
À l'approche de la nuit du doute, quand les cœurs vibrent dans l'attente du dernier croissant lunaire, la Grande Mosquée de Paris devient l’épicentre de la communauté musulmane. C'est là que la foi se nourrit et que les âmes s'élèvent. Dans ces derniers jours empreints de piété, les murs sacrés résonnent des récitations du Coran, portées par les voix pures des jeunes, ces héritiers d'une tradition séculaire, qui offrent leur souffle et leur cœur à la Parole divine.
Le concours de récitation organisé en ces nuits bénies est bien plus qu'un simple événement. Il incarne l'attachement à une transmission spirituelle qui dépasse les générations. Sous les regards émus des fidèles, ces jeunes deviennent les gardiens de la lumière coranique, leurs voix s'élevant comme une prière collective, un lien vivant entre le passé et l'avenir. Pour eux, réciter le Coran dans la Grande Mosquée de Paris, ce joyau de l'histoire musulmane en France, est un honneur et une responsabilité. C'est un acte de foi montrant que l'islam en France est enraciné et vivant. Chaque verset récité est une offrande, chaque souffle un témoignage de foi, mais aussi d'attachement à cette terre qui est la leur.
La Nuit du Destin, ou Laylat al-Qadr, est le joyau des dernières nuits du Ramadan. C'est en cette nuit bénie que le Coran fut révélé, marquant ainsi le commencement d'une lumière divine pour l'humanité. À la Grande Mosquée de Paris, cette nuit revêt une dimension spirituelle et sociale exceptionnelle. Les fidèles affluent, emplis d'une ferveur rare, cherchant la miséricorde et le pardon dans des prières prolongées et des invocations silencieuses. Au-delà de la quête individuelle, la Nuit du Destin devient aussi un moment de communion collective, où les barrières tombent et où les âmes se rapprochent dans un élan de fraternité et de dévotion. La mosquée se fait alors sanctuaire de lumière et de partage, rappelant que dans le tumulte du monde, il existe encore des instants suspendus, où le Divin s'invite dans le cœur des hommes.
En cette période de spiritualité, la Grande Mosquée de Paris est aussi le théâtre de la solidarité. Les repas de rupture du jeûne, distribués avec soin et générosité, rappellent que le Ramadan est aussi une école de la compassion et de l’altruisme. Chaque assiette tendue, chaque sourire échangé, tisse un lien de fraternité qui transcende les origines et les différences. C'est dans ces gestes simples que se lit la véritable essence de l'islam : la miséricorde, la bienveillance, et le souci des plus démunis. Dans le contexte français actuel, marqué parfois par des tensions et des incompréhensions, ces moments de solidarité sont des ponts jetés vers l'autre, des preuves silencieuses d'une citoyenneté engagée et solidaire.

Le Ramadan, devenu un fait social marquant en France, atteste de l’existence pleine et respectable des musulmans dans la société. Ces moments de partage et de prière font désormais partie du paysage culturel, une empreinte discrète mais profonde de l'identité musulmane dans la cité. Loin d'être repliée, la communauté se montre ouverte, solidaire, participant activement au tissu social. La lumière du Ramadan éclaire bien au-delà des minarets. Et la Grande Mosquée de Paris, par ses initiatives, devient un phare d'ouverture, où la foi s'accorde avec le vivre-ensemble.
Cette année, un symbole fort unit les enfants des trois monothéismes. Juifs, chrétiens et musulmans voient leurs célébrations respectives s'entrelacer dans un même temps sacré. Une coïncidence bénie, rappelant que malgré les chemins distincts, les âmes cherchent le même horizon : la paix, l'élévation et la proximité avec le Divin. Trois jeûnes, porteurs de ces traditions millénaires, deviennent les témoins d'une fraternité silencieuse mais profonde, où la foi, dans sa diversité, rapproche les cœurs. Ces jeunes incarnent l'espoir d'une génération consciente de ses racines et ouverte à l'autre, bâtissant les fondations d'une société plus unie.
Dans cette dernière ligne droite du Ramadan, que chaque nuit soit une quête de lumière, chaque aube un espoir renouvelé. Que le jeûne ne soit pas seulement une épreuve de privation, mais une école de purification, de dépassement et d'humanité. Que la mosquée demeure ce sanctuaire d'espérance et de partage, où chaque fidèle trouve refuge et inspiration.
« Ô Seigneur, en cette nuit du doute, éclaire nos cœurs,
renforce nos liens et fais de nos prières une offrande sincère vers Ton agrément. »
À Paris, le 17 mars 2025
Chems-eddine Hafiz
Recteur de la Grande Mosquée de Paris
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