antan.
Des comités spécialisés ont minutieusement numéroté chaque pierre effondrée afin de les replacer avec exactitude lors des travaux de restauration. Leur objectif est de reconstruire la mosquée, et notamment son minaret, selon les plans originels seldjoukides du XIe siècle, rendant ainsi hommage à la grandeur passée de cet édifice.
Un sanctuaire de piété et d’histoire
La Grande Mosquée des Omeyyades d’Alep demeure un témoignage éloquent de l’histoire musulmane et de la richesse du patrimoine syrien. Malgré les vicissitudes et les épreuves, elle continue d’incarner un lieu de recueillement et de mémoire, un refuge spirituel où les fidèles viennent prier, méditer, et renouer avec les traces de leur passé glorieux. Que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur cette mosquée, sanctuaire d’histoire et de foi, et que sa restauration puisse rendre à Alep une partie de sa grandeur.
*Article paru dans le n°34 de notre magazine Iqra.
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