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Focus sur une actualité (n°39) - Migration : des chiffres en baise, mais des défis persistants pour l'Europe



En 2024, l’Union européenne a enregistré une baisse notable des traversées irrégulières à ses frontières extérieures, marquant un recul de 38 % par rapport à l’année précédente. Ces chiffres, révélés par Frontex, témoignent des efforts collectifs pour maîtriser des flux migratoires souvent dramatiques. Pourtant, derrière ces données encourageantes se dessinent de nouvelles réalités complexes qui interrogent la capacité de l’Europe à conjuguer humanité et gestion des frontières.


Une baisse significative sur certains itinéraires


Deux routes migratoires emblématiques ont vu leurs chiffres chuter. La Méditerranée centrale, souvent pointée comme un corridor majeur vers l’Europe, a enregistré une diminution de 59 % des détections. Cette baisse s’explique par une réduction des départs depuis la Tunisie et la Libye, conséquence directe des coopérations renforcées avec ces pays. Dans les Balkans occidentaux, une baisse encore plus drastique de 78 % illustre l’efficacité des mesures régionales visant à contrôler les passages.


Pour autant, d’autres routes montrent des augmentations alarmantes. La Méditerranée orientale a vu une hausse de 14 %, avec l’ouverture de nouveaux corridors à partir de l’est de la Libye. Les Îles Canaries, quant à elles, ont accueilli près de 47 000 migrants en 2024, un record depuis 2009. Cette augmentation de 18 % révèle les efforts renouvelés des passeurs pour trouver de nouvelles routes, notamment depuis la Mauritanie.


Une réalité humaine dramatique


Les chiffres de Frontex, bien que précieux pour cerner les tendances, ne peuvent à eux seuls refléter les drames humains qui jalonnent ces routes. En 2024, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime que 2 300 personnes ont perdu la vie en mer. Ces tragédies rappellent que, derrière chaque statistique, se cache un parcours de souffrance et d’espoir souvent brisé.


L’augmentation de la proportion de femmes et de mineurs parmi les migrants irréguliers ajoute à l’urgence de la situation. En 2024, les femmes représentaient 10 % des arrivées, tandis que la part des mineurs est passée de 13 % à 16 %. Ces chiffres soulignent la vulnérabilité croissante des populations migrantes et posent la question de leur prise en charge.


Entre solidarité et protection des frontières


Face à cette situation, l’Europe est appelée à réévaluer ses politiques migratoires. Si les coopérations internationales ont permis de réduire les flux sur certaines routes, elles doivent être accompagnées d’un renforcement des voies légales d’accès. La protection des frontières ne peut se faire au détriment de la dignité humaine.


Hans Leijtens, directeur de Frontex, insiste sur la nécessité d’une approche souple et adaptative : « Chaque année, nous faisons face à des défis uniques à nos frontières. La réduction des traversées irrégulières en 2024 est une avancée, mais de nouveaux risques émergent sans cesse. »


Une responsabilité collective


La réduction des traversées irrégulières est une bonne nouvelle, mais elle ne saurait masquer les causes profondes des migrations : conflits, pauvreté, inégalités et changement climatique. L’Europe, forte de son histoire et de ses valeurs, doit s’engager pleinement dans une gestion solidaire et durable des migrations.


Derrière chaque frontière se dresse un visage, une vie, un destin. Les chiffres de 2024 rappellent que l’humanité ne saurait être reléguée au second plan, même face aux défis immenses d’un monde en mouvement.



*Article paru dans le n°48 de notre magazine Iqra.




 

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