top of page

Le Hadith de la semaine (n°42) - L’examen de conscience : "Al-Mouhasaba" entre le perspicace et l'incapable



D'après Abû Ya’ lâ Shaddâd ibn Aws (qu’Allah l’agrée), le Prophète (que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui) a dit :


« Le perspicace est celui qui se remet en question et œuvre pour après la mort suit la mort, tandis que l’incapable est celui qui suit ses passions et nourrit des espoirs illusoires envers Allah. »


Relaté par At-Tirmidhi, qui a dit : Hadith bon


Ce noble hadith contient une grande exhortation adressée au croyant, en tout temps, à procéder à un examen de conscience et à une remise en question. Cette invitation trouve une résonance particulière lors des périodes de transition entre une année qui s’achève et une autre qui débute. Alors que les individus s’efforcent d’évaluer les accomplissements du passé et de planifier l’avenir, ces paroles prophétiques viennent servir de catalyseur pour une introspection sincère, une évaluation de soi et un engagement envers des actions garantissant la réussite ici-bas et dans l’au-delà.


Dans ce noble propos du Prophète (que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui), l’expression "le perspicace" désigne une personne avisée et prévoyante, qui sait tirer profit des opportunités et se montre prudente pour ne pas laisser les jours s’écouler en vain. L’expression "celui qui se remet en question" fait référence à celui qui évalue ses propres actions, examine ses devoirs accomplis et les interdictions qu’il a évitées. Il cherche à corriger ses manquements et se repent lorsqu’il commet une erreur.


L’expression "œuvre pour après la mort" signifie qu’il se prépare pour l’au-delà, car la vie terrestre n’est qu’une étape éphémère, tandis que l’éternité réside dans l’au-delà.


Enfin, l’expression "l’incapable" désigne celui qui se laisse dominer par ses passions, néglige les actes d’adoration et commet des interdits, tout en nourrissant des espoirs illusoires envers Allah, sans entreprendre de réel changement dans sa vie.


Ainsi, l'homme avisé, le perspicace, est celui qui rend des comptes à lui-même, mesurant l’importance de chaque instant de sa vie. Au début d'une nouvelle année, il réfléchit à ce qu'il a accompli l'année précédente et à ce qu'il n'a pas pu réaliser. Il se confronte à lui-même, examine ses actions, se demande : ont-elles été sincères envers Dieu ? Ont-elles été conformes à la vérité et à la droiture ? Il se prépare pour l'année à venir afin d'éviter les erreurs passées et de viser le meilleur. Allah le Tout-Puissant dit: « Ô vous qui croyez, craignez Allah et que chaque âme examine ce qu'elle a avancé pour demain. Craignez Allah. » (Al-Hashr : 18). Ainsi, ce verset nous invite à rendre compte à Allah, SWT, et ceux qui nous entourent, à corriger nos erreurs, à en tirer des leçons, à fixer des objectifs pour ce que l'avenir nous réserve, afin de nous rapprocher de la satisfaction du Créateur, exalté soit-il, en suivant un plan pratique et réaliste.


Quant à l'incapable, celui qui cède à ses désirs, et place ses espoirs en Allah, il est, comme le décrit le hadith, dans une ignorance de sa véritable nature et de l'objectif pour lequel il a été créé. Au début de la nouvelle année, certains se retrouvent immergés dans des rêves et des aspirations, mais sans entreprendre les actions nécessaires pour les réaliser. Ils répètent des phrases telles que : « Je commencerai le mois prochain » ou « Je vais m'améliorer l'année prochaine », sans prendre aucune initiative concrète. Les aspirations seules ne changent pas la réalité ; l'homme a besoin d'effort, de sérieux et de persévérance. Comme Allah le dit dans Son Noble Livre : « Et les vaines espérances les trompèrent. » (Mohamed : 25).


Ainsi, lorsque l'homme pense qu'il obtiendra le Paradis ou transformera sa vie pour le mieux, simplement par des aspirations sans action, il se trouve dans une illusion trompeuse.


Le repentir et la réflexion exprimés dans ce hadith nous rappellent les paroles d'Omar ibn al-Khattab, qu'Allah soit satisfait de lui : « Jugez vous vous-mêmes avant d'être jugés, évaluez-vous avant d'être évalués, embellissez-vous pour le grand défilé. » En particulier, alors que nous sommes à un moment de transition qui nous permet de nous arrêter et de réfléchir sur nos vies pour ajuster notre trajectoire. Dans cette époque où tout s'accélère, il est facile de se laisser absorber par les activités quotidiennes sans considérer notre objectif ultime dans l'au-delà. Cependant, le début d'une nouvelle année est une occasion de méditation profonde et de nouvelle planification qui atteint l'équilibre entre notre vie présente et notre vie future.


De même, nous rappelons un autre hadith fondamental sur ce sujet, prononcé par le Prophète (que la paix et les bénédictions d'Allah soient sur lui) : « Profitez de cinq choses avant cinq autres : votre jeunesse avant votre vieillesse, votre santé avant votre maladie, votre richesse avant votre pauvreté, votre temps libre avant votre occupation, et votre vie avant votre mort. » Ce hadith dessine clairement une carte pour exploiter les moments et en tirer profit. Au début de l'année, beaucoup commencent à définir de nouveaux objectifs, mais ont-ils pris en compte que le temps est limité ? Ont-ils correctement défini leurs priorités ? Sachant que la vie, la santé, la richesse, le temps libre sont des bénédictions éphémères, il est impératif de les utiliser dans des actions qui nous rapprochent d'Allah, le Tout-Puissant.


Les pieux prédécesseurs vivaient selon le principe constant d'auto-examen. Al-Hassan alBasri, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Le croyant se tient sur ses gardes envers lui-même, il la met en question devant Allah. Certes, le jugement sera léger le Jour de la Résurrection pour ceux qui ont jugé leurs âmes en ce monde, alors que le jugement sera pénible pour ceux qui ont abordé cette affaire sans auto-examen. » Ces paroles doivent être écrites en lettres d'or, car elles constituent un appel sincère des prédécesseurs à l'auto-évaluation et à une planification continue qui ne cesse jamais dans cette vie où les fins marquent des débuts et les débuts, des fins.


Il est ici question d'un point très important : malgré ce que nous avons mentionné des principes de l'auto-évaluation et de leur mise en avant, il ne faut pas les percevoir uniquement comme un focus sur les erreurs et les défauts. Au contraire, il s'agit aussi d'une évaluation positive des succès réalisés.


Comme Allah, exalté soit-il, l'a dit dans le hadith qudsi : « Ô Mes serviteurs, ce ne sont que vos actions que Je compte pour vous, puis Je vous les rendrai intégralement. Celui qui trouve du bien, qu'il loue Allah, et celui qui trouve autre chose, qu'il ne s'en prenne qu'à lui-même. » (Rapporté par Mouslim). Cela invite le serviteur à réexaminer ses actions vertueuses et à remercier Allah pour elles, trouvant ainsi en luimême la motivation pour persévérer. De même, si des lacunes sont identifiées, les réviser devient un puissant moteur pour améliorer ses performances à l'avenir.


Ainsi, le début de l'année représente une occasion cruciale de renouveler notre engagement envers Allah, de réévaluer nos objectifs et nos aspirations. L'auto-évaluation est le début du chemin vers le succès, le développement et la réforme. Elle construit la personnalité forte et droite du musulman qui chemine sur la voie juste.



*Article paru dans le n°46 de notre magazine Iqra.



 

LIRE AUSSI :

Comments


bottom of page