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Le Hadith de la semaine (n°52) - La miséricorde du Prophète ﷺ envers sa communauté lors de la prière de Tarawih



Selon ‘Aïcha (qu’Allah l’agrée), celle-ci rapporta que le Messager d’Allah sortit au milieu de la nuit et pria dans la mosquée. Alors des hommes vinrent prier derrière lui. Au matin, les gens en parlèrent, et le nombre de fidèles rejoignant le Prophète dans la prière augmenta la nuit suivante. De nouveau, au matin, la nouvelle se répandit, et la troisième nuit, la mosquée fut encore plus remplie. Le Prophète sortit alors et pria avec eux. Lors de la quatrième nuit, la mosquée était si pleine qu’elle ne pouvait contenir tous les fidèles, mais cette fois, le Messager d’Allah ne sortit pas vers eux. Au matin, il leur dit :


« J’ai bien vu ce que vous avez fait, mais ce qui m’a empêché de sortir vers vous, c’est ma crainte que cette prière ne devienne une obligation pour vous. »

RAPPORTÉ PAR AL-BOUKHARI, HADITH N°2012,

ET PAR MOUSLIM, HADITH N°761


Ce noble hadith met en lumière l’une des grandes manifestations de la miséricorde du Prophète envers sa communauté. Il était soucieux de l’adoration et désirait encourager ses compagnons à s’y adonner. Cependant, il craignait qu’elle ne devienne une obligation pour eux, leur rendant son accomplissement difficile. C’est pourquoi, après avoir constaté leur assiduité à prier derrière lui, il s’abstint de sortir vers eux.


Ce hadith souligne ainsi que la prière nocturne du mois de Ramadhan (Qiyam) est légiférée en groupe, comme le Prophète l’a pratiquée lors des premières nuits. Toutefois, il s’en est abstenu par crainte qu’elle ne devienne une contrainte pour les croyants, illustrant ainsi l’équilibre de la législation islamique entre l’encouragement à l’adoration et la volonté d’alléger les charges pour les fidèles.


L’abstention du Prophète   de persévérer dans la prière de Tarawih en groupe met en évidence un principe juridique fondamental : « Prévenir les nuisances prime sur la recherche des bienfaits ». En renonçant à cette prière en groupe, il craignait qu’elle ne devienne une obligation, ce qui montre que l’allègement des charges pour les fidèles était l’une de ses priorités dans la législation. Ce principe est demeuré au sein de la communauté, indiquant que toute pratique susceptible d’entraîner une croyance erronée ou une difficulté insurmontable doit, par sagesse, être abandonnée ou restreinte.


Cependant, après le décès du Prophète  et la stabilisation de la législation, les Compagnons décidèrent de réorganiser la prière de Tarawih. À l’époque d’Abou Bakr As-Siddiq (qu’Allah l’agrée), les fidèles l’accomplissaient individuellement ou en petits groupes dispersés. Puis, sous le califat de ‘Omar ibn AlKhattab (qu’Allah l’agrée), celui-ci jugea préférable de les rassembler sous l’autorité d’un seul imam. Il les regroupa alors derrière Ubayy ibn Ka‘b (qu’Allah l’agrée) et déclara : « Quelle excellente innovation que celle-ci ! » (Rapporté par Al-Boukhari, hadith n°2010). Abd Ar-Rahman ibn ‘Abd Al-Qari rapporte à ce sujet : « Une nuit de Ramadhan, je sortis avec ‘Omar ibn Al-Khattab (qu’Allah l’agrée) en direction de la mosquée. Nous y trouvâmes les gens priant de manière dispersée : l’un priait seul, tandis qu’un autre dirigeait un petit groupe. ‘Omar dit alors : "Si je les réunissais derrière un seul récitant, ce serait bien plus approprié." Il prit donc la décision de les rassembler derrière Ubayy ibn Ka‘b. » (Rapporté par Al-Boukhari).


Cela démontre que les pratiques que le Prophète n’a pas interdites, mais qu’il a délaissées en raison d’une circonstance particulière, peuvent être reprises une fois que la raison de leur abandon disparaît. En effet, si le Prophète s’était abstenu d’accomplir la prière de Tarawih en groupe par crainte qu’elle ne devienne obligatoire, cette crainte s’étant dissipée après son décès, les Compagnons s’accordèrent unanimement à la rétablir. Cet événement illustre de grandes leçons sur la jurisprudence des priorités, montrant comment le Prophète veillait à encourager les gens au bien sans leur imposer une charge excessive. Il met également en lumière la souplesse de la législation islamique et l’équilibre entre l’incitation aux bonnes œuvres et la prise en compte des réalités concrètes. C’est cet équilibre qui fait de l’Islam une religion adaptée à toutes les époques et à tous les lieux, tenant compte des capacités des individus et les guidant vers le bien avec douceur et miséricorde.


La prière de Tarawih demeure l’un des actes d’adoration les plus méritoires par lesquels le serviteur se rapproche de son Seigneur durant le mois de Ramadhan.


Le Prophète a dit : « Celui qui accomplit la prière nocturne durant Ramadhan avec foi et en quête de la récompense divine, ses péchés antérieurs lui seront pardonnés. » (Rapporté par Al-Boukhari, hadith n°37, et Mouslim, hadith n°759).


Le croyant soucieux de son adoration s’efforce de l’accomplir autant que possible, notamment en raison de la grande récompense promise à celui qui la prie entièrement avec l’imam. Le Prophète a dit : « Celui qui prie avec l’imam jusqu’à ce qu’il termine, il lui est inscrit la récompense d’une nuit entière de prière. » (Rapporté par At-Tirmidhi, hadith n°806). C’est une occasion précieuse pour obtenir le pardon des péchés, élever son rang et se rapprocher d’Allah, exalté soit-Il. Efforçonsnous donc de la saisir pleinement, en gardant à l’esprit que Sa miséricorde précède Sa colère et qu’Il ne veut pour nous que la facilité, comme Il le dit dans le Coran « Allah veut pour vous la facilité et ne veut pas pour vous la difficulté. » (Sourate Al-Baqara, verset 185).



*Article paru dans le n°56 de notre magazine Iqra.



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