Une question terminologique
La prière (as-salat) dans la langue arabe désigne l’invocation (ad-dou’a), selon Al Qadhi ‘Iyadh, et ceci est l’avis de la plupart des linguistes et des jurisconsultes. La corrélation existant entre la prière et l’invocation vient du fait que cette dernière fait partie de la prière.
Dans la terminologie religieuse, la prière désigne un ensemble de paroles et d’actes qui débute par le takbir (le fait de dire Allahou akbar) et se conclue par le taslim (la salutation finale) avec la présence de l’intention.
Une obligation
Chaque musulman, musulmane, est tenu d’effectuer cinq prières obligatoires par jour à partir du moment où il est pubère, et en pleine possession de ses facultés mentales. Ceci est confirmé par ce hadith rapporté par Aïsha : “La prière ne s’impose pas à trois catégories de personnes : celui qui dort jusqu’au moment de son réveil; l’enfant tant qu’il n’a pas atteint sa puberté; le fou jusqu’à ce qu’il recouvre la raison”. La femme ayant ses menstrues ou ses lochies en est aussi exempté.
Il existe de nombreux versets coraniques qui enjoignent aux musulmans d’effectuer cinq prières régulières quotidiennement et qui prouvent son importance comme : “Accomplissez assidûment vos prières aux heures fixées ainsi que la prière médiane et levez-vous pieusement devant Dieu” (Coran, 2/238-239) ; “Heureux sont les croyants qui prient humblement… qui prient aux heures fixes ! Ce sont eux les héritiers du Paradis; ils y demeureront éternellement.”(Coran, 23/1,2,9 à 11) ; “Accomplissez la prière et acquittez-vous de l’aumône !” (Coran, 2/110) ; “Prospérera celui qui se purifie, se rappelle le nom de son Seigneur et prie.” (Coran, 86/14-15) ; “Fais que j’accomplisse la prière et qu’une partie de mes descendants l’accomplissent également ! Seigneur, agrée mon invocation !” (Coran, 19/40) ; “Récite ce qui t’est révélé du Livre et accomplis la prière. Certes la prière empêche la turpitude et le mal” (Coran 29/45).
L’institution des cinq prières
Un “subterfuge” doit être expliqué pour enlever toute ambiguïté entre le verset coranique qui mentionne le nombre de prières quotidiennes et la tradition prophétique.
On trouve en effet le verset 78 de la sourate 17, où Allah dit : “Accomplis la prière (As-Salât) au déclin du soleil jusqu'à l'obscurité de la nuit, et [fais] aussi la Lecture (du Coran) à l'aube, car la Lecture (du Coran) à l'aube a des témoins.”
Avec une lecture littérale du verset, on trouve le nombre de trois prières. Il faut alors savoir qu’il y a eu une progression dans les rites sacrés, y compris dans la progression dans l’accomplissement du devoir de la prière. Ibn Hajar, que Dieu lui fasse miséricorde, a déclaré : " Avant l'Ascension, il n'y avait pas de prière obligatoire à l'exception de la prière de nuit qui n'était pas spécifiquement définie. Al-Harbi soutenait qu'elle consistait en deux unités au lever du jour et deux unités au crépuscule. Al-Shafi'i affirmait que la prière de nuit était obligatoire avant d'être abrogée, laissant place à la prière obligatoire qui consistait à se lever une partie de la nuit, puis ultérieurement, les cinq prières obligatoires furent instaurées."
Les cinq prières obligatoires furent ainsi établies la nuit de l'Ascension, comme mentionné dans le verset : "Observe la prière depuis le déclin du soleil jusqu'à l'obscurité de la nuit, et [la récitation] du Coran à l'aube. Certes, la récitation du Coran à l'aube est attestée." (Coran, 17:78)
Il apparaît évident que l'institution de la prière s'est déroulée en trois étapes : La première étape fut l'institution de la prière de nuit, suivie de son abrogation. La deuxième étape fut la prière de deux unités au lever du jour et deux unités au crépuscule. La troisième étape fut l'établissement des cinq prières obligatoires la nuit de l'Ascension.
Cette progression souligne la nature graduelle de l'institution de la prière, qui constitue chronologiquement la première obligation religieuse, et qui, de fait, est la seule obligation instaurée à La Mecque.
(à suivre...)
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