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Le billet du Recteur (n°32) - La paix, une œuvre humaine à portée de main



La paix. Un mot si court, si simple en apparence, mais chargé d’histoire, de douleur, et de promesses inachevées. Elle est à la fois un idéal, une quête et une nécessité. Pourtant, bien souvent, elle semble échapper aux sociétés humaines, comme si son obtention ne pouvait être que temporaire, une fragile accalmie avant le retour inévitable des conflits. Mais il n’en est rien. La paix est là, sous nos yeux, à portée de main, si nous acceptons de la voir, de la vouloir vraiment.

 

Il y a, dans chaque société, des moments où les tensions montent, où les lignes de fracture semblent irréconciliables. Pourtant, dans ces mêmes sociétés, la paix demeure possible. Elle n’est ni un état immuable ni une simple absence de guerre. Elle est une construction quotidienne, une marche incessante vers l’autre. La paix n’est pas donnée ; elle se mérite, elle se bâtit à travers le dialogue, la compréhension mutuelle, et surtout l’effort constant d’écouter les voix qui nous sont étrangères.

 

J’aimerais revenir sur la Communauté de Sant’Egidio, cette organisation dédiée à l’action humanitaire et à la réconciliation, qui organise ces jours-ci, à Paris, un grand rassemblement pour la paix.

 

À l’image de cette communauté, nous sommes invités à dépasser les clivages, à tendre la main à ceux que l’on considère souvent comme « les autres ». Les pauvres, les démunis, les oubliés de nos sociétés modernes ne sont pas seulement des victimes ; ils sont aussi des témoins silencieux de notre capacité, ou de notre incapacité, à faire de la paix une réalité quotidienne. C’est là que réside un premier point crucial : la paix n’est pas seulement une idée abstraite, un concept philosophique. Elle se vit, se pratique, s’incarne dans des gestes concrets.

 

La paix commence par l’écoute, par cet effort d’ouvrir son esprit et son cœur aux récits qui ne sont pas les nôtres. « En faisant l’effort de comprendre les croyances et les pratiques qui ne sont pas les nôtres », disait le Nostra aetate du Concile Vatican 2, nous enrichissons notre propre spiritualité. Cette idée est au cœur de l’œuvre de la paix : elle ne consiste pas simplement à éviter le conflit, mais à accueillir l’altérité, à reconnaître la dignité de l’autre, à nourrir une curiosité bienveillante envers ce qui nous est étranger.

 

Dans un monde où les malentendus et les manipulations semblent l’emporter, où la polarisation des opinions et des identités divise les sociétés, ce message est d’une importance capitale. Nous sommes à une époque où les forces qui cherchent à nous diviser sont puissantes. Ce constat est amer, mais nécessaire : il ne s’agit pas de nier les difficultés, mais de les affronter avec lucidité.

 

Et pourtant, au milieu de cette complexité, il y a un espoir. Un espoir qui réside dans le dialogue, dans la fraternité, dans la rencontre de l’autre. « Le dialogue résiste », grâce à ceux qui, loin des projecteurs, œuvrent pour recoudre les déchirures de nos sociétés. Ces anonymes, souvent invisibles, sont les véritables artisans de la paix. Ils sont convaincus que tout peut être réparé, que le monde peut changer, que l’idéal de la paix peut être sauvé. Ce sont eux qui, au quotidien, construisent cette paix silencieuse, mais réelle.

 

L’une des vérités essentielles : la paix ne peut être imposée de l’extérieur, elle doit commencer par soi-même. La citation d’un maître soufi résonne avec une grande clarté : « Le cœur en paix est le plus grand trésor ». La paix intérieure précède la paix extérieure. Ce n’est que lorsque nous avons pacifié nos propres âmes, nos propres tempêtes intérieures, que nous pouvons véritablement œuvrer pour la paix autour de nous.

 

La paix devient alors une éthique de vie, une manière d’être au monde. Elle se construit patiemment, à travers des gestes d’humilité, de bienveillance, de générosité. Elle se vit dans la relation à l’autre, dans cette capacité à protéger les plus vulnérables, à écouter sans jugement, à agir pour le bien commun. Ce sont ces valeurs que la Communauté de Sant’Egidio incarne.

 

Mais au-delà de l’action humanitaire, il y a une autre dimension à la paix, une dimension spirituelle profonde. J’ai une intuition fondamentale : les religions, bien qu’elles aient souvent été détournées à des fins de division, sont en réalité des sources de paix, de miséricorde et de fraternité. Loin d’être des causes de violence, elles sont des appels constants à l’unité, à la réconciliation, à l’amour du prochain.

 

Les croyances religieuses, qu’elles soient musulmanes, chrétiennes ou d’une autre tradition, convergent vers ce même idéal : une humanité réconciliée, une communauté fraternelle où chacun est reconnu dans sa dignité. Ce n’est pas un vœu pieux, mais une nécessité vitale pour les temps troublés que nous traversons.

 

La paix n’est pas un vain mot. Elle n’est pas un luxe réservé aux périodes d’abondance. Elle est un besoin fondamental, une exigence éthique, une quête qui ne s’arrête jamais. Que ce soit à Gaza, dans les rues de Paris ou dans les villages reculés du monde, le chemin vers la paix est semé d’embûches. Mais il est aussi pavé de rencontres, de dialogues, de gestes d’amour et de fraternité.

 

Et c’est cela que nous devons retenir : la paix n’est pas seulement l’affaire des grands de ce monde, des dirigeants ou des institutions. Elle est entre nos mains, dans chaque relation, chaque échange, chaque geste de solidarité. C’est une construction quotidienne, lente, parfois fragile, mais toujours possible.

 

Au-delà de la prière, j’ai une conviction profonde : la paix est une œuvre humaine, que chacun, croyant ou non, peut et doit contribuer à bâtir. Elle n’est ni un rêve ni une utopie, mais une réalité à portée de main, si seulement nous avons le courage de la saisir.



À Paris, le 23 septembre 2024


Chems-eddine Hafiz

Recteur de la Grande Mosquée de Paris



 



 

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