Dans son dernier numéro, largement diffusé, la revue Front Populaire publie une longue conversation entre Michel Onfray et Michel Houellebecq, dans lequel ce dernier déclare :
« Des gens s’arment. Ils se procurent des fusils, prennent des cours dans les stands de tir. Et ce ne sont pas des têtes brûlées. Quand des territoires entiers seront sous contrôle islamique, je pense que des actes de résistance auront lieu. Il y aura des attentats et des fusillades dans des mosquées, dans des cafés fréquentés par les musulmans, bref des Bataclan à l’envers ».
« Le souhait de la population française de souche, comme on dit, ce n’est pas que les musulmans s’assimilent, mais qu’ils cessent de les voler et de les agresser. Ou bien, autre solution, qu’ils s’en aillent ».
Ces phrases lapidaires de Michel Houellebecq sont inacceptables et d’une brutalité sidérante. Elles ne visent pas à éclairer un quelconque débat public mais à attiser les discours discriminatoires, et les actes.
Il légitime comme un fait acquis une opposition essentielle entre « les musulmans » et « les Français de souche », pour dire que les musulmans ne seront jamais de vrais Français, et qu’il faut s’en méfier au plus haut point, car ils veulent détruire l’unité du pays. Pour lui, « les musulmans » sont irrécupérables, du fait de leur religion, et la seule chose qu’il faut obtenir, c’est qu’ils arrêtent de voler et d’agresser les Français, ou à défaut de les voir partir.
Or, comme vient de le juger la Cour européenne des droits de l’homme dans « l’affaire Zemmour » (Arrêt du 20 décembre 2022), la lutte contre toutes les discriminations est un devoir, car elles entretiennent les stéréotypes négatifs et destructeurs de la vie sociale.
La Grande Mosquée de Paris rappelle que, dans une société démocratique, la loi permet la critique des religions, et elle accepte totalement ce débat, dans lequel chacun peut apporter la contradiction.
Dans le cas présent cependant, il s’agit d’un appel au rejet et à l’exclusion de la composante musulmane dans son ensemble. Aussi le débat n’est plus possible, et c’est maintenant la stricte application de loi qu’il y a lieu de demander.
Dans ces conditions, la Grande Mosquée de Paris a donc décidé de déposer plainte devant Monsieur le Procureur de la République de Paris pour ces propos qu’elle présume comme étant une provocation à la haine contre les musulmans.
Dans un État de droit, le recours au juge est le moyen normal de débattre en citoyen des violations de la loi, et c’est ce droit qu’exerce la Grande Mosquée de Paris, en s’appuyant sur les jurisprudences rendues pour toutes les religions.
Michel Houellebecq affirme que les musulmans ne sont pas de vrais Français. Les musulmans lui donnent rendez-vous devant le tribunal correctionnel pour lui opposer ce que dit le droit.
Chems-eddine HAFIZ
Recteur de la Grande Mosquée de Paris
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