Le monde en 2024 semble pris dans un engrenage où les contradictions éclatent comme des coups de tonnerre. L’humanité, aveuglée par ses ambitions démesurées, semble s’égarer dans des luttes stériles, tandis que les véritables urgences demeurent ignorées. Si je devais m’inspirer du Monde Diplomatique, l’état actuel est celui d’un déséquilibre tragique où les puissants orchestrent leur danse macabre sur le dos des peuples.
Regardez le Proche-Orient, ravagé par des décennies de conflits inextricables. La guerre contre Gaza perdure, sans horizon de paix. Les négociations, éternellement suspendues à des promesses creuses, laissent place à une violence insoutenable. Tandis qu’Israël continue ses assauts et que le Hezbollah menace de répondre, les grandes puissances, Washington en tête, manœuvrent en coulisses pour éviter un embrasement total. Pourtant, l'issue semble tragiquement inéluctable : les civils continuent de payer le prix du cynisme politique, et le cycle de la haine se renforce, jour après jour… Nos voix restent inaudibles et nos indignations n’y changent rien.
Aux États-Unis, le retour en force de Donald Trump exacerbe les fractures d’un pays déjà à bout de souffle. Malgré les critiques, les scandales, et même les tentatives d’attentat, l’homme persiste et se présente à nouveau comme le porte-voix des masses oubliées, nourri par une rhétorique populiste qui divise et envenime. Le Parti républicain, totalement soumis, le célèbre comme un héros triomphal. Ce culte de la personnalité, si familier à l’histoire des dictateurs, s’installe dans une démocratie vacillante, où les véritables enjeux sociaux et environnementaux sont balayés au profit de querelles égocentriques.
Mais au-delà de ces conflits visibles, d'autres spectres hantent le monde : celui de la misère sociale et du désespoir croissant des peuples. En Espagne, par exemple, les côtes méditerranéennes se transforment en maisons de retraite pour les riches d’Europe du Nord, tandis que les populations locales s'enfoncent dans une précarité économique insoutenable.
Le Royaume-Uni, traditionnel bastion de la stabilité politique en Europe, se retrouve à son tour ébranlé par des émeutes d'une violence inédite. Une situation qui témoigne de fractures sociales encore plus profondes que celles que les débats des élections européennes en France ont dévoilées dans notre pays. Les récentes émeutes xénophobes qui ont secoué certaines villes britanniques ne peuvent être comprises sans évoquer la détresse d'une classe ouvrière démolie par des années de désindustrialisation et d'oubli. Derrière la montée des tensions raciales et identitaires, se cache une souffrance économique et sociale qui ne cesse de croître. Les zones industrielles laissées à l'abandon, la précarité de l'emploi, et l’isolement ont créé un terreau fertile pour l'expression d’une colère brutale. Cette classe ouvrière, jadis pilier de la nation britannique, se sentant trahie, dépossédée, a trouvé dans l'immigration un bouc émissaire facile, alimentant ainsi la spirale de violence et de division. De l’autre côté, il est important de saluer la réaction de la communauté musulmane qui, face à l'extrême droite, a décidé de combattre la violence par la loi, notamment à Birmingham. La deuxième plus grande ville du Royaume-Uni compte plus d'un million d'habitants, dont une importante communauté musulmane.
Autre actualité : l’urgence écologique, quant à elle, n’est plus une question d’avenir mais de survie immédiate. Le climat se dérègle, les catastrophes s’enchaînent, et pourtant, les actions concrètes restent anecdotiques. Face à cet horizon incertain, certains désespérés se tournent vers des tactiques de sabotage, cherchant à éveiller les consciences là où les moyens traditionnels ont échoué. Mais ces actes, bien qu’empreints de colère légitime, ne suffisent pas à freiner la machine destructrice qui nous entraîne vers un précipice…
On peut donc conclure qu’en 2024, le monde n’a pas connu de trêve estivale, continuant à vaciller sous le poids des luttes de pouvoir et des tensions politiques. Cependant, derrière ces mouvements chaotiques, un espoir persiste, porté par ceux qui refusent de céder à l’inertie du désespoir et croient encore en un avenir meilleur.
Malgré les tensions persistantes et la gravité du contexte international, une certaine sérénité semble régner en ce début de rentrée. Les familles, bien que confrontées à des défis économiques, ont retrouvé le chemin de l’école dans un climat plus apaisé que l’an passé. L’heure n’est plus aux polémiques stériles sur des cas marginaux, mais à la construction d’un avenir commun.
En ce début du mois de septembre, aussi, les yeux du monde entier ont brillé devant les exploits époustouflants des athlètes paralympiques. J’ai eu le bonheur d’aller à leur rencontre au village olympique, de saluer leur courage et leur humilité hors du commun. À la Grande Mosquée de Paris, j’ai reçu avec un immense plaisir la délégation algérienne – la plus médaillée du continent africain – au moment où de nombreuses aspirations positives continuent de guider le pays, avec la réélection du Président Abdelmadjid Tebboune.
Alors, à l’occasion de cette rentrée, permettez-moi de vous convier à un rêve, car le rêve a été le point de départ de chaque progrès que l’humanité a réalisé tout au long de son histoire. Rêvons ensemble d’une France qui avance avec optimisme, où chaque citoyen trouve sa place, quelle que soit son origine ou ses croyances.
La rentrée 2024 se fait sous le signe d’un espoir renouvelé. Travaillons ensemble à bâtir une société plus juste, solidaire et prospère. Ensemble, levons-nous pour relever les défis qui nous attendent et construire la France de demain, main dans la main.
Bonne rentrée à tous.
À Paris, le 9 septembre 2024
Chems-eddine Hafiz
Recteur de la Grande Mosquée de Paris
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