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Le Hadith de la semaine (n°56) - Le jeûne des six jours de Chawwal



Une gratitude après l'accomplissement de la grâce,

une continuité dans le chemin de l'obéissance


D'après Abi Ayoub Al-Ansari qu'Allah soit satisfait de lui, Le Messager d’Allah a dit :


« Celui qui jeûne le mois de Ramadhan puis le fait suivre par six jours de Chawwal, c’est comme s’il avait jeûné toute l’année. »

Rapporté par Muslim, hadith n°1164


Dans le contexte du voyage spirituel et des moments de proximité divine vécus par le musulman durant Ramadhan, le mois de Chawwal survient comme un prolongement de cette saison bénie, et non comme sa conclusion. Il appelle en effet à une nouvelle obéissance : le jeûne de six jours. Non pas une obligation, mais une sunna grandiose parmi les traditions prophétiques ﷺ.


Cependant, malgré l’authenticité de ce hadith, l’Imam Malik (qu’Allah lui fasse miséricorde) exprima une certaine réticence envers ce jeûne. Non par rejet du hadith, mais par crainte qu’on suppose ce jeûne obligatoire, ou qu’on le considère comme un complément du jeûne de Ramadhan – surtout si les gens le pratiquaient collectivement ou publiquement. Il s’appuyait également sur l’absence de cette pratique parmi les gens de Médine, un principe fondateur de son école, l’école Malikite, ce qui l’amena à ne pas l’encourager.


Toutefois, cette réticence chez l’Imam Malik n’était pas absolue. Elle reposait sur une raison précise : la crainte de la confusion parmi les gens du commun, qui pourraient croire que les six jours de Chawwal font partie de Ramadhan ou sont obligatoires comme lui. Si cette crainte disparaît, la raison de la réticence s’évanouit, et la réticence elle-même aussi, car les jugements religieux sont liés à leurs causes, qu’elles soient présentes ou absentes.


Certains savants malikites ont souligné ce point, expliquant que la réticence ne provenait pas d’une opposition à la Sunna, mais de la peur de l’innovation (bid’a) et de la confusion. Si le risque de trouble disparaît, la réticence n’a plus lieu d’être, d’autant plus que le hadith authentique en souligne les mérites. Ainsi, dans les milieux où les sunnas sont bien comprises, où la distinction entre obligations et actes surérogatoires est claire, et où l’on ne considère pas les six jours de Chawwal comme faisant partie de Ramadhan, ou comme obligatoires, le jeûne de ces jours n’est plus déconseillé. Au contraire, il est recommandé, conformément à la Sunna authentique et explicite.


Toutefois, celui qui connaît les mérites de ce jeûne et qui a foi en l’authenticité du hadith se trouve dans un bienfait immense. En effet, jeûner les six jours de Chawwal ne relève pas d’une simple habitude post-Ramadhan ; c’est une véritable voie vers la gratitude. Par cet acte, le croyant témoigne de sa reconnaissance envers Allah qui lui a permis d’accomplir le jeûne du mois sacré, et il affirme sa volonté sincère de persévérer dans l’obéissance, sans s’arrêter à la seule fin de Ramadhan.


Quelle beauté que de voir le croyant enchaîner les actes d’adoration, passant d’une obéissance à une autre, d’une saison de bienfaits à de nouvelles portes de récompenses ! En jeûnant ces six jours, il obtient une récompense équivalente à un jeûne perpétuel, car chaque bonne action est multipliée par dix. Ainsi, Ramadhan équivaut à dix mois, et les six jours, à deux mois, ce qui complète une année entière. Ce jeûne comporte également une autre sagesse profonde : celle de combler les lacunes potentielles du jeûne de Ramadhan.


Qui parmi nous peut affirmer avoir jeûné Ramadhan à la perfection ? Combien d’imperfections, de négligences ou de manquements ont pu survenir ? Les six jours de Chawwal viennent, à l’image des actes surérogatoires, parfaire les obligations : ils comblent les manquements éventuels et réparent les insuffisances. Jeûner ces jours est également un signe de l’acceptation du jeûne de Ramadhan. En effet, lorsque le serviteur est guidé vers une obéissance qui en suit une autre, c’est, par la permission d’Allah, l’annonce d’une bonne nouvelle : son premier acte a été agréé, et une nouvelle voie s’ouvre devant lui. Que de personnes ont jeûné Ramadhan, puis sont retombées dans l’insouciance sitôt le mois achevé ! Et que de cœurs, au contraire, ont conclu ce mois avec ardeur, tournés vers Allah, persévérant dans les bonnes œuvres — parmi lesquelles, le jeûne de ces six jours figure en bonne place.


N’oublions pas que la gratitude envers les bienfaits se manifeste par les actes, et non par les paroles seulement. Parmi les plus grandes grâces figure le pardon des péchés, promis par Allah, aux jeûneurs de Ramadhan. Ne devrions nous pas Le remercier pour cette immense faveur ? Le Prophète veillait en prière jusqu’à ce que ses pieds enflent. On lui demanda : « Pourquoi te fatiguer ainsi, alors qu’Allah t’a pardonné tes péchés passés et futurs ?» Sa réponse fut éloquente : « Ne devrais-je pas être un serviteur reconnaissant ? »


Le jeûne des six jours de Chawwal n’a pas à être accompli de manière consécutive. Le croyant peut les répartir selon ses capacités, que ce soit au début, au milieu ou à la fin du mois. L’essentiel est qu’ils soient jeûnés durant Chawwal, avec une intention sincère et le désir profond de se rapprocher d’Allah. Une question revient fréquemment, notamment de la part des femmes ayant manqué des jours de jeûne de Ramadhan du fait des menstrues : est-il permis de jeûner les six jours de Chawwal avant de rattraper les jours manqués ? La réponse, selon l’avis majoritaire des savants, est affirmative. Cela est autorisé sans réserve selon l’école hanafite, et permis, bien que de manière réticente, selon les écoles malikite et chaféite.


L’avis le plus solide est qu’il n’y a pas de mal à le faire, car le rattrapage est flexible, tandis que le jeûne des six jours de Chawwal, s’il est retardé, risque de ne plus être accompli à temps, faisant perdre son mérite. Les preuves à ce sujet sont nombreuses, mais cet espace ne permet pas de les détailler. Par Sa miséricorde, Allah a facilité cette œuvre surérogatoire, sans y imposer de contrainte ni de difficulté, laissant la porte grande ouverte afin que personne ne s’en prive sous prétexte de voyage, maladie ou occupation.


En conclusion, le jeûne des six jours de Chawwal n’est pas qu’un acte d’adoration saisonnier. Il est une prolongation de l’esprit de Ramadhan, une invitation à persévérer dans le bien, et une incitation pour le croyant à ne pas s’arrêter à un stade précis de l’obéissance, mais à poursuivre son chemin, pas à pas, jusqu’à rencontrer son Seigneur avec Sa satisfaction.



*Article paru dans le n°60 de notre magazine Iqra.


 

 

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